| CUL, subst. masc. I.− Très fam. ou trivial. [Pour désigner une partie du corps humain] A.− Partie du corps comprenant les fesses et le fondement*. 1. [Sans distinction de sexe] Être assis (tomber) sur le (son) cul, donner à qqn des (quelques) coups de pied (de botte) au cul, botter le cul de qqn. Synon. derrière (usuel), postérieur (littér.), popotin (fam. hypocoristique).Le cul sur mon fauteuil (cf. borné, ée, ex. 8). « Le marbre de la dalle m'écorchant tant soit peu le cul, j'allais sur la pointe du pied chercher certain coussin de soie mauve; ... » (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 171): 1. mère ubu. − (...) qui te raccommoderait tes fonds de culotte?
père ubu. − Eh vraiment! Et puis après? N'ai-je pas un cul comme les autres?
mère ubu. − À ta place, ce cul, je voudrais l'installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l'andouille et rouler carrosse par les rues.
Jarry, Ubu Roi,1895, I, 1, p. 36. ♦ P. compar. Trois petits enfants, joufflus comme des culs (Goncourt, Journal,1859, p. 584). Rem. L'ambiguïté du mot, à la fois ou tour à tour frappé d'interdit social et excitant pour l'imagination, ressort bien des deux passages suiv. Si le mot « cul » est dans une phrase, le public, fût-elle sublime, n'entendra que ce mot (Renard, Journal, 1893, p. 164) : 2. − Payer vingt mille francs pour signer des poèmes qu'on n'a pas écrits, ça me laisse rêveur, dit Robert.
− Pourquoi? Si on tient à voir son nom imprimé, dit Nadine; elle ajouta entre ses dents, pour moi seule, car devant son père elle expurgeait son langage : « autant payer que de se casser le cul à faire le boulot. »
Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 170. − Loc. diverses a) [Pour indiquer une position] ♦ (Avoir) le cul sur la selle. Être (souvent) à cheval et bien y tenir. Ce général est infatigable, il a toujours le cul sur la selle (Ac.1798-1878). ♦ Cul par(-)dessus tête (jeter, envoyer, mettre qqn ou qqc.; tomber). La tête en avant et en-dessous. Synon. culbuter.La pucelle tombait cul par dessus tête (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 80).Il faudrait au romantique un grand vent qui jette toutes nos maisons cul par-dessus tête (Renard, Journal,1909, p. 1255).P. métaph. Je pris le temps, je le mis cul par-dessus tête et tout s'éclaira (Sartre, Mots,1964, p. 167).Au fig. Bouleverser. Il m'en coûte de servir un cabbaliste qui met nos saintes écritures cul par-dessus tête, sous prétexte de les mieux entendre ainsi (A. France, Rôtisserie,1893, p. 74).Tout allait cul par dessus tête (Pourrat, Gaspard,1925, p. 88). ♦ Le cul entre deux chaises/selles (s'asseoir, être, se trouver, ...). Dans une situation indécise. J'ai écrit aux Bichons que je dînerais avec eux (...). Mais lesdits Bichons peuvent avoir un engagement? Dans ce cas-là, je resterais le cul entre deux selles! (Flaub., Corresp.,1865, p. 47). b) [Pour indiquer la position très rapprochée de qqn par rapport à soi] ♦ Au cul. Par derrière. [Surtout avec une idée de poursuite] Avoir qqn au (dans le) cul, être poussé au cul. Être poursuivi de près. S'il ne paye pas, je lui fourre un huissier au cul (Flaub., Corresp.,1869, p. 55).Ils [Croquebol et La Guillaumette] suivirent la rive, (...), poussés au cul eux-mêmes avec une violence telle qu'ils cambraient les reins sous l'attaque (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epartie, III, p. 118).Emploi pronom. réciproque. Ils [les automobilistes] se poussent au cul les uns les autres (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 18). ♦ Au cul de. Derrière (prép.). Courir au cul des bécasses (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1358). c) [Pour indiquer un mouvement ou une action très rapide ou très énergique]
α) [Rapidité] Loc. proverbiale. Le cul veut arriver avant la tête (cf. Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 105).
