| DEVISE, subst. fém. A.− HÉRALD. et usuel 1. HÉRALD. Figure emblématique accompagnée d'une courte formule qui, généralement, s'y rapporte. La devise de Paris; corps de la devise : la figure de la devise; âme de la devise; les paroles de la devise (Ac. 1798-1932). (Quasi-)synon. écusson, emblème.La devise de Louis XIV était un soleil qui éclaire un monde, avec ses mots : Nec pluribus impar (Ac.1798-1932. − P. méton. La formule seule. Synon. légende.Les devises anciennes décorent les portières blasonnées (Bourget, Ét. angl.,1888, p. 241): 1. La grille au-dessus de laquelle les armes, la crosse, le chapeau et la devise étaient sculptés dans la pierre rugueuse du pays, s'ouvrit.
Billy, Introïbo,1939, p. 179. 2. P. anal. Courte formule exprimant un sentiment, une pensée, une attitude, un mot d'ordre résumant une règle de conduite ou un idéal. Devise orgueilleuse, patriotique; choisir, mettre une devise; prendre pour devise. Synon. adage, maxime, sentence.Votre devise, votre règle d'or, c'est : ne pas donner. Surtout, avant tout, ne pas donner (Montherl., Celles qu'on prend,1950, I, 1, p. 774): 2. Quelle que soit notre foi politique ou religieuse, nous avons appris, au long de ces quatre années, que la nation est capable de nous unir étroitement dans son amour. Liberté, Égalité, Fraternité... ce n'est plus pour nous une formule vide, écrite sur les murs officiels. Cette devise s'est incarnée de nouveau, elle s'est faite chair et sang...
Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 394. − Spécialement ♦ Devise de mirliton. Petits vers imprimés autour d'un mirliton. Je suis allé entendre (...) la messe (...) à Saint-Séverin, (...) sous ces jolis piliers absurdes, qui montent au ciel en devises de mirliton (France, Lys rouge,1894, p. 103). ♦ Devise de bonbons, de papillotes. Petits rébus enfermés dans l'emballage des papillotes. Synon. devinette.Je lui ai marqué sa place [au cousin] à côté de la petite Bertha; ils s'amuseront tous deux à tirer des pétards, puis il s'instruira à lire les devises (Feuillet, Scènes et prov.,1851, p. 138). B.− ÉCON., FIN. 1. Tout actif financier liquide libellé en monnaie étrangère (d'apr. Tézenas 1972). Liquidités en devises. 2. P. méton., usuel. Monnaie étrangère. Changer, exporter, importer des devises; devise faible, forte; devises étrangères : 3. La salade des devises a d'ailleurs créé parfois des phénomènes assez curieux. Ainsi, ce sont les Français qui ont fait vivre ces dernières années les stations d'hiver autrichiennes.
Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 201. Prononc. et Orth. : [d(ə)vi:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1150-70 « division, séparation » (Jeu d'Adam, 605 ds T.-L.) − 1404 (Denombr. du baill. de Caux, Arch. P 303, fo63 rods Gdf.); 2. a) ca 1160 hérald. « marque distinctive, emblème » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 6911 : N'i a celui qui n'ait devise, Conoissance de mainte guise); 1610 « ensemble composé d'un emblème et d'une sentence » (Béroalde de Verville, Voyage des princes fortunez, p. 700 ds Hug.); b) av. 1560 « la sentence seule » (Du Bellay,
Œuvres, VI, 99 : Avec ceste brave devise pour toute consolation, spes et fortuna valete); c) 1668 « formule exprimant une règle de vie, un sentiment, etc. » (La Fontaine, Fables, l. 1, fable 16, 20); 3. 1842 fin. (Mozin-Biber). Déverbal de deviser*. Au sens fin., prob. empr. à l'all. Devise, attesté dans ce sens ca 1830 d'apr. Paul-Betz, en 1833 ds J. et W. Grimm, Deutsches Wörterbuch; en 1800, d'apr. Brockhaus Enzykl., on imprimait des devises sur les formulaires de change, d'où leur dénomination. Fréq. abs. littér. : 654. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 986, b) 873; xxes. : a) 812, b) 982. Bbg. Colón (G.). Un Cambio de perspectíva etimológica Rosicler y su mediato origen francés. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1971, t. 9, no1, pp. 225-227. − Monnot (R.). Les Devises. Vie Lang. 1960, pp. 394-400. − Rabuse (G.). Devise als Ausdruck der Wirtschaftsprache. Der Œsterreichische Betriebswirt. 1961, t. 11, pp. 195-201. |