| CUISTRE, subst. masc. Péjoratif A.− Vieux 1. Valet d'église; bedeau. Des cuistres de sacristie (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 35). 2. Valet de collège. Cuistre de collège (Ac.). Un timbre fut sonné et le cuistre (lisez le garçon de cour, un peu à tout faire : ...) apparut (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 4, Mes pris., 1893, p. 362). B.− P. ext., usuel. 1. Homme pédant, ridicule et vaniteux de son savoir Cuistre ignorant, sans goût; pédantisme de cuistre; faire le cuistre. Synon. pédant, pion.Ce cuistre officiel qui pontifiait dans les milieux académiques de Paris (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 15).Un cuistre imbécile et hypocrite, uniquement préoccupé de sauver son gagne-pain et de plaire à son maître (Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 11): Mais il est certaines hardiesses, certains tours que je maintiens, en dépit des puristes ou des cuistres; certaines « fautes » qui ne sont pas fautes à mes yeux, ou qui sont fautes conscientes et volontaires...
Gide, Journal,1927, p. 855. − Emploi adj. Avoir l'air cuistre. Il assurait, d'ailleurs, (...) que j'étais moins cuistre qu'il ne l'avait craint (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 42).Cette déformation cuistre qu'exerce sur de jeunes esprits le secondaire français (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1455). 2. Homme manquant de savoir-vivre. Un cuistre insolent; des coquins et des cuistres; des lâches et des cuistres. (Quasi-) synon. rustre. ♦ Employé comme injure. Vous êtes un cuistre! un paltoquet! (Labiche, M. qui prend la mouche,1852, 4, p. 156). Rem. Cet emploi est condamné par certains puristes (cf. Thomas 1956); il connote les mauvaises manières et/ou une pauvreté compensée par une certaine prétention. Prononc. et Orth. : [kɥistʀ
̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1622 cuistre « valet, subalterne dans un collège » (C. Sorel, Francion, éd. E. Roy, IV, p. 25); 1640 « écolier qui porte le manteau et le bonnet mais non la robe longue; cuisinier pour les étudiants » (C. Oudin, 2epartie du Trésor des deux lang. espagnolle et françoise); 1670 au fig. « pédant » (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, II, 3). Représente prob. le nominatif attesté sous la forme questre (1174-77 Renart, éd. Martin, br. II, 1130, terme d'injure) de l'acc. coistron « marmiton, valet de cuisine » (ca 1140 quistrun ds G. Gaimar, L'Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 103) issu du b. lat. *coquistro (dér. de coquere « cuire ») peut-être à identifier avec le b. lat. des gloses cocistro « praegustator cocinae » (CGL V, 595, 16; v. aussi T.-L.); l'initiale cui- p. infl. phonét. des mots dérivés de coquere tels cuire*, cuisine*, etc. (d'apr. FEW t. 2, 2, p. 1169 b, s.v. coquistro); le maintien du -s-par souci d'expressivité. Fréq. abs. littér. : 163. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 298. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 9-10. |