| CURARE, subst. masc. Substance extraite d'une liane tropicale (du genre Strychnos) et dont les propriétés paralysantes (mortelles par introduction dans le système circulatoire) sont utilisées par les Indiens d'Amérique du Sud pour empoisonner leurs flèches, et en anesthésie moderne. Le curare ne fait qu'interrompre quelque chose de moteur qui met le muscle et le nerf en rapport électrique par le mouvement (C. Bernard, Notes,1860, p. 116).− P. compar. et métaph. [P. réf. au caractère venimeux de propos ou d'écrits qui laissent la victime sans réaction] Ce genre de poésie est vénéneux; il fige le sang comme le curare (Amiel, Journal,1866, p. 57): − J'ai vilipendé Ambert et Issoire, seul de vous tous. J'ai tenu votre promesse commune. Mais une telle manifestation n'a pas d'efficacité. Des bouts-rimés? Arme inoffensive. Je les voudrais enduits de curare.
Romains, Les Copains,1913, p. 31. Prononc. et Orth. : [kyʀa:ʀ]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1758 (Hist. nat., civ. et géogr. de l'Orénoque etc., par le P. Jos. Gumilla, trad. de l'esp. sur la sec. éd. par M. Eidous, t. III, p. 1 ds König, p. 87). Empr. à l'esp. curare, attesté dep. 1745 (Gumilla ds Fried.), lui-même empr. au caraïbe urari (v. Fried. et FEW t. 20, p. 83b). Fréq. abs. littér. : 57. DÉR. 1. Curariser, verbe.Soumettre à l'influence du curare. Votre grenouille n'est donc pas curarisée? Qu'est-ce qui lui prend? Je n'aime pas ces convulsions (Duhamel, Terre promise,1934, p. 53).Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. excepté ds les éditions de l'Ac.Rem. On rencontre ds la docum. a) Curarisant, ante
α) Part. prés. de curariser.
β) Adj. Qui exerce sur l'organisme une action analogue à celle du curare. En outre, l'anesthésie générale est souvent complétée par l'administration de substances dites « curarisantes », c'est-à-dire capables, à l'instar du curare, de faire céder la contracture musculaire, qui persiste même sous anesthésie, et de faciliter ainsi certains temps de l'opération (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 781). Attesté ds Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., Rob., Quillet 1965.
γ) Subst. masc. Substance exerçant sur l'organisme une action analogue à celle du curare. Attesté ds Lar. 19eSuppl. 1890-Lar. Lang. fr. b) Curarisé, ée, curaré, ée
α) Part. passé de curariser.
β) Adj. Qui est soumis à l'action du curare. Faire revenir en injectant du sang curaré (C. Bernard, Notes, 1860, p. 106). c) Curarisation, subst. fém. Action de curariser, résultat de cette action. La vératrine exerce une action paralysante sur la contraction musculaire, mais par un processus antagoniste de la curarisation, puisque l'hétérochronisme neuro-musculaire résulte dans le cas présent d'une diminution de la chronaxie du tissu musculaire (J. Guillerme, La Vie en haute altitude, p. 32 ds Rob. Suppl. 1970). Attesté aussi ds Lar. encyclop., Quillet 1965, Lar. Lang. fr. − 1reattest. 1875 (Henneguy, Étude sur l'action des poisons, p. 58 ds Littré Suppl.); de curare, dés. -iser. 2. Curarine, subst. fém. Alcaloïde extrait du curare. Attesté ds la plupart ds dict. gén. du xixeet du xxes. − Seule transcr. ds Littré : ku-ra-ri-n'. − 1reattest. 1838 (Ac. Compl. 1842); de curare, suff. -ine*. BBG. − Dub. Dér. 1962, p. 33, 54 (s.v. curariser). − Weil (A.). En Marge d'un nouv. dict. R. de Philol. fr. 1932, t. 45, p. 16. |