| CROÎT, subst. masc. A.− AGRIC., DR. Développement naturel du bétail (du point de vue du nombre et quelquefois du poids); résultat de cette action. On peut donner à cheptel toute espèce d'animaux susceptibles de croît ou de profit pour l'agriculture ou le commerce (Code civil,1804, art. 1802, p. 327).Bêtes de travail et de croît, bêtes de trafic (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 210): 1. Le preneur ne peut disposer d'aucune bête du troupeau, soit du fonds, soit du croît, sans le consentement du bailleur, qui ne peut lui-même en disposer sans le consentement du preneur.
Code civil,1804, art. 1812, p. 328. Rem. ,,Le croît des animaux est un fruit (...). À ce titre, il appartient au propriétaire par droit d'accession. Si le mâle et la femelle appartiennent à des propriétaires différents, c'est le propriétaire de la femelle qui a droit au croît. Il en était ainsi à Rome pour les enfants des esclaves`` (Nouv. Lar. ill.). [P. allus. hist.] : 2. Les chanoines réguliers de Saint-Augustin avaient des « sujets-esclaves » et réclamaient le croît de leurs esclaves femelles, alors même que le père était homme libre.
Taine, Essais de crit. et d'hist.,1858, p. 232. B.− P. ext. [À propos d'un être ou d'un procès doué d'une certaine autonomie] 1. SOCIOL. [À propos d'un animé ou d'une collectivité] Augmentation en masse, en nombre. Le croît du volume social n'accélère donc pas toujours les progrès de la division du travail (Durkheim, Division trav.,1893, p. 243).[Paris] (...) le croît démographique s'est réparti inégalement (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 410). 2. [À propos d'un végétal] Ces arbres d'un beau croît et d'une grande fierté (Sand ds Vincent