β) [Rapidité et brutalité] Arrêter qqn sur le cul, le mettre à cul. L'arrêter net. Leur cavalerie venait au galop, mais l'infanterie placée dans un fossé l'arrêta sur le cul (Ac.1798-1878). ♦ Au fig. Mettre qqn sur le cul. Laisser quelqu'un sans réaction, sans défense, lui fermer le bec. − Je suis fier de toi, dit Boris, (...) parce que! Les types, à l'hosto, tu les as mis sur le cul (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 176).
γ) [Énergie] Se casser le cul pour faire qqc. Dépenser toute son énergie à faire quelque chose. Je viens d'écrire 150 pages d'histoire, et j'ai passé six mois à me fendre le cul sur des livres russes (Mérimée, Lettres F. Michel,1870, p. 26).Je savais bien qu'on se cassait le cul pour rien (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 153).
δ) JEUX, vx ♦ Jouer à cul levé. Jouer les uns après les autres, celui qui perd cédant sa place (cf. Ac. 1798-1932). ♦ Fendre le cul à. Couper (une carte). Le vieux était saoul au point de ne pas reconnaître l'atout. À chaque carte posée, il coupait en disant (...) : Ton roi de trèfle? J'y fends l'cul (Aymé, Puits,1932, p. 20). d) [Pour indiquer un geste dégradant] (Coup de) pied au (dans le) cul ♦ Donner du pied au cul (vx); foutre, mettre son pied au cul, dans le cul de qqn. Le chasser à coups de pied; p. ext. le chasser brutalement. On [les camelots du roi] marche aujourd'hui avec les communistes mais demain on leur mettra notre pied au cul (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 369). ♦ Se donner des coups de pied au cul. Se faire de violents reproches. Je claque d'ennui et je me donne des coups de pied au cul toute la journée pour ma lâcheté (Zola, Doc. littér.,1881, p. 120). ♦ À (grands) coups de pied dans le cul. En obligeant par la force, les personnes à agir selon sa propre volonté. Donnez-moi quinze jours de dictature, disait-il [le général] je vous décentralise la France à coups de pied dans le cul (Aymé, Bœuf cland.,1939, p. 46). e) [Pour indiquer une impression ou un effet physique ou moral] ♦ Se geler le cul. Avoir très froid. C'est sûr qu'il ne faisait pas chaud. Mais les Chleuhs qui nous surveillaient se gelaient le cul autant que nous! (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 280). ♦ Montrer son cul. Porter des habits déchirés; donner une impression de grand dénuement. Cet homme montre le cul, on lui voit le cul (Ac.1798-1878).Cf. les expr. (n')avoir (que) la chemise sur le cul.Être à peine habillé, être très pauvre. − J'ai à moi la moitié sur les meubles et les bêtes... − La moitié, tu as le toupet! reprit Lise, en l'interrompant. Sale maquereau, (...) toi qui n'as seulement pas apporté ici ton démêloir et qui n'y es entré qu'avec ta chemise sur le cul (Zola, Terre,1887, p. 477).Au fig. ,,Faire faillite`` (Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p. 108) ; être ruiné. L'Allemagne montre son cul (Claudel, Guerre de 30 ans,1945, p. 575). f) [Pour indiquer une attitude affective ou morale]
α) [Intimité entre deux pers.] Comme cul et chemise (être, s'entendre, ...), être cul et chemise. Vx. Être deux culs dans une chemise, n'être qu'un cul et qu'une chemise. Être inséparable, être lié par une solide amitié (avec parfois une nuance érotique). Synon. vx : deux têtes dans le même bonnet.Ces deux-là, c'est cul et chemise, toujours ensemble ou à se courir après (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 258).
β) [Basse flatterie] ♦ Baiser (lécher) le cul à qqn. Le flatter bassement, d'une manière servile. − Baise mon cul et dis merci! (Zola, Terre,1887, p. 370): 3. Fi des chantres bêlants qui taquin'nt la muse érotique,
Des poètes galants qui lèchent le cul d'Aphrodite,
Des auteurs courtois qui vont en se frappant le cœur...
Parlez-moi d'amour et j'vous fous mon poing sur la gueule,
...
