| CRÉPU, UE, adj. A.− Qui présente des frisures naturelles, courtes, serrées et touffues. (Quasi-)anton. lisse, plat, uni. 1. COIFFURE. [En parlant de la chevelure d'une pers., p. méton. de cette pers. même] Une chevelure crépue, d'un roux cendré, frisée en boucles nombreuses étagées les unes sur les autres (Flaub., Tentation,1849, p. 373).Une femme encore belle, crépue de frisures naturelles qu'elle coiffait en bandeaux, tôt ébouriffés (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 188). − P. métaph. [En parlant de moyens d'expression] Qui rappelle par sa densité expressive ou ses détours complexes l'épaisseur d'une chevelure crépue. Des drames chevelus, des romans crépus, des vaudevilles poudrés et des tragédies chauves (Musset, Hist. merle bl.,1854, p. 60).Jean, éveillé, écoutait un chuchotement (...) un long colloque (...) d'où s'échappait un mot qui venait, frétillant et crépu, retrouver Jean, le mot « crise » (Colette, Gigi,1944, p. 115). 2. [En parlant (de la toison) d'un animal; en partic. d'un taureau] . Les taureaux normands à l'encolure courte (...) dressent lentement leur tête crépue (Bernanos, Joie,1929, p. 629): ... les loups, les martres, les renards, ont les poils de leur fourrure longs, touffus et soyeux; mais ils ne les ont pas crépus comme les poils de la laine, dont les entrelacs forment une toison d'une seule pièce, impénétrable aux vents : d'ailleurs le mouton n'est point un animal du nord...
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 218. B.− P. anal. Qui rappelle par son aspect les frisures naturelles de la chevelure. Les poufs marocains, le tapis « torsades » si crépu, emmagasinant lui tout seul la tonne solide de poussière (Céline, Mort à crédit,1936, p. 427). − En partic. [En parlant d'une masse de végétation] Tout acquiert de la densité, même les arbres maigres, même la broussaille crépue (Arnoux, Chiffre,1926, p. 232).La grande forêt crépue (Giono, Joie,1935, p. 468). ♦ Spéc., BOT. [En parlant (d'une partie) d'un végétal, notamment d'une feuille] Qui présente de petites ondulations serrées rappelant l'aspect d'une chevelure crépue. Un lièvre qui s'assied sur les mousses crépues (Rollinat, Névr.,Les Pouliches, 1883, p. 167). Prononc. et Orth. : [kʀepy]. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme crespu; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Cf. crêpage. Étymol. et Hist. 1539 cheveulx crespuz (Est.). Dér. de l'adj. a. fr. cresp, v. crêpe1; suff. -u*. Fréq. abs. littér. : 114. |