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* Dans l'article "SACRÉ, -ÉE,, part. passé et adj."
SACRÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de sacrer1et sacrer2.
II. − Adjectif
A. − Gén. postposé
1. [P. oppos. à profane]
a) Qui appartient à un domaine séparé, inviolable, privilégié par son contact avec la divinité et inspirant crainte et respect.
[En parlant d'un inanimé concr.] Arbre, bois, édifice, lieu, sol, temple sacré; enceinte, montagne, pierre sacrée. Le Golgotha ne devint sacré que deux ou trois siècles après Jésus (Renan, Avenir sc., 1890, p. 494).Une branche de gui, (...) la plante sacrée des druides (A. France, Vie fleur, 1922, p. 358).V. autel ex. 4.
Feu sacré. V. feu1I B 1 b.Loc. fig. (Avoir) le feu sacré. V. feu1II B 1 b.Voie* sacrée.
[En parlant d'un animal, dans les relig. polythéistes] Éléphant sacré; oies sacrées du Capitole; vaches sacrées de l'Inde. Cette placidité majestueuse d'Apis, le taureau sacré (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 209).Les généraux [romains] ne donnaient point la bataille avant de savoir si les poulets sacrés avaient bien mangé (Alain, Propos, 1924, p. 621).V. alcyon ex. 1.
[En parlant d'une pers.] La personne sacrée du roi; vierges sacrées. Les anciens croyaient que tout crime capital, commis dans l'État, liait la nation, et que le coupable était sacré ou voué aux dieux, jusqu'à ce que, par l'effusion de son sang il eût délié et lui-même et la nation (J. de Maistre, Œuvres compl., t. 5, Éclairciss. sur sacrif., 1924 [1821], p. 307).
ANTIQ. GR. Bataillon* sacré.
DR. CANON. Ordres sacrés. Synon. de ordres majeurs (v. majeur I A 1).Jamais, sans permission particulière du Pontife romain, les Ordres mineurs et le sous-diaconat, ou deux ordres sacrés, ne seront conférés un même jour (Billy, Introïbo, 1939, p. 238).
Antéposé. Sacré collège. V. collège1A.Sacrée congrégation*.
HIST. Sacrée Majesté. Titre donné à l'empereur d'Autriche quand on s'adresse à lui (d'apr. Ac. 1835, 1878 et Littré).
Poét. Dans le sacré Cyllène où les Nymphes des eaux M'ont nourri, de ma main j'ai coupé maints roseaux: D'un art industrieux j'y sais feindre à merveille La cime des forêts, quand le matin l'éveille (Moréas, Énone, 1894, p. 140).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'ordre du sacré. Peut-on, loin du sacré, et de ses valeurs absolues, trouver la règle d'une conduite? telle est la question posée par la révolte (Camus, Homme rév., 1951, p. 35).V. profane I A ex. de Teilhard de Chardin, pur II B ex. de Philos.:
1. C'est en latin que se manifeste le mieux la division entre le profane et le sacré; c'est aussi en latin qu'on découvre le caractère ambigu du « sacré »: consacré aux dieux et chargé d'une souillure ineffaçable, auguste et maudit, digne de vénération et suscitant l'horreur. Cette double valeur est propre à sacer; elle contribue à distinguer sacer et sanctus, car elle n'affecte à aucun degré l'adjectif apparenté sanctus. É. Benveniste, Le Vocab. des instit. indo-européennes, Paris, éd. de Minuit, t. 2, 1969, pp. 187-188.
b) Relatif à des choses ou à des personnes sacrées. Légende, mystère, mythe, rite sacré; chiffre, nom, signe, symbole sacré; banquet sacré. Les fêtes religieuses rendirent ainsi ce nombre sacré chez les peuples (...). Dieu a imprimé partout dans l'univers le caractère sacré du nombre sept (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 11):
2. Je ne jurerais pas, naturellement, que j'aie compris d'abord la pleine beauté du texte sacré [Le Livre de Job]! Mais cette lecture, il est certain, fit sur moi l'impression la plus vive, aussi bien par la solennité du récit que par la gravité de la voix de mon père... Gide, Si le grain, 1924, p. 355.
Guerre sacrée. Guerre entreprise pour un motif religieux. Synon. guerre* sainte.Dieu, représenté sous des formes monstrueuses, devint partout propriété de l'homme et de l'État. Telle fut (...) la source des haines pieuses et des guerres sacrées (Proudhon, Propriété, 1840, p. 141).
ANTIQ. GR. Guerre entreprise par les Grecs pour la défense du temple de Delphes. (Dict. xixeet xxes.).