Brassens, Poèmes et Chansons,Sauf le respect que je vous dois, Paris, éd. mus. 57, 1973 [1972], p. 369. Rem. La docum. atteste le composé lèche-cul, subst. masc. − Et puis ce n'est pas un lèche-cul, lui, au moins (Arland, Ordre, 1929, p. 12). Flairer au cul de qqc./qqn. Ces courtisans flairant au cul de tout pouvoir (Borel, Rhaps.,1831, p. 123).Se traîner au cul de qqn. On se traîne au cul des maîtres comme par le passé (Flaub., Corresp.,1852, p. 452).♦ Saluer, remercier à cul ouvert. Faire de profondes salutations, remercier avec effusion. Il est, avec les supérieurs, d'une platitude écœurante. Sa manière de saluer le directeur, de saluer à cul ouvert, me fait rougir de honte (Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 34).
γ) [Paresse] ♦ Tirer au cul. Faire le paresseux. Synon. tirer au flanc.− C'était un bon petit gars, notre Pinette, on l'aimait bien parce qu'il tirait au cul comme nous, c'est pas lui qui se serait mis en avant quand on demandait un volontaire (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 48). Rem. La docum. atteste le composé tire-au-cul, subst. masc. Les tire-au-cul, les rossards et les fortes têtes (Courteline, Train 8 h 47, 1888, 3epart., I, p. 215).
δ) [Satiété, indignation] ♦ En avoir plein le cul. Être excédé. Synon. en avoir plein le dos.Voilà quinze jours que je marche, j'en ai plein le cul, je veux me reposer (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 202). ♦ Avoir qqn dans le cul. En être excédé, le détester. Je vous ai tous dans le cul, toi, le maire, l'adjoint, le député, et les gendarmes! (Zola, Terre,1887, p. 235). ♦ Se taper le cul par terre, sur le trottoir, dans un seau, etc. Montrer une attitude de révolte et de dérision. On avait apporté les guitar's avec nous Car, devant la musique, il tombait à genoux, Excepté toutefois les marches militaires Qu'il écoutait en se tapant le cul par terre (Brassens, Poèmes et Chansons,L'Ancêtre, 1973 [1969], p. 331).C'est à se taper le cul par terre! (cf. Céline, Mort à crédit, 1936, p. 239), dans un seau. C'est ridiculement révoltant. Figurez-vous (...) cette corde nouée qui se dénoue toute seule : c'était à se taper le cul dans un seau (Giono, Baumugnes,1929, p. 182). g) [Pour énoncer un jugement de valeur] ♦ Se foutre (se mettre) qqc. au cul. Le rejeter comme sans valeur ou bon seulement pour des usages subalternes. − Tu peux te la foutre au cul, ta soupe! Je vas dormir (Zola, Terre,1887, p. 301).− Oh, ton papier. Tu peux bien te le mettre au cul, si c'est ton idée (Aymé, Jument,1933, p. 63). ♦ Qqn ou qqc. (de) mon cul. Quelqu'un ou quelque chose que je juge sans valeur, inexistant du point de vue de l'efficacité. Les États-Unis de mon cul, dit Pinette (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 71): 4. − (...) On entendit au loin le claquement sec d'une mitrailleuse.
− DCA?
− DCA, mon cul! C'est l'avion qui tire, oui!
Sartre, Mort ds âme,1949p. 87. ♦ Il n'y a pas plus de (qqn ou qqc.) que de beurre au cul. Celui ou ce dont on parle est inexistant ou sans valeur. Les uns fouillant vers le coteau toutes les ravines, tous les bosquets... (...) Pas plus de Courtial que de beurre au cul!... (Céline, Mort à crédit,1936, p. 627). ♦ Comme mon cul. Mal. Il chantait : « L'Internationale sera le genre humain ». Tu chantes comme mon cul, lui dit Dubech (Sartre, Sursis,1945, p. 168). 2. En partic. Cul de la femme. Gentil, gros, joli cul a) [En tant qu'élément caractéristique de la forme du corps ou de la beauté féminine] Dame de mes pensées au cul de perle fine Dont ni perle ni cul n'égale l'Orient (Apoll., Alcools,1913, p. 61): 5. Je le laissais causer... moi la boniche elle me revenait bien... elle avait le cul presque carré, tellement qu'il était fait en muscles. Ses nichons aussi de même c'était pas croyable comme dureté...
