| DIABLERIE, subst. fém. A.− [Correspond à diable1I B] 1. Au sing. Ensemble des attributs du diable, en particulier de ses pouvoirs magiques ou maléfiques : 1. Le diable arrive toujours dans les maisons avec la forme, le visage, le costume d'un ami (...) et si on lui dit : « Voilà ton mort », en lui montrant une bûche couchée dans le lit, il ne peut plus contenir sa joie et toute sa diablerie déboule de lui en écume comme le lait qui bout.
Giono, L'Eau vive,1943, p. 31. 2. P. méton., au sing. ou au plur. Manifestation du diable, de ses pouvoirs, de sa malfaisance. La diablerie de Loudun (Ac.1835, 1878);ces diableries n'abusent plus personne (Ac.1835-1932). − P. anal. Pratique de magie, de sorcellerie qui rappelle les maléfices ou sortilèges du diable; manifestation de faits le plus souvent néfastes qui semblent inexplicables. Croire aux diableries. Il y a peut-être quelque ressort, quelque diablerie, que je ne connais point (Mérimée, Vénus Ille,1841, p. 282).Boris était d'âge, (...), à hausser les épaules devant ces diableries d'écolier (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1237): 2. ... pour le menu peuple napolitain, (...), Virgile, le poète, est resté un magicien et les voisins de son tombeau se plaignent des diableries qui s'y perpétuent et des visiteurs inquiétants, sorciers, mages, rebouteux, (...), jeteurs de mauvais sort, (...) qu'une telle renommée y attire encore aujourd'hui.
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 138. B.− [Correspond à diable1II A 2] Rare. Fait d'être turbulent, espiègle ou malicieux. La diablerie de cet enfant est lassante (Dub.).Pauline était la plus populaire, la plus vive, avec un air d'entrain, de diablerie, de fierté (Pourrat, Gaspard,1925, p. 95). C.− [Désigne des représentations du (des) diable(s)] 1. HIST. LITTÉR. a) Pièce populaire faisant intervenir le diable; spéc. [Dans les représentations des Passions] Intermède généralement comique pendant lequel des diables étaient en scène et se livraient à une agitation effrénée. Une diablerie à quatre personnages : 3. ... Villon, (...), s'était retiré sur ses vieux jours à Saint-Maixent, (...), et, à en juger par le récit de Rabelais, il y donnait passe-temps au peuple, en célébrant des mystères et jouant des diableries.
Sainte-Beuve, Tabl. historique et critique de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIes.,1828, p. 43. b) Conte (populaire) où intervient le diable : 4. Les diableries. − Le diable − et les diables − dans les récits de nos terroirs sont souvent associés, chose curieuse, à des histoires de travail, de labeur.
Dévigne, Le Légendaire de France,1942, p. 15. 2. PEINT., SCULPT. Scène représentant des diables. Il [Durtal] examina le portail du Sud qui renfermait la zoologie mystique et les diableries (Huysmans, Cathédr.,1898, p. 449).Que l'on compare ce Panthéon romain, (...), aux diableries peintes sur les parois des tombeaux étrusques (France, Pierre bl.,1905, p. 9). Prononc. et Orth. : [djɑblə
ʀi] ou [dja-]; cf. diable. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1230 dïablerie « action inspirée par le diable, sorcellerie » (Gaidon, 120 ds T.-L.); 1854 « caractère extravagant, lunatique » (Nerval, Filles feu, Jenny, Paris, Champion, 1931 [1854], p. 233). B. 1534 « mystère mettant en scène le démon » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M.-A. Screech, IV, 17). Dér. de diable*; suff. -erie*; a évincé l'a. fr. dïablie (xiies. ds T.-L.; dér. de diable*; suff. -ie*). Fréq. abs. littér. : 66. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 211. − Lew. 1960, p. 189, 206. |