| CULMINATION, subst. fém. A.− [Dans l'espace] 1. GÉOGR., rare. [En parlant d'un élément de relief] Sommet, point culminant*. Synon. (rare) culmen.De loin la culmination du rocher d'où elle se jette dans l'eau, transporte de joie les enfants qui savent qu'ils vont voir l'otarie (Proust, Swann,1913, p. 418). 2. [En parlant d'un astre] Passage à son point culminant* : ... en prenant l'heure exacte du lever et du coucher du soleil, et en relevant sa position au demi-temps écoulé entre ce lever et ce coucher, il comptait fixer exactement le nord de l'île, car, par suite de sa situation dans l'hémisphère austral, le soleil, au moment précis de sa culmination, passait au nord, et non pas au midi, comme, en son mouvement apparent, il semble le faire pour les lieux situés dans l'hémisphère boréal.
Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 102. − P. méton. Le moment de ce passage. Sous la culmination de midi, dans l'ombre éclatante des maisons blanches dévorées par le soleil de juin (Morand, Flagell. Séville,1951, p. 93). − Spéc., ASTRON. ♦ Culmination supérieure, inférieure. Passage d'un astre au méridien d'un lieu donné, correspondant à la position de l'astre à une hauteur maximale [culmination supérieure] ou minimale [culmination inférieure] au cours du mouvement diurne (d'apr. Astron. 1973). La culmination supérieure et inférieure d'une étoile en un lieu de latitude connue (Kourganoff, Astron. fondam.,1961, p. 81). ♦ Point de culmination. Point culminant*. Lorsqu'un astre atteint la position la plus élevée l'astrologue parle du « medium coeli » ou milieu du ciel, l'astronome, lui, l'appelle point de culmination (Beer, Astrol.,1939, p. 27). B.− Au fig. 1. Partie principale, degré maximal. Le phénomène social : culmination, et non atténuation, du phénomène biologique (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 247).Ni la liberté ni le désintéressement altérocentrique ni en général les culminations extatiques de la conscience ne sont à proprement parler vécues, observables ou même pensables (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 245). 2. Fait de passer par son degré maximal. Une intuition précoce irrésistible de la culmination du destin nietzschéen dans la folie (Du Bos, Journal,1924, p. 53). Rem. 1. Au sens B, Péguy emploie aussi une var. morphol., culminaison, qui n'est attestée dans aucun dict. : En un mot ils [les Chrétiens] considèrent cette grande histoire, cette histoire unique, ce cas suprême, ce cas limite, cette culmination, cette infloraison, cette culminaison, ce couronnement, cette inscription charnelle, (...) ce point d'achèvement, (et de tout commencement), surtout comme une histoire qui est arrivée à Jésus (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 732). 2. Besch. 1845, Littré, Lar. 19e, Guérin 1892, Lar. 20e, Nouv. Lar. ill., Quillet 1965 attestent le subst. fém. culminance, rare. Point le plus élevé d'un lieu. Le piton du Trenze, pyramide haute, rudement sculptée, n'est malgré son aspect ardu, que l'extrémité d'une arête détachée des culminances granitiques du Bois-des-Armes (Fournet, Acad. des sc., Comptes rendus, t. 52, p. 1118 ds Littré). Au fig. Synon. de culmination B. Une culminance de l'affirmation du moi. Des individus activement dévoués à autrui, qu'on ne saurait taxer d'égoïsme, peuvent déployer dans leur dévouement le plus pur égocentrisme, par la manière dont ils lui imposent leurs volontés, leurs manières, leur présence. Le vrai égoïsme est absent du dévouement à autrui. Il n'est pas, comme on pourrait le croire, une culminance de l'affirmation du moi (Mounier, Traité caract., 1946, p. 545). Prononc. et Orth. : [kylminasjɔ
̃]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. Ca 1610 fig. « sommet, supériorité » (Beroalde, Moy. de parv., p. 342 ds Gdf. Compl.); surtout usité comme terme d'astron. 1752 (Trév. Suppl.). Dér. avec suff. -ion* du rad. du supin culminatum de culminare, v. culminer. Fréq. abs. littér. : 10. |