Céline, Mort à crédit,1936, p. 582. b) [En tant que partie érotogène du corps] Tortiller du cul. N'ayant plus que cette mortelle offense à bombarder au nez de la troupe, elle montra son cul (Zola, Germinal,1885, p. 1506).La Mireille en plus du cul étonnant, elle avait des yeux de romance, le regard preneur (Céline, Mort à crédit,1936, p. 21). − P. métaph. : 6. Il y a un album qui commence par une narration sentimentale de M. Julien (...). Il y a des vers qui montrent le cul du caractère français; l'expression est juste : à propos de Jean-Jacques, on y parle d'aller à la garde-robe. Il ne faut pas cependant que je profane ce charmant mot de cul, ce serait condamner les idées qui m'ont donné le plus de plaisir à Vienne.
Stendhal, Journal,1809-11, p. 117. c) P. méton., HABILL. Faux cul et, p. ell. du déterminant, cul. Rembourrage qu'à différentes époques les femmes portaient, sous la robe, au bas du dos. Synon. tournure.En entrant dans la première salle, chaque femme était obligée de quitter son cul, sa bouffante, ses soutiens... et de vêtir une lévite blanche (Lettre d'un garde du roi,1786ds Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p. 108). B.− Trou du cul et, p. ell. du déterminé, cul. Anus. Péter du cul, se torcher le cul. On m'a torché le cul à fond (Céline, Mort à crédit,1936, p. 80).Elle enlevait la crotte au cul du vieux (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 116). − Loc. proverbiale fig. Péter plus haut que son cul. ,,Entreprendre des choses au-dessus de ses forces; Prendre des airs au-dessus de son état`` (Ac. 1835-1932) : 7. ... il n'est rien que je méprise davantage que de parler plus haut que je ne pense. Caliban qui est franc et brutal dit qu'il ne faut pas péter plus haut que son cul.
Guéhenno, Journal d'une Révolution,1938, p. 125. C.− Partie du corps contenant ou constituant le sexe. 1. [En parlant du sexe de l'homme ou de la femme] ♦ Affaires, histoires, ... de cul. D'amour physique. Synon. histoires de cuisses, de fesses : 8. − Elle t'aime, dit Mathieu.
− Merde pour elle! répondit Pinette. (...)
− Elle m'agace, dit Mathieu. Et puis, de toute façon, les histoires de cul ne me passionnent pas aujourd'hui. Mais tu as eu tort de la sauter, si c'était pour la laisser tomber ensuite.
Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 152. ♦ Prêter, vendre son cul. Se prostituer. Tout le monde vend quelque chose... Moi, je vends mon cul... (Goncourt, Journal,1896, p. 965).Prêter son cul pour dix francs est une infamie (Flaub., Corresp.,1860, p. 305). ♦ Avoir des couilles (en parlant de l'homme), du poil (en parlant de la femme) au cul. Être particulièrement apte à l'amour physique; p. ext., avoir de la vigueur, du courage. Les maquereaux-couilles-au-cul (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 17).« La petite Émilie n'a plus de poil au cul! » (H. Bazin, Vipère,1948, p. 68). ♦ Mettre, avoir le feu au cul. Exciter quelqu'un, être excité sexuellement; p. ext. dans l'action, le comportement général. Je m'en vais à tous leur mettre au cul un feu dont ils ne se doutent pas (Flaub., Corresp.,1871, p. 319).Alors il rentra précipitamment chez lui. (...). − Qu'est-ce qui t'arrive? T'as le feu au cul! (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 236).Le feu au cul comme elle avait, ça lui était difficile de trouver assez d'amour (Céline, Mort à crédit,1936, p. 20). 2. [En parlant du sexe de la femme] Vous vous plaignez du cul des femmes qui est « monotone ». Il y a un remède bien simple, c'est de ne pas vous en servir (Flaub., Corresp.,1878, p. 135).Ainsi donc le cul et la galette, tel est le diptyque du journaliste contemporain (Bloy, Journal,1903, p. 164).Depuis l'ascension de Musyne et de Madame Herote, je savais que le cul est la petite mine d'or du pauvre (Céline, Voyage,1932, p. 263): 9. Quelqu'un fait la remarque que dans ce bon peuple, si puritain dans les drames, on ne pourrait citer une seule famille ayant donné le jour à une putain célèbre, qui se refuse à vivre du cul de sa fille.