Histoire sacrée. Synon. de histoire* sainte.À partir surtout des Veet VIesiècles, l'Église préféra aux purs symboles paléo-chrétiens l'histoire sacrée racontée par les images (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 132).
Livre sacré. V. livre1I B 3 a.
RELIG. CATH. Cœur sacré (de Jésus), Sacré(-)Cœur. V. cœur II D 3 d.
c) Relatif au culte, à la liturgie. Danse, écriture, langue, prière sacrée; paroles sacrées. On heurte les cymbales sacrées, prises au trésor du Temple (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 384).La coupe de ce vase sacré [le calice] doit être en or ou en argent doré à l'intérieur (Canseliet, Alchim., 1941, p. 183).
d) Qui est d'inspiration religieuse.
[En parlant d'une pers.] Vieil Allegri, musicien austère, Compositeur sacré des temps religieux (Barbier, Ïambes, 1840, p. 125).
Orateur* sacré. Auteur, écrivain sacré. Auteur inspiré de la Bible. C'est le Saint-Esprit qui a inspiré les écrivains sacrés (Boegnerds Foi et vie, 1936, p. 127).
[En parlant d'une réalisation] Drame sacré; chorégraphie sacrée. J'aime par-dessus tout la musique sacrée, et ce morceau (...) m'avait paru très beau (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 221).La musique peut être (...) ornement comme dans les tragédies sacrées de Racine (Serrière, T.N.P., 1959, p. 122).
Littér. Éloquence sacrée. Prédication. Synon. littér. éloquence* de la chaire.[Bossuet] consent que la raison et la science humaines aient leur place dans l'éloquence sacrée; le prédicateur ne doit même pas « négliger les ornements de l'élocution, quand il les rencontre en passant » (P. Clarac, L'Âge class., t. 2, 1969, p. 109).
Art sacré. Art dont la destination est la décoration, l'architecture des lieux de culte ou l'expression de la pensée religieuse. Les artistes soucieux d'un renouveau de l'art sacré ont introduit les métiers sous la voûte des cloîtres: ainsi le P. Robert, Manessier, tant d'autres (Cassou, Arts plast. contemp., 1960, p. 679).
2.
a) [En parlant d'un sentiment] Qui est inspiré par le sacré. Fureur sacrée. Il n'avait fait qu'entr'ouvrir ces livres de sagesse ou de folie sacrée dont Olivier s'était grisé (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1530).
Horreur sacrée. Mais ce n'était pas devant celle-là [une femme] de la timidité que j'éprouvais, c'était de l'effroi, de l'épouvante, une horreur sacrée (A. France, Vie fleur, 1922, p. 529).Mathieu vit des autos, très loin, qui semblaient immobiles, il pensa: « Ce sont des Allemands! », et il eut peur. Une drôle de peur, presque religieuse, une espèce d'horreur sacrée (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 182).V. horreur I A 2 ex. de Hugo, horrible ex. 2.
b) Vx. [En parlant d'une maladie] Mal sacré. V. mal3I A 2.
3. P. anal. [Dans un sens plus moral que relig.]
a) Auquel on doit un respect absolu. Synon. intangible, inviolable, sacro-saint.Égoïsme* sacré. Je jure sur tout ce qu'il y a de plus sacré qu'on ne touchera pas un cheveu de ta fille (About, Roi mont., 1857, p. 258).Est sacré l'être, la chose ou l'idée à quoi l'homme suspend toute sa conduite, ce qu'il n'accepte pas de mettre en discussion, de voir bafouer ou plaisanter, ce qu'il ne renierait ni ne trahirait à aucun prix (Philos., Relig., 1957, p. 32-10).
[En parlant d'un inanimé] Drapeau, sol sacré; dépôt, héritage sacré; amour, devoir, lien, serment sacré; loi, parole sacrée; droits sacrés de la personne humaine. Les dettes du jeu sont sacrées (Florian, Fables, 1792, p. 178).C'était bien la mère, avec son droit calme et supérieur de diriger l'enfant, droit sacré, fortifié, éternisé par l'ensemble des institutions et des idées (Frapié, Maternelle, 1904, p. 111).
Union* sacrée.
[En parlant d'une pers.] L'étranger est sacré pour l'Arabe mahométan, mais plus sacré encore pour l'Arabe chrétien (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 106).
