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DIABOLIQUE, adj.
A.− Qui est propre au diable, qui tient du diable. Pouvoirs diaboliques, puissances diaboliques. Anton. divin.On s'imagine trop volontiers que l'occultisme du Moyen Âge est avant tout diabolique (Maeterlinck, Gd secret,1921, p. 217).Il [Byron] reconnaissait l'existence, autour de lui, de forces divines et diaboliques (Maurois, Byron,t. 2, 1930, p. 81).
Emploi subst. à valeur de neutre. Ce qui est de la nature du diable. Toute vie religieuse gravite autour de deux pôles contraires, entre lesquels il y a la même opposition qu'entre (...) le divin et le diabolique (Durkheim, Formes élém. vie relig.,1912, p. 586).
1. Qui est une manifestation des pouvoirs du diable. Tentation diabolique. Il était en train de devenir fou, ou plutôt possédé, d'une possession diabolique (Montherl., Démon bien,1937, p. 1303):
1. La même force de mort, issue de l'enfer, la haine vigilante et caressante qui prodigue aux riches et aux puissants les mille ressources de ses diaboliques séductions, ne peut guère s'emparer que par surprise du misérable, ... Bernanos, Nouvelle Histoire de Mouchette,1937, p. 1343.
2. Qui est possédé du diable. Ils étaient persuadés (...) qu'elle voyait des diables; l'évêque, le vice-inquisiteur et les assesseurs (...) furent unanimes à la déclarer hérétique et diabolique (France, J. d'Arc,t. 1, 1908, p. LV).Emploi subst. Une source glacée, qui connaît un renom tel que de partout les diaboliques accourent (La Varende, Centaure de Dieu,1938, p. 146).
Rem. On rencontre ds la docum. diabolicisme, subst. masc. Qualité d'un être diabolique. Elle [madame de Bonnivet] avait le bonheur d'en découvrir un [Octave] (...) et cet être rebelle était parfait, car sa conduite morale se trouvait strictement honnête, aucun soupçon d'intérêt personnel ne venait attaquer la pureté de son diabolicisme (Stendhal, Armance, 1827, p. 72).
B.− Qui rappelle le diable.
1. Qui rappelle les attributs physiques prêtés au diable. Une expression diabolique; des traits diaboliques. Un sourire d'une méchanceté diabolique crispait les coins de sa bouche (Gautier, Fracasse,1863, p. 419).Il [Marc Ribert] portait une longue chevelure qui, (...), formait une pointe diabolique sur son front (France, Vie fleur,1922, p. 375).
2. Qui rappelle les attributs moraux, les pouvoirs prêtés au diable; qui est digne du diable.
a) [P. réf. aux pouvoirs magiques du diable] Une apparition diabolique. On aurait dit [Vailland] un vieillard régénéré par un philtre diabolique (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 260):
2. ... l'un [des docteurs] assura que la fille était morte entre ses bras et qu'elle était restée sans respiration jusqu'à l'aube, l'autre a reconnu qu'il avait fait sur elle des passes diaboliques, (...), qui avaient eu pour effet de la ranimer brusquement... Jouve, La Scène capitale,1935, p. 165.
b) [P. réf. aux facultés supranaturelles du diable] Imagination, ingéniosité, intelligence, lucidité, prévoyance diabolique. Votre diabolique patience finirait par user le diamant (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 907).
c) [P. réf. à la malignité, la méchanceté, la perversité du diable] Cette espèce de malignité diabolique qui agite les événements d'ici-bas (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 248):
3. Pierrelet (...) cherchait querelle aux Bourguignons. Le chanoine lui représentait souvent qu'un tel esprit était pernicieux et vraiment diabolique... France, Clio,1900, p. 142.
SYNT. Malice, méchanceté, perfidie diabolique; joie, plaisir diabolique; piège diabolique; avoir des idées diaboliques; faire des projets diaboliques.
Emploi subst. Personne qui a la perversité du diable :
4. C'est (...) la femme perverse, celle que M. Barbey d'Aurevilly appelle la diabolique, curieuse et dangereuse créature qui s'empare de l'homme à la manière d'une possession et le conduit par les chemins coupables au déshonneur et à la mort. Bourget, Nouv. Essais de psychol. contemp.,1885, p. 244.
