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DESSINATEUR, TRICE, subst.
A.− [Correspond à dessiner I A] Personne qui possède une compétence particulière dans l'art du dessin ou qui pratique habituellement cet art. L'écrivain décrit par des mots, et le dessinateur par des lignes (Alain, Beaux-arts,1920, p. 143).Elle [Bettina] a le don de l'expression, et, musicienne, dessinatrice, poète, trouve toujours le moyen de traduire ses émotions (Béguin, Âme romant.,1939, p. 240).
− Emploi adj. rare. [En parlant des dispositions artistiques d'une pers.] Relatif à l'aptitude à dessiner. Le caractère éminemment dessinateur du Vinci (La Tourette, L. de Vinci,1932, p. 77).Essentiellement, et bien que formé par les esprits de disposition dessinatrice et à cause même de cela, le cubisme est donc bien un art du discontinu (Cassou, Arts plast. contemp.,1960, p. 182).
1. Domaine artistique
a) Artiste qui s'exprime librement, par goût, au moyen du dessin. Dessinateur et graveur. Les croquis qu'un dessinateur crayonne de mémoire avant de cerner le trait définitif (Blanche, Modèles,1928, p. 154).C'est Derain et sa garde, composée de dessinateurs et de modèles (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 162).
− JOURN. ,,Collaborateur d'une publication qui dessine ou non d'une façon humoristique`` (Carabelli, [Lang. journ.]). [Forain] est assurément le dessinateur de journaux le plus intéressant de toute sa génération, celui dont l'art éphémère se rapproche le plus de la grande peinture (Mauclair, Maîtres impressionn.,1904, p. 175).
b) Peintre dans l'art duquel le dessin, la forme égalent ou priment la couleur. Un splendide coloriste [Manet], aussi vigoureux dessinateur que magistral peintre de morceaux (Mauclair, Maîtres impressionn.,1904p. 47):
On voit donc Van Gogh parti des simples contrastes de valeurs : noir, gris, blanc, lesquels sont des contrastes de dessinateur et non de coloriste, arriver peu à peu à réaliser l'équivalent de ces contrastes par le jeu compliqué des tons chauds et froids. Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 137.
2. Domaine techn. (archit., décoration, industr., mode).Technicien ou artisan qui exécute des dessins, des plans, pour servir de modèles. Dessinateur industriel, d'étoffes, de tissus. Détail inconnu (...) qui éclaire le dessinateur de modes, sa mère était couturière (Goncourt, Journal,1863, p. 1321).Le travail des ingénieurs, des dessinateurs, des calculateurs du bureau d'études (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 169).
− Au fig. Dieu ne fut pas un si méchant dessinateur des bocages d'Éden, que les incrédules le prétendent (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 153).
B.− Au fig. [Correspond à dessiner I B]
1. Domaine de la litt.Écrivain remarquable par son aptitude à agencer, combiner des idées, à camper des personnages ou à composer le plan d'ensemble d'une œuvre. Ce dessinateur [Brantôme] − car il lui manque la couleur − des grands capitaines (...) nous montre le Roi surpris au déduit par le mari de sa belle (L. Daudet, Universaux,1935, p. 129).
2. Domaine de la mus.Artiste remarquable par son talent de composer des figures harmonieuses au moyen de sons. [Mozart] le plus dessinateur des grands musiciens (Ghéon, Prom. Mozart,1932, p. 202).
Rem. On rencontre ds la docum. des mots composés a) Du type dessinateur + subst. masc. en appos. précisant le domaine où s'exerce la compétence du dessinateur. α) Dessinateur-décorateur. Amoindrir chaque jour le rôle de l'architecte, (...) le réduire aux fonctions de dessinateur-décorateur (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 74). β) Dessinateur lithographe. Raisons qui conduisent l'affichiste à simplifier son dessin afin de faciliter la tâche du dessinateur lithographe (Arts et litt., 1935, p. 3017). γ) Dessinateur-paysagiste. Buhler, le dessinateur-paysagiste illustre, le créateur du parc d'ici (Goncourt, Journal, 1894, p. 637). δ) Dessinateur-peintre. Il faut que le coloriste soit un chimiste habile qui trouve chaque jour les moyens de réaliser sur coton les inventions capricieuses du dessinateur-peintre (Michelet, Journal, 1842, p. 474). b) Du type subst. masc. + dessinateur. Des ingénieurs dessinateurs; des sous-ingénieurs dessinateurs (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit., 1954, p. 157).
Prononc. et Orth. : [desinatœ:ʀ], fém. [-tʀis]; var. [dεs-] ds Littré et comme var. à côté de [des-] ds Warn. 1968 (cf. des-). Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1667 (Pomey). Dér. du rad. de dessiner*; suff. -(at)eur2*, prob. formé sur le modèle de l'ital. disegnatore « id. » (dep. xiiies., Ristoro ds Batt.), dér. de disegnare « dessiner ». Fréq. abs. littér. : 243. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 342, b) 317; xxes. : a) 445, b) 301. Bbg. Couture (B.). L'Emploi de en et de dans les locutions de spécialisation. Meta. 1972, t. 17, no4, p. 235. − Darm. 1877, p. 88. − Hope 1971, p. 283. − Pauli 1921, p. 69.