Goncourt, Journal,1871, p. 846. D.− P. méton. [Pour désigner une pers.; souvent avec un déterminant qui précise la caractéristique ou la valeur symbolique de la pers.] 1. [Aspect physique] Cul-bas ou bas-du-cul ou bout-de-cul. Personne petite, courtaude. Un abominable bout-de-cul, coiffé d'une casquette en velours (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 95).La photographie de ce p'tit bas-du-cul (Barbusse, Feu,1916, p. 50).La fille, un cul-bas, une chevrette noiraude (Montherl., Démon bien,1937, p. 1296). 2. [Symbole d'immobilité physique et/ou morale] Cul(-)de(-)plomb*. Cul-terreux*. 3. [Symbole d'inintelligence ou d'objet d'antipathie] Cul. Personne stupide, niaise. Quasi-synon. (en plus grave) con.Espèce de cul, vieux cul. « Un pur cul, Pascal! » crie Gautier (Goncourt, Journal,1863, p. 1267).Il avait un air de se ficher du monde, cet animal! Il riait comme un cul, le trou de la bouche arrondi, ...; un vrai cul, enfin! (Zola, Assommoir,1877, p. 754).Je lui dis [au commis] : « C'est aussi un cul [S. C. Leconte]! » (Léautaud, Journal littér.,4, 1922-24, p. 91). ♦ En constr. d'appos. ou d'attrib. avec valeur d'adj. Ce qu'il, ce qu'elle est cul; air cul. C'était donc cul son procédé (Céline, Mort à crédit,1936, p. 452).Le geste de me frapper le bas-ventre, geste hautement significatif... avait choqué ce bourgeois cul et poussiéreux (Aymé, Confort,1949, p. 206). Rem. Au même sens, v. cucu(l) B. − P. ext. [En guise de désignation injurieuse] Personne méprisable, très antipathique. Petit, gros cul. Tu ne sais donc pas que ce petit cul ne fréquente plus maintenant que la grande bourgeoisie, la haute industrie? (Aymé, Travelingue,1941, p. 52). ♦ Cul béni(t) v. béni, ie, bénit, ite, I B 1 a. 4. Cul-nu. Amour représenté tout nu. Les culs-nus d'amours, qui se roulent aux frises, prennent aux yeux des danseurs un mouvement de course effrénée et folle comme la leur (A. Daudet, N. Roumestan,1881, p. 165). ♦ En constr. d'appos. avec valeur d'adj. Impudique : 10. Bonne chère, bon feu, le « va te promener la honte » et toutes idées et tout mot « cul nud, » la vraie intimité des hommes qui sont au-dessus des apparences et qui les jugent sans soigner la rédaction du jugement, ...
Barbey d'Aurevilly, Memorandum 2,1839, p. 392. − [P. anal. d'aspect] Jeunes danseuses d'Opéra : 11. Trois douzaines de cupidons,
Qu'une actrice a mis sur la paille,
Hier mendiaient, et la marmaille
Les poursuivait de gais lardons.
Chez Lise ils frappent d'un air triste;
Lise répond : nous sommes sourds.
Quoi! Vivrez-vous donc toujours,
Vieux petits culs nus d'amours?
Béranger, Chansons,t. 3, Les Pauvres amours, 1829, p. 177. Rem. Les dict. attestent en outre le sens de « mendiant, personne misérable » (supra I A e). II.− [Pour désigner une partie du corps de certains animaux] A.− Partie postérieure du corps comprenant les fesses et le fondement*. Synon. train de derrière.Voilà de la pitié aussi bien placée qu'une plume au cul d'un porc! (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 285).L'agriculteur, toutes choses pour lui réduites à ses deux mains et au cul noir de son buffle, avait soin seulement de mener droit son sillon (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 110).Sur le trottoir il y a un chien Il est assis sur son cul Il regarde l'évêque (Prévert, Paroles,1946, p. 127). − CHASSE. Tirer au cul levé. Tirer le gibier au moment où il prend son vol. Il faut pourtant que je les tire [les alouettes]! Au cul levé, c'eût été hasardeux. Il [M. Sud] préférait s'en désigner une et la voir s'abattre, se motter, là, entre ces deux taupinières (Renard, Lanterne sourde,1893, p. 79). B.− P. anal. et p. méton. 