Monstre* sacré.
b) À quoi l'ont tient par-dessus tout. Sa sieste, c'est sacré. Moi, quand j'ai des copains, c'est sacré, comme ma vieille et mon gosse (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 14).Tu sais parfaitement que cet après-midi est sacré pour Monsieur Siegfried (Giraudoux, Siegfried, 1928, i, 1, p. 9).
B. − Fam., antéposé
1. [À valeur intensive]
a) [En parlant d'une pers., souvent dans des phrases exclam.] Synon. bougre de (pop.), espèce de, fichu (fam.), foutu (pop.), satané (fam.).Sacré bavard, menteur, numéro, soiffard. Madame Lorilleux, jusque-là très convenable, très dame, laissa échapper un: sacré salaud! (Zola, Assommoir, 1877, p. 456).Sandrine aussi pleurait souvent; les sacrées femmes! Allez les empêcher de geindre! (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 26).
b) [En parlant d'un inanimé] Qui cause du désagrément. Synon. fichu (fam.), foutu (pop.), satané (fam.).Sacré brouillard, pays, rhume, trou; sacrée affaire, vie. Ces sacrées bottes... elles sont très difficiles... elles glissent mal (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 30).
En compos., arg. Sacré-chien. V. chien1III G.
2. [Avec une nuance admirative ou p. iron.] Sacré toupet; sacrée allure, chance. On voit bien que je viens de toucher de la corde de pendu ou tout comme; j'ai une sacrée veine (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 338).Sacrée Xénia, qu'elle était belle à l'époque! (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 69).V. aplomb ex. 15, avis ex. 2, gouapeur ex. 1.
3. Pop. [Pour renforcer un juron] Sacré diable; sacré Dieu; sacré nom de Dieu; sacré nom d'un chien. Sacré nom d'un petit bonhomme, quand vous me mettriez le nez sur la piste, je ne la suivrais pas (Bernanos, Crime, 1935, p. 808).Pas de monsieur, sacré nom d'une pipe! (Queneau, Pierrot, 1942, p. 151).V. couillonner ex. de Flaubert.
REM. 1.
Cré, adj.,pop. [Par apocope de sacré (supra II B 3)] Crés cochons, vous aviez bien l'mètre tous les deux (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Norm., 1882, p. 73).V. dieu ex. 52.
2.
Crébleu, crédié, crédieu, crénom,(Crebleu, Crébleu) interj.,pop. [Pour sacrebleu, sacredieu, sacré nom de Dieu] Crébleu, maît' Blondel, vous avez là une bobonne qui n'est pas piquée des vers (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Hist. vraie, 1882, p. 336).Pourvu cor' que ce pierrot-là nous aye pas fichus en retard! Allongeons, crebleu, allongeons! (Courteline, Train 8 h 47, 1888, p. 189).Malheur! dit le cadavre. On fait pas mieux. Crédieu! quelle poigne! (Bernanos, Imposture, 1927, p. 454).Montons-nous bien la tête, crénom! (Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1404).Crédié! Sa voiture s'est amenée en plein su la gauche (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1411).
3.
Sapré, -ée, adj.,pop., var. [P. euphém. de sacré (supra II B)] Sapré mâtin, quel malentendu! (Sardou, Rabagas, 1872, IV, 9, p. 189).On va finir par me pincer, dans ce sapré corridor (Audiberti, Mal court, 1947, I, p. 140).
Prononc. et Orth.: [sakʀe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér.: 6 716. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 11 561, b) 11 296; xxes.: a) 9 449, b) 6 960.
DÉR.
Sacrément, adv.,pop. Tout à fait, extrêmement. Synon. bigrement (fam.), bougrement (fam.), diablement (fam.), foutrement (vulg.), vachement (pop.).C'est sacrément bon; avoir sacrément raison. Un silo (...) un peu tiède quand l'air était vif et sacrément froid en plein août (Giono, Baumugnes, 1929, p. 151).Bougre de bougre. Il lâcha de nouveau le bras de Jacques pour prendre du recul. − Vous êtes sacrément bien bâti, continua-t-il (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 100).[sakʀemɑ ̃]. 1reattest. 1929 (Giono, loc. cit.); de sacré (v. sacrer1), suff. -ment2*.
BBG.Benveniste (É.). Le Vocab. des institutions indo-européennes. 2. Paris, 1969, pp. 179-180. − Cornulier (B. de). La Not. de dérivation délocutive. R. Ling. rom. 1976, t. 40, pp. 136-140. − Dub. Pol. 1962, p. 414. − Gougenheim (G.). Qq. faits d'étymol. second. B. jeunes Rom. 1961, t. 4, pp. 3-8. − Quem. DDL t. 6, 17, 19.