| DÉSAPPOINTER1, verbe trans. A.− Vx. Destituer quelqu'un de sa charge. Désappointer un soldat, un capitaine (Ac.1798-1878).Regnault des Dormans désappointait Pierre Puy de la charge de maître des requêtes ordinaires (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 226). B.− Au fig. le plus souvent au passif. Tromper quelqu'un dans son attente ou dans ses espérances. Quasi-(synon.) contrarier, décevoir, déconcerter.Pauvre fille, va-t-elle être désappointée!... Je parie qu'elle comptait, ce soir, étrenner ton appartement (Hermant, M. de Courpière,1907, p. 11): Coantré, dit-il enfin. Vous n'avez rien. Je n'ai qu'un mot à vous dire : sé-cu-ri-té to-ta-le et ab-so-lue.
− Rien?
− Mettons un peu d'hyperesthésie nerveuse, pour vous faire plaisir... M. de Coantré fut, sinon tout à fait désappointé, du moins décontenancé.
Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 892. Rem. Il est probable que dans des phrases de ce type la forme dite passive exprime plutôt un état qu'un procès. Prononc. et Orth. : [dezapwε
̃te], (je) désappointe [dezapwε
̃:t]. Ds Ac. 1694-1798, s.v. desapointer; ds Ac. 1835-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. I. 1395 desapointer « destituer » (Grands jours de Troyes, A.N. X la 9186, fo23 rods Gdf. Compl.). II. 1611 verbe et part. passé « tromper une personne dans son attente » (Cotgr.) − mil. xviies.; 1655 (Constantin Huygens frère, in Christ, Huygens,
Œuvres, I, 364 ds Barb. Misc. 2, no8); repris au xviiies. cf. 1761 (Voltaire, Lettre à d'Olivet d'apr. Barbier ds Mod. Lang. R., t. 16, 1921, p. 257 : Que d'expressions nous manquent aujourd'hui qui étaient énergiques du temps de Corneille [...] on apointait un temps, un rendez-vous, celui qui, dans le moment marqué, arrivait au lieu convenu et qui n'y trouvait point son prometteur, était désappointé. Nous n'avons aucun mot pour exprimer aujourd'hui cette situation d'un homme qui tient sa parole et à qui on en manque); id. (Id., Dict. phil., s.v. apointé ds Barb. Misc. 2, no8 : Les Anglois ont pris de nous ces mots appointé, désappointé ... ils se sont enrichis de nos dépouilles et nous n'osons reprendre notre bien). I dér. de appointer1*; préf. dé(s)-*; II extension de sens de I encore attestée au mil. du xviies. puis après une éclipse, remise en usage par Voltaire d'apr. l'angl. to disappoint, attesté en ce sens dep. 1494 ds NED; lui-même empr. au français. Fréq. abs. littér. : 13. Bbg. Barb. Loan-words 1921, p. 257. |