| CRÉDULE, adj. A.− [En parlant de pers.] Qui croit trop facilement et trop naïvement des choses même invraisemblables. Cf. croyance ex. 9.Ce pétulant orateur haranguant deux flegmatiques Anglais, trop sensés pour être crédules (Toefpfer, Nouv. genev.,1839, p. 393).Une foule attentive, ce qui ne veut pas dire crédule ni même croyante (Maurras, Avenir intellig.,1905, p. 58): 1. L'esprit de l'enfant n'est pas capable de prévention : la notion du doute est le résultat d'une longue pratique des phénomènes; elle suppose l'expérience de l'erreur, une défiance de soi et de ses sensations, une défiance d'autrui. L'enfant est crédule, comme tout primitif; le sens du vraisemblable n'existe pas en lui; le miracle ne le surprend pas.
Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 448. − Emploi subst. : 2. Croire sans évidence, sans démonstration, est un acte d'ignorance et de sottise : le crédule se perd dans un dédale d'inconséquences; l'homme sensé examine, discute, afin d'être d'accord dans ses opinions; et l'homme de bonne foi supporte la contradiction, parce qu'elle seule fait naître l'évidence.
Volney, Les Ruines,1791, p. 112. B.− [En parlant de choses] Qui révèle la crédulité; qui est inspiré par elle ou l'accompagne. Croyances crédules (Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 169): 3. Cette porte toujours est ouverte pour moi
Et jamais, vous jouant de ma crédule attente,
Votre portier ne feint que vous êtes absente.
Chénier, Élégies,Les Amours, 1794, p. 105. Rem. Noter la constr. crédule à (cf. Peladan, Vice supr., 1884, p. 310 et Lemaitre, Contemp., 1885, p. 36). Prononc. et Orth. : [kʀedyl]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1393 (Ménagier de Paris, II, 55 ds T.-L.). Empr. au lat. class. credulus « qui croit trop facilement ». Fréq. abs. littér. : 367. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 857, b) 396; xxes. : a) 409, b) 370. |