| DAMNABLE, adj. [Souvent en antéposition avec valeur affective] Qui peut, qui doit être damné : 1. Mon Dieu, que fait donc mon âme d'aller se prendre ainsi à des douceurs si fugitives, le vendredi saint, en ce jour tout plein de votre mort et de notre rédemption! Il y a en moi je ne sais quel damnable esprit qui me suscite de grands dégoûts et me pousse, pour ainsi dire, à la révolte contre les saints exercices et le recueillement de l'âme qui doivent nous préparer aux grandes solennités de la foi.
M. de Guérin, Journal intime,1833, p. 160. − P. ext. Qui peut, qui doit être réprouvé. Synon. condamnable : 2. ... c'est l'imprimerie qui met le monde à mal. (...) Que maudit soit l'auteur de cette damnable invention, et, avec lui, ceux qui en ont perpétué l'usage, ou qui jamais apprirent aux hommes à se communiquer leurs pensées!
Courier, Pamphlets pol.,Lettres au rédacteur du Censeur, 1820, p. 34. Rem. On rencontre ds la docum. l'adv. damnablement. De manière damnable. Disant à haute voix qu'ils avaient méchamment, traîtreusement, damnablement, (...) occis le duc de Bourgogne (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 327). Prononc. et Orth. : [dɑnabl̥]. Pour [ɑ] et [a], cf. damner. [ɑ] ds la majorité des dict. même mod. (Passy 1914, Pt Rob., Warn. 1968); mais [a] ant. ds Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Étymol. et Hist. 1180-90 dampnable (M. de France, Purgatoire, 246 ds T.-L.); fin xiie-début xiiies. id. (Dialogue Grégoire, 140, ibid.). Empr. au lat. chrét. damnabilis « condamnable, répréhensible, odieux; mortel (du péché) ». Fréq. abs. littér. : 42. Bbg. Quem. 2es. t. 1 1970 (s.v. damnablement). |