Spéc. [P. réf. à la ruse calculée du diable] Qui est extrêmement difficile, compliqué. Engin, invention, machination diabolique. Je me suis fait faire une opération diabolique mais dont le succès a été heureux (Staël, Lettres jeun.,1790, p. 417).J'ai entendu dire à tous les gens de lettres que leur métier était diabolique, qu'il leur faut arracher leur besogne (Delacroix, Journal,1852, p. 448).
d) [Avec l'idée dominante d'énergie, de vivacité, d'activité débordante, cf. diable1I C 3 c α] Agilité, énergie diabolique. Je faisais tout d'abord un bond diabolique, puis je partais comme un trait (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 103).Et la voiture rebondit emportée par un petit cheval noir, fou, diabolique, qui semble courir à l'abîme (Colette, Music-hall,1913, p. 231).Une page de Paganini, diabolique et enragée, dont la petite se tira fort bien, mais exténuée (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 236).
[Avec l'idée d'excès, en parlant de bruit] C'était un vacarme diabolique, coupé par le sifflet d'un chemin de fer minuscule et tournant (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 89).Un bruit diabolique nous entoure. On a l'impression inouïe d'un accroissement continu, d'une multiplication incessante de la fureur universelle (Barbusse, Feu,1916, p. 230).
Rem. La docum. atteste diaboliser, verbe trans. Rendre (quelqu'un) diabolique. L'humanité moderne, névrosée, martyrisée, diabolisée, emparadisée par cet alcool qui est son Dieu (Richepin, Braves gens, 1886, p. 578). Il m'arrive Ferdinand, quand j'écoute certains de nos confrères [médecins] (...), de me demander où ils nous mènent!... C'est infernal en vérité! Ces forcenés me déroutent, m'angoissent, me diabolisent, et surtout me dégoûtent! (Céline, Voyage, 1932, p. 521).
Prononc. et Orth. : [djɑbɔlik] ou [dja-]; cf. diable. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin xiiies. deabolique temptacion (R. Lulle, Evast et Blaquerne, éd. A. Llinarès, p. 62). Empr. au b. lat. eccl.diabolicus « du diable » lui-même empr. au gr. δ ι α ϐ ο λ ι κ ο ́ ς « calomniateur » et « démoniaque ». Fréq. abs. littér. : 475. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 423, b) 643; xxes. : a) 932, b) 761.
DÉR. 1.
Diaboliquement, adv.D'une manière diabolique, qui rappelle le diable; avec un esprit, une adresse, une perversité diabolique. Grimacer, sourire diaboliquement. Il [Caran d'Ache] était diaboliquement habile de ses gros doigts pâles (L. Daudet, Entre-deux-guerres,1915, p. 88).Tout, en effet, semblait avoir été diaboliquement combiné pour provoquer en Europe le pire désarroi (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 279).La langue française (...) si diaboliquement conçue pour la confusion des ignorants, pour le maintien au moyen de la grammaire et des signes de l'alphabet, d'une hiérarchie sociale implacable (Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 34). [djabɔlikmɑ ̃]. Cf. diable. Ds Ac. 1694-1932. 1reattest. fin xive(Gloss. franç. lat., Bibl. nat. ms. lat. 7684 fo33 vod'apr. DG); de diabolique, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 24.
2.
Diabolisme, subst. masc.a) Caractère diabolique (de quelqu'un ou de quelque chose). Son âme religieuse [à Marchenoir], aux trois quarts submergée par le diabolisme de la passion (Bloy, Désesp.,1886, p. 301).Il [Pierre de B.] ne savait que jouir. (...). Il était dépourvu de tout diabolisme (Giono, Angelo,1958, p. 34).b) Culte du diable. Il ne voulut pas, comme les Péladan et les Papus, se contenter de ne rien savoir, et il se rendit en Écosse où le diabolisme sévit. Là, il fréquenta l'homme qui, moyennant finances, vous initie aux arcanes sataniques (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 219). [djɑbɔlism̥] ou [dja-]; seule transcr. ds Lar. Lang. fr. (avec [a] ant.), ce dict. transcr. également [a] ant. dans diabolique, diaboliquement; cf. diable. 1reattest. 1886 (Bloy, loc. cit.); du rad. de diabolique, suff. -isme*. Fréq. abs. littér. : 12.