1. [Pour désigner un animal] Cul-blanc*. Rem. Les dict. attestent d'autres dénominations de même type : cul-brun ou doré (bombyx), cul-rousset (sorte de fauvette), etc. 2. [Pour désigner un fruit] Cul-de-chien (région. [Lorraine]). Nèfle. Cul-de-mulet. (Variété de) figue. Rem. Attestés par Ac. Compl. 1842, Lar. 19e, Littré, DG, Rob. 3. [Pour désigner un objet] Cul(-)de(-)poule* B. III.− [P. anal. des emplois I ou II] A.− [P. anal. de position] Partie inférieure ou postérieure d'une chose. 1. [Chose naturelle] Cul d'artichaut. Synon. fond d'artichaut.Le goût du fruit de l'arbre à pain se retrouve dans celui du cul d'artichaut (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 71).Il présenta lui-même (...) un plat d'artichauts à notre mère, et lui dit : « Encore un petit cu, madame. » (A. France, Crainquebille,La Cravate, 1904, p. 132). 2. [Chose créée par l'homme] Partie inférieure ou postérieure ou extrême d'un objet. a) Partie inférieure. Cul de marmite, de tonneau. La vaisselle de cérémonie, dans un équilibre audacieux, les assiettes en tour de Pise, les verres cul sur cul, l'un, renversé, portant l'autre debout (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 41). SYNT. Cul de barrique, de chaudron, de chope, de flacon, de gamelle, de poêle, de pot, de seau. − Cul de basse(-)fosse*. − Cul de bouteille. Vous tous qui cherchez dans le vin le souvenir ou l'oubli, (...) ne contemplez plus le ciel que par le cul de la bouteille (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 324). ♦ P. anal. et méton. Verre épais et de couleur, entouré de plomb, de certaines fenêtres et portes vitrées. Ces coups de gueule (...) transperçaient les épais culs de bouteilles de la porte (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 6etabl., III, p. 247). ♦ En constr. d'appos. avec valeur d'adj. Vert très foncé. Les verts russe ou cul-de-bouteille (Arnoux, Roi,1956, p. 171). − Faire cul sec. Vider d'un seul trait un verre de vin, etc. (de manière que le fond en paraisse sec). Elle [madame Tim] retourna s'asseoir et se versa un verre de vin et le but très crânement, cul sec, comme j'avais fait depuis le commencement du repas (Giono, Roi sans divertiss.,1947, p. 207). b) Partie postérieure, située à l'arrière. − Cul de charrette. Le cul d'une charrette de pierres a donné dans ma lucarne et en a défoncé la grille (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 545).La charrette a failli se mettre sur son cul (Bernanos, Crime,1935, p. 778). ♦ (Mettre, lâcher, etc.) une charrette, un véhicule sur le/à cul. Le fond reposant à terre et les limons en l'air. La place, dès le matin, était encombrée par une file de charrettes qui, toutes à cul et les brancards en l'air, s'étendaient le long des maisons (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 145). − MAR. [En parlant d'un bateau] Partie arrière. Un bateau qui a une hélice à chaque bout, c'est un bateau qui marche toujours à reculons. Il n'a pas d'avant, ton bateau. Il a deux culs. Et toi, ça fait trois! (Pagnol, Marius,1931, IV, 1, p. 210). ♦ Être sur le cul. ,,Être trop enfoncé de l'arrière`` (Barber 1969). c) Partie extrême. Cul de poulie. Partie d'une poulie opposée à l'extrémité qui porte la fixation. L'entretoise qui porte l'engoujure [d'une poulie] est appelée cul de poulie, l'autre est le collet (Galopin, Lang. mar.,1925, p. 42). B.