| DELTA, subst. masc. A.− Quatrième lettre de l'alphabet grec. Delta majuscule (Δ), minuscule (δ); des delta majuscules. Le delta et le phi en recréant les formes de la femme devaient recréer ses puissances passives (Jouve, Scène capit.,1935, p. 128). B.− [Usages symboliques de la lettre ou de sa forme] 1. [Usages de la lettre minuscule en tant que telle] a) CHIM. Alliage de cuivre, zinc, plomb, fer et manganèse. C'est la matière dite « delta », où le fer n'entre que pour une faible partie (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. naval,1899, p. 384). b) PHYS. Rayon delta. ,,Lettre grecque désignant un électron éjecté d'un atome par une particule chargée traversant la matière. Son nom provient du fait que l'électron a une trajectoire sinueuse, comme la lettre δ, à cause des diffusions multiples qu'il subit dans la matière`` (Musset-Lloret 1964). c) PHYSIOL. Rythme, mouvement, onde delta. Rythme électroencéphalique lent caractéristique du sommeil profond ou de certains troubles cérébraux (cf. Quillet Méd. 1965, p. 344). 2. [Usages de la forme graph. du delta majuscule] a) Emplois subst. [Pour désigner un obj. ayant la forme d'un Δ] − Ce qui affecte une forme triangulaire. Pendant qu'un valet de chambre dessinait artistement sur son crâne jaune le delta de poudre qui complétait, avec des ailes de pigeon pendantes, sa coiffure vénérable, le père d'Émilie ordonna (...) à son vieux valet de chambre d'aller avertir l'orgueilleuse demoiselle (Balzac, Bal Sceaux,1830, p. 95).Un delta de nœuds en ruban (Balzac, Autre ét. femme,1842, p. 381). − RELIG. Delta mystique. ,,Triangle entouré de rayons dans lequel est inscrit le nom de Jéhovah en caractères hébraïques`` (Adeline, Lex. termes art, 1884). − GÉOGR., usuel. Zone, généralement de forme triangulaire, constituée par les alluvions apportées par les branches (deux ou plusieurs) d'un fleuve à son embouchure dans la mer ou dans un lac. Delta du Pô, du Nil; plaine du delta. Delta sous-marin (Vidal de la Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 320).Le delta du Mississipi remonte à des dizaines de milliers d'années (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 95).Plus loin encore le delta fendu par les sept langues du Nil (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 164): C'est fiévreux, ce delta, le ciel vous pèse. On est trempé de sueur du matin au soir, et les nuits ne sont jamais comme ici, un repos.
Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 180. b) Loc. prép. En forme de delta, en delta. Dont la forme est analogue à celle d'un delta majuscule. Chacune [des panoplies], avec son timbre en forme de delta. Semble la vision du chef qui la porta (Hugo, Légende,t. 1, 1859, p. 352). − Spéc., AÉRON. Ailes d'avion en delta; ailes, avions delta. Cet avion à aile delta et à propulsion mixte peut atteindre Mach 2,15 et les plus hautes altitudes (Industr. aéron. fr., 1962, p. 17).Cf. Le Figaro, 30 déc. 1952, p. 10, col. 5. Rem. Sur le modèle de aéroplane*, aquaplane*, on a formé le subst. masc. deltaplane. Aile volante qui plane sous la conduite d'un homme (cf. L'Est républicain, 17 août 1977). Prononc. et Orth. : [dεlta]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. Mil. xiiies. (J. de Thuin, Jules Cesar, éd. F. Settegast, 203 d'apr. A. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 9, p. 481 : Et s'adreça viers Nillum, et vint droit viers une ille qui estoit en cel flun c'om apieloit deltha, pour çou que li illes est fais a la maniere d'une letre qui a non deltha en grigois). Empr. au gr.
δ
ε
́
λ
τ
α désignant la quatrième lettre de l'alphabet gr. et déjà employé pour désigner la région des bouches du Nil ayant la forme de cette lettre. Fréq. abs. littér. : 80. DÉR. Deltaïque, adj.Relatif aux deltas (cf. B 2 a). Les basses contrées deltaïques, les alluvions deltaïques, les plaines deltaïques du Mississipi. Dans les Philippines, où la vallée centrale et la région deltaïque du sud de Luçon montrent une densité en voie rapide d'accroissement (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 66).− [dεltaik]. − 1reattest. 1851 (Nerval, Voyage en Orient, éd. G. Rouger, t. 2, p. 121); de delta, suff. -ique*. − Fréq. abs. littér. : 5. |