| CULOTTE1, subst. fém. A.− Pièce de vêtement dans laquelle chacune des jambes s'insère séparément. 1. Vêtement de dessus, généralement porté par l'homme. a) Vêtement de dessus, couvrant le bas du corps depuis la ceinture jusqu'au-dessous du genou ou à mi-mollet, et habillant séparément chaque jambe. Culotte bouffante; culotte de drap, de cérémonie; fond de culotte; enfiler sa culotte. Synon. anc. braies, chausses, grègues, haut-de-chausses.Des knickerbockers, charmantes culottes anglaises qui se bouclent sous le genou et retombent sur la jambe (Cocteau, Gd écart,1923, p. 88).Le grand escalier d'honneur où des valets en culottes de satin et en bas blancs ajourés étaient alignés (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 119).Une culotte bouffante comme celles des joueurs de golf (Green, Moïra,1950, p. 132): 1. Il ne portait sur lui ce jour-là, avec sa culotte de bure, très courte et béante au-dessus des genoux, qu'une chemise de soie rouge aigre, violacée, (...). Il était pieds nus, jambes nues.
Gide, Journal,1917, p. 630. Rem. 1. Ainsi qu'il ressort des ex. ci-dessus, ,,On dit aussi, Une paire de culottes, ou simplement, Des culottes. Porter des culottes`` (Ac. 1835-1932). 2. Pour le vêtement propre à l'aristocratie, p. oppos. à l'homme du peuple, v. sans-culotte. − P. métaph. Les bœufs poilus et bourrus avec leurs culottes de boue (Renard, Journal,1903, p. 867): 2. Vêtu [un angora] comme une fée, il semblait miraculeusement à l'aise au sein de son nuage, qui sur les flancs battait à chaque pas et l'habillait par derrière d'une immatérielle culotte floconneuse.
Colette, Fanal bleu,1949, p. 39. SYNT. Culotte collante, fendue, flottante; culotte cycliste; culotte de casimir, coutil, cuir, nankin, soie, velours; culotte de bal, de chasse, des dimanches; culotte à braguette, à pont; jambe de culotte; déboutonner, dégrafer, remonter sa culotte. ♦ Culotte de cavalier, de cheval. Culotte évasée sur les hanches, serrée aux genoux et dont la partie inférieure est recouverte par les bottes. Il portait un veston couleur feuille morte sur des culottes de cheval et il était chaussé de bottes fauves (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 114).P. anal. [En parlant d'une femme] Culotte de cheval. Protubérances graisseuses situées sur les hanches et le haut des cuisses (cf. Publicité de la marque Effiligne ds Marie-Claire, juin 1977, no298). ♦ Culotte de golf. Culotte faisant généralement partie d'un costume de sport, couvrant la jambe jusqu'à mi-mollet et bouffante dans sa partie inférieure. Tout un habillage sportif, des culottes de golf, ses jumelles (Céline, Mort à crédit,1936, p. 321). ♦ Culotte de peau. Culotte de basane portée autrefois par les militaires. Sans armes, sans revers de couleur à la poitrine, sans culottes de peau et sans épaulettes (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 45). ♦ Jupe-culotte. Vêtement féminin de dessus ayant la forme, l'ampleur et la longueur d'une jupe et habillant séparément les deux jambes. Exhiber une jupe-culotte et des bottes blanches (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 43). ♦ Culotte longue ou p. ell. culotte (fam.). Pantalon. Maurice Rostand, longs cheveux et culottes longues (Renard, Journal,1906, p. 1092).Les Français, quand il fallait immobiliser les prisonniers allemands, se contentaient de couper leurs boutons de culotte (Giraudoux, Bella,1926, p. 181). − P. méton. ♦ L'homme, par opposition à la femme. Quand je dis les hommes, je ne fais même pas de différence entre la jupe et la culotte. Je pense à toute l'engeance (Duhamel, Suzanne,1941, p. 220). ♦ Fam. Culotte de peau (cf. supra). Militaire endurci et strict; péj. militaire borné et stupide. Cette culotte de peau (...) cet homme que nous vêtons en rouge (...) pauvre cervelle qui ne comprend ni les conditions ni les limites de sa force! (Barrès, Appel soldat,1900, p. 87): 3. Tel est le ton qu'une part notable du commandement français adoptait vis-à-vis des soldats captifs, telles les consignes de passivité et d'obéissance à l'ennemi, stupides j'y consens plutôt que vénales, mais dans les deux cas criminelles, qui nous étaient données par les « culottes de peau » thuriféraires de Pétain.
Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 224. Rem. On rencontre chez Huysmans, forgée sur le modèle culotte de peau, l'expr. culotte de fer s'appliquant à un soldat revêtu d'une armure. La vieille culotte de fer, le soudard qui étaient en lui disparaissent (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 75). b) Loc. et expr. − Trivial. Baisser, poser culotte, mettre culotte bas. Aller à la selle. Savourer la solitude des endroits où l'on met culotte bas, à l'aise (Huysmans, Soir. Médan,Sac au dos, 1880, p. 147). Rem. On rencontre ds la docum. cette loc. verbale avec un suj. désignant un animal. La joie du chienchien qui vient de poser culotte (Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1509). − Pop. Faire, trembler dans sa/ses culottes(s). Avoir très peur. Les turlupins qui tremblaient dans leurs culottes (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 219).Arg. Chier* dans sa/ses culotte(s). − Familier ♦ Par dérision. [En parlant d'une femme] Porter la/les culotte(s). Diriger le ménage. On disait au ministère, (...) que, dans le ménage, c'était le mari qui portait les jupes et la femme les culottes (Proust, Sodome,1922, p. 645). ♦ Se moquer de qqc. comme de sa première culotte. ,,N'y attacher aucune importance, aucun intérêt, ne pas s'en soucier`` (Lar. Lang. fr.). Synon. chemise.Ils ne s'en souciaient pas plus que de leur première culotte (Pourrat, Gaspard,1922, p. 69). ♦ User ses fonds de culotte, user ses culottes sur les bancs d'une école. Fréquenter cette école, y faire toutes ses études. Trois galopins qui usaient encore leurs culottes sur les bancs du collège (Zola, Doc. littér.,Musset, 1881, p. 73).Naples où j'ai usé mes premiers fonds de culotte sur les bancs de la « Scuola Internazionale » (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 25). ♦ Avaler le Bon Dieu (le petit Jésus) en culotte de velours. Déguster du bon vin (d'apr. Carabelli, [Lang. campagn.]). Une eau-de-vie de cidre à croire qu'on avalait le bon Dieu en culotte de velours (Richepin, Cauchemars,1892, p. 259). Rem. On rencontre ds la docum. une var. de cette loc. J'en ai mangé [des confitures]. On dirait (...) qu'on avale « la culotte de velours du bon Dieu » (Zola, Nouv. contes Ninon, 1874, p. 163). c) Culotte courte ou simplement culotte − Vêtement porté surtout par les jeunes garçons, couvrant la partie inférieure du corps, de la ceinture à mi-cuisse, et habillant chaque jambe séparément. Ma mère s'est très vite aperçue que les culottes courtes humiliaient mes presque quinze ans (H. Bazin, Vipère,1948, p. 233).Ma famille croissait, mon fils aîné quittait les culottes, montait à bicyclette (Arnoux, Paris,1939, p. 263). − Culotte courte portée par les sportifs. Le footballeur prête sa culotte, le boxeur sa coquille, aussi simplement que le coureur prête ses souliers (Montherl., Olymp.,1924, p. 313). 2. Sous-vêtement féminin fabriqué en tissu à lingerie ou en tissu ajouré à maille, très court et collant, maintenu par un élastique et couvrant le bas ventre, des hanches jusqu'au haut des cuisses. Synon. cache-sexe, slip.L'Anaïs, effarée d'être surprise en culotte et en corset (Aymé, Jument,1933, p. 298): 4. ... elle montrait en effet, au grand scandale et au plaisir des Rouennais, ses jambes et ses cuisses, grâce à une jupe fendue des deux côtés, qui laissait voir ses bas et sa petite culotte.
Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 350. B.− [P. anal. de forme gén.] 1. ANAT. ANIMALE. Totalité ou partie de l'arrière-train de certains animaux. Quand j'avais égorgé mes bêtes, on me jetait pour ma peine un morceau de la culotte d'un cheval mort de maladie (Sue, Myst. de Paris,t. 1, 1842-43, p. 84). − Spéc., BOUCH., GASTR. ♦ Culotte de bœuf. Partie supérieure de la cuisse du bœuf allant de l'échine au filet et comprenant une partie du gîte à la noix et du rumsteck. Un morceau dans la culotte : 5. ... un garçon boucher, (...) mettait une rapidité vertigineuse et une religieuse conscience à mettre d'un côté les filets de bœuf exquis, de l'autre de la culotte de dernier ordre, ...
Proust, La Prisonnière,1922, p. 138. ♦ Culotte de pigeon. Culotte de mouton, ,,les deux gigots non séparés`` (Chaud. 1970). Culotte de veau, ,,les deux cuisseaux non séparés`` (Chaud. 1970). 2. MÉCAN. (chaudières). Conduit qui fait communiquer entre elles certaines parties d'une chaudière ou la chaudière à la cheminée. − Spéc., locomotives. Culotte d'échappement. ,,Dans une locomotive, pièce cylindrique creuse en fonte qui, dans la boîte à fumée, reçoit la vapeur d'échappement des tuyaux qui l'amènent des cylindres, et à l'aide d'une bifurcation terminée par la tuyère d'échappement, la conduit dans la cheminée`` (Nouv. Lar. ill.) : 6. La vapeur qui s'échappe des cylindres entraîne peu à peu l'huile qui a servi à les lubrifier. Une partie de cette huile se dépose sur les parois antérieures de la culotte d'échappement, ...
A. Herdner, Construction et conduite des locomotives à vapeur,1887, p. 99. 3. MINÉR. ,,Goulotte en forme de Y renversé dont les deux branches figurent les jambes d'une culotte`` (Minéral. 1972). 4. MINES ET CARR. Culotte de décalabrage. Cage suspendue où s'assoient les ouvriers dans les ardoisières. Des ouvriers décalabreurs travaillaient suspendus à des câbles, et assis dans des cages appelées culottes de décalabrage (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 439). 5. TRAV. PUBL. Tuyauterie double. Culotte simple. ,,Élément de conduit, où un conduit principal se subdivise en deux conduits de même section obliques, et sans retour par rapport à l'axe du premier`` (Barb.-Cad. 1971). Culotte double. ,,Élément de conduit analogue à la culotte simple, mais où le conduit principal se continue après les deux conduits de dérivation, les trois conduits ayant même section`` (Barb.-Cad. 1971). Prononc. et Orth. : [kylɔt]. Ds Ac. 1694-1932. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. culote. Étymol. et Hist. 1. xvies. [hault de chausses] à la culote (Chron. Bordeloise, I, 45 1515, Delpit ds Delb. Notes); 1593 une paire de culottes de velours (Argenterie du roy, ms 11208 ds Gay); 1798 porter la culotte fig. (Ac.); 2. 1708 bouch. (Fur.); 3. 1821 se donner une culotte « se saoûler » (Desgranges, Pt dict. du peuple à l'usage des 4/5 de la France, Paris); 1839 se foutre une culotte « id. » (Flaub., Corresp., p. 48); 4. 1838 « pertes successives au jeu » (Ac. Compl. 1842). Dér. de cul*; suff. -otte*; au sens 3 prob. déverbal dér. de se culotter « se saoûler »; au sens 4 prob. à rattacher à culot « partie basse de quelque chose » d'où la notion d'infériorité : spéc. être culot « être inférieur à son adversaire, avoir moins de points que lui au jeu de billard » (Pat. Suisse rom.) cf. culot 3. Bbg. Gossen (C. T.). Zur lexikalen Gliederung des pikardischen Dialektraumes. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, p. 136. − Gottsch. Redens. 1930, p. 203. − Goug. Lang. pop. 1929, pp. 106-107, 202. − Goug. Mots t. 3 1975, p. 154. − Hasselrot 1957, p. 171. |