− [P. anal. de forme] − Bouche en cul(-)de(-)poule v. cul(-)de(-)poule A. − MARINE ♦ Gros cul (vx). Gros bâtiment de la marine de guerre (cuirassé, cf. Gruss 1952) ou de la marine marchande. Elle [la frégate] pique d'abord droit au cul lourd, au bâtiment en panne (Sue, Atar-Gull,1831, p. 22). − P. méton. Marin et p. ext., homme de troupe, soldat. Tabac de gros cul et p. ell. gros cul. Tabac de troupe. Le révérend (...) nous apprenait le latin et le grec, entre deux pipes de « gros cul » (H. Bazin, Vipère,1948, p. 73). ♦ Cul de porc. ,,Épissure d'arrêt formant le bout du filin`` (Barber 1969). M. Corbière (...) nous écrase sans pitié sous « les enfléchures, les drailles, les culs-de-porc, les queues-de-rat et les drisses ». (Musset, Revue des Deux Mondes,30 oct. 1832, p. 370). Rem. Jal 1848 remarque que ce nœud gros et rond ,,est sans analogie avec la croupe du cochon``. On peut penser que cul de porc est une déformation plaisante de cul de port, attesté à la fin du xviiies. (cf. Jal). Prononc. et Orth. : [ky]. l final est imprononcé dans le simple comme dans les dér. du type : cul-blanc, gratte-cul, cul-de-jatte, etc. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932; les éd. de 1694 et 1718 soulignent que, souvent, on n'écrit pas l; à comparer avec les éd. de 1762-1878 qui ajoutent qu'on supprime parfois l dans l'écriture; l'éd. de 1740 note qu'il disparaît dans les expr. cu-bas, cu-levé. Mais la majorité des dict., y compris Ac. à part l'éd. de 1740, orthographient cul-levé. Littré et DG enregistrent cu en tant que var. moins usitée de cul. Les mots composés à partir de cul. A. Leur plur. Le simple prend seul la marque du plur. quand il est suivi de la prép. de et d'un subst. : des culs-de-jatte; mais il prend la marque du plur. tout en la donnant également au terme suiv. quand celui-là est un adj. : des culs-blancs (cf. Dupré 1972, p. 576). B. Le trait d'union. Il ne semble pas y avoir de règle très stricte quant à son utilisation. Cependant, on peut tenter de dégager, à partir de Ac. et des dict. gén. les tendances suiv. : 1. Pas de trait d'union. a) Quand le mot composé fait partie d'une expr. figée qui dépasse le cadre d'un mot composé : être chargé à cul, être à cul (cf. Ac. 1694-1932), sur (le) cul (cf. ibid.), mettre le cul (au) en vent, faire cul sec. b) Quand cul entre dans la composition d'un nom dans lequel il désigne encore bien la partie postérieure ou extrême d'un objet : cul de tonneau, cul d'artichaut, cul d'une lampe (à comparer avec cul-de-lampe, terme d'archit.), cul de chapeau, cul de poulie, cul de varengue. 2. Trait d'union. Quand le composé n'a plus le sens de la somme de ses composants mais désigne un concept nouveau, que cul soit déterminé par un adj. ou par un nom précédé d'une prép.; ex. : cul-cul écrit aussi cucu (cf. Lar. encyclop.) où spontanément ce n'est pas le sens de « cul » mais celui de « stupide » qui vient à l'esprit. De même cul-terreux (paysan), cul-blanc (oiseau, cf. Ac. 1835-1932, Lar. 19e-Lar. Lang. fr.). Même chose pour cul-brun, cul-doré, cul-rouge, cul-rousset avec des variations selon les dict., notamment Littré qui, s'il met le trait d'union dans cul-blanc, cul-rouge, cul-rousset, cul-rond, n'en met ni à cul-brun, ni à cul-doré. On écrit également avec trait d'union cul-de-chien, cul-de-mulet, cul-de-porc (ou de-pot), cul-de-jatte, cul-de-lampe, cul-de-four, cul-de-sac. Noter que Ac. ne met pas de trait d'union dans ces mots de 1694 à 1740, sauf dans cul-de-jatte; en 1762 elle l'ôte même dans ce mot. Ce n'est qu'à partir de 1798 qu'elle écrit régulièrement le trait d'union dans ces cas. Dans (à) cu-bas, (à) coupe-cul (jeux) et dans écorche-cul où le sens de « cul » n'est plus ressenti, Ac. 1694-1762 met le trait d'union. Noter la graph. soudée, révélatrice de ce phénomène cubas, rencontrée ds Ac. Compl. 1842. Comparer avec cul(-)levé (cf. infra 3). 3. Dans qq. cas il y a hésitation selon le sens qu'on donne au mot composé : cul(-)de(-)bouteille, cul(-)de(-)verre désignent une couleur et, pour la 2e, en outre, une maladie (cataracte); le trait d'union ne se justifie pas si on a à l'esprit la couleur particulière, opaque, très foncée, du fond d'une bouteille, d'un verre. Pour cul(-)de(-)bouteille il n'y a pas de trait d'union ds Ac. Compl. 