| DESTITUER, verbe trans. A.− DR. Priver quelqu'un ou quelque chose (d'un droit); priver d'une tutelle Destituer le gouvernement de tout moyen de communication (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 118). ♦ Emploi sans compl. second. Destituer qqn.Destituer un fonctionnaire, un ministre. Faites-moi destituer, s'était écrié le vieux curé (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 12). − P. anal. Refuser tout droit; mettre à l'écart. Cette vieille folle, qui destitue le bon Dieu quand il n'est pas de son avis (Renan, Drames philos.,Eau jouvence, 1881, I, 6, p. 457): 1. La profession de modèle, (...) destitue la femme complètement et l'exile de sa personnalité, pour la reléguer dans les limbes de la plus ténébreuse inconscience.
Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 39. − Au fig. Je ne peux pas poser la question sans la destituer de son sens (Marcel, Journal,1919, p. 218). B.− Usuel. Priver quelqu'un d'une charge, d'un emploi, d'une fonction. Destituer qqn de sa charge, de son emploi, de sa fonction : 2. Le gouvernement examina la question de destituer Chatillon de ses grades et dignités et de le traduire devant la Haute-Cour comme factieux, ennemi du bien public, traître, etc.
France, L'Île des pingouins,1908, p. 239. Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. subst. destituant. Homme qui destitue les autres. Même mobilité dans les hommes que dans les choses; à chaque instant et partout, destitutions sur destitutions : les destituants ont passé comme les destitués et les Ministres eux-mêmes se sont succédé comme des ombres (Chateaubr., Disc. et opin., 1826, p. 335, 336). b) Le part. passé adj. destitué. Je te rends grâce, ô ciel, parce que tu as agréé ma prière, moi qui suis tel qu'un orphelin et un homme destitué (Claudel, 7ejour, 1901, I, p. 816). Emploi subst. Ainsi, c'est moi, pauvre vieillard, moi le destitué, le coupable, l'enchaîné, c'est moi seul qui maintiens le mât? (Id., Chr. Colomb, 1929, p. 1178; cf. également Chateaubr., loc. cit.). Prononc. et Orth. : [dεstitɥe], (je) destitue [dεstity]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1322 « déprécier [des monnaies] » (Ordonnances des rois de France, t. 1, p. 770); 1350 « supprimer révoquer [un office] » (Gilles Le Muisit, Poésies, I, 128 ds T.-L.); 1482 [qqn] « démettre d'une charge » (Lett. patent., nov. ds Littré). Empr. au lat. class.destituere au fig. « abandonner, supprimer ». Fréq. abs. littér. : 243 Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 616, b) 491; xxes. : a) 140, b) 156. DÉR. Destituable, adj.Qu'on peut destituer. Sont aussi exclus de la tutelle, et même destituables, s'ils sont en exercice, 1. les gens d'une inconduite notoire; 2. ceux dont la gestion attesterait l'incapacité ou l'infidélité (Code civil,1804, p. 82).Il faut que les officiers qui la [la Normandie] gouvernent soient à votre choix, destituables à votre volonté et non à celle d'un autre (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 2, 1821-24, p. 369).− [dεstitɥabl̥]. Ds Ac. 1694-1878. − 1reattest. 1560, 31 janv. (Ord. de Charles IX ds Gdf. Compl.); du rad. de destituer, suff. -able*. − Fréq. abs. littér. : 2. |