| CRÊPER, verbe trans. A.− TECHNOL. Apprêter une étoffe pour en faire un crêpe en soumettant les fils à une forte torsion; donner à un tissu l'aspect grenu du crêpe. Crêper une étoffe (Ac.1798-1932). B.− COIFFURE 1. Gonfler la chevelure en la rebroussant mèche par mèche avec le peigne ou la brosse. Sa chevelure était crêpée, de façon à simuler un nuage (Flaub., Salammbô,1863, p. 136): − Rien ne vous va plus mal que de trop crêper vos cheveux, reprit Justine.
Les grosses boucles bien lisses vous sont plus avantageuses. (...) les cheveux crêpés clair ne vont bien qu'aux blondes.
Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 161. − Emploi pronom. réfl. [Le suj. désigne la chevelure] Se gonfler, se friser. Les cheveux, plus soyeux et plus doux, se crêpaient en ondulations moins rebelles (Gautier, Rom. momie,1858, p. 243). − P. méton. [Le suj. désigne la pers. qui porte la chevelure] Se gonfler les cheveux par rebroussement au peigne ou à la brosse. Elle a l'habitude de se crêper (Littré);(attesté aussi ds Lar. 19e-20e). ♦ P. anal. Quelques nuages chauds, sous les frissons de l'air, se crêpaient mollement (Gautier, Poésies,1872, p. 205). 2. Loc. fig. fam. a) [Avec un pron. pers. à sens réciproque en constr. de compl. indir., le suj. désigne gén. deux femmes] Se crêper le chignon, la tignasse. Se quereller violemment en s'agrippant par la chevelure. Une telle (...) finissait par se crêper la tignasse avec une camarade assez malhonnête pour lui avoir pris son amant et assez taquine pour la braver (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 19).La manufacture de tabac (...) et les cigarières qui se crêpent le chignon (Mauriac, Journal 3,1940, p. 126). b) [P. ell. du nom compl. d'obj.] Se crêper.Se disputer en échangeant des coups; absol. se battre. Coran les trouva toutes deux en train de se crêper et de se bleuir, qui, sur ses observations, lui tombent dessus, lui cassent les miroirs sur le crâne (Toulet, Corresp. avec un ami,1920, p. 196). Prononc. et Orth. : [kʀ
εpe] ou [kʀepe], (je) crêpe [kʀ
εp]. [ε] ouvert à l'inf. ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834 et Littré. [e] fermé ds Fél. 1851, Dub., Pt Rob. et Lar. Lang. fr. [ε] ou [e] ds DG, Passy 1914 et Warn. 1968 qui réserve [ε] au lang. soutenu, [e] au lang. cour. Admis ds Ac. 1694-1718 sous l'anc. forme cresper; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Cf. crêpe1. Étymol. et Hist. Cresper [cf. le dér. crespeure ca 1377 (B. de Gordon, Pratique, éd. de 1495 ds Gdf.)] 1523 « onduler (en parlant des cheveux) » (Parthenice Mariane, trad. J. de Mortières, 29 b ds Rom. Forsch., t. 32, p. 40). En raison de l'apparition relativement tardive du mot, plutôt dér. de l'a. fr. crespe (v. crêpe), dés. -er, qu'issu du lat. crispare (crisper*). Fréq. abs. littér. : 7. |