1842, Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., Rob., mais il y en a un ds DG, Lar. encyclop., Quillet 1965 et Lar. Lang. fr.; pour cul(-)de(-)verre il n'y en a pas ds Ac. 1835-1932, Littré, Guérin 1892, Rob., mais il y en a un ds Lar. 19eet Quillet 1965. Le trait d'union ne se justifie que si l'on songe à la couleur, sans réf. au fond de la bouteille, ou si c'est à « cataracte » que l'on pense. De même dans cul(-)de(-)plomb on peut considérer que les dict. ne mettant pas de trait d'union font réf. au sens propre de « homme pesant, sédentaire », que les dict. en mettant un se rapportent au sens fig. de « homme qui manque d'imagination, de vivacité ». Si l'on peut écrire cul-de-poule pour les sens techn. (cf. Lar. 19e, Guérin 1892, DG, Nouv. Lar. ill., Rob.) on écrit sans trait d'union, les expr. en cul de poule, faire le cul de poule dans lesquelles l'anal. de forme est évidente (cf. Ac. 1694-1932). Comparer encore, ds Lar. 19e, cul tout nu (mendiant) dans lequel le sens propre est présent, avec cul-tout-nu (colchique). Cul-nu (var. cul-nud ds Lar. Lang. fr.). peut s'écrire avec trait d'union si on pense d'abord, globalement, à la statue (cf. Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr.), mais aussi sans, si on pense à ce détail que le petit ange est dessiné nu (cf. Ac. 1762-1878). Cul de basse-fosse s'écrit sans trait d'union ds la majorité des dict. (cf. Ac. 1694-1932 qui n'en place un entre basse et fosse qu'à partir de 1762); seul Lar. Lang. fr. écrit cul(-)de(-)basse-fosse. Est-ce parce qu'on sent encore le sens de « fond d'un cachot » ou est-ce parce qu'on hésite à mettre trois traits d'union dans le mot? Dans (à) cul(-) levé (jeu) il y a également hésitation puisqu'il reste la notion de se lever, de céder le siège; on rencontre un trait d'union ds Ac. 1740 et 1762 p. anal. avec (à) cu-bas, (à) coupe-cul, mais non ds Ac. 1694, 1718, 1798-1932. Enfin, bout(-)de(-)cul (var. bas(-)de(-)cul ou bas(-)du(-)cul, cf. Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr.) s'écrit sans trait d'union dans la majorité des dict. et cela se comprend car une personne dite bas du cul n'est pas seulement de petite taille mais est disproportionnée entre le haut et le bas de son corps; Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr. écrivent cependant un trait d'union. Peut-on invoquer l'anal. avec cul-de-jatte? Étymol. et Hist. 1. Ca 1179 cul « derrière » (Renart, éd. M. Roques, 982); 1872 « homme bête et grossier » (Larch.); diverses loc. entre autres a) xiiies. avoir le cul pesant « être un lourdaud » (Fabliaux, éd. Montaiglon et Raynaud, t. IV, p. 177); 1640 faire le cul de plomb « être toujours assis » (Oudin Curiositez); b) 1remoitié xiiies. son cul arrière traire « se retirer; se tenir à l'écart » (Renart, éd. M. Roques, 13479); 1886 arg. milit. tirer au cul « esquiver une corvée ou le service » (Courteline, Gaietés esc., p. 130 ds Sain. Lang. par.); c) 1536 avoir le feu au cul (sens érotique) (Roger de Collerye,
Œuvres complètes, éd. Ch. d'Héricault, 263 ds IGLF); d) 1694 baiser le cul à qqn « flatter quelqu'un bassement » (Corneille); e) 1656 péter plus haut que son cul (Oudin d'apr. FEW t. 2, 2, p. 1508 b); 2. ca 1250 le cul d'un noir chaudron « fonds ou partie inférieure de quelque chose » (De la goute en l'aine, 61 ds Rutebeuf,
Œuvres, éd. Jubinal, 1875, t. 3, p. 194). Du lat. class. culus « cul, derrière ». Fréq. abs. littér. : 610. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 259, b) 1 222; xxes. : a) 1 173, b) 1 012. Bbg. Gamillscheg (E.). Z. fr. Spr. Lit. 1930/31, t. 54, pp. 204-205. − Gottsch. Redens. 1930, passim. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 154. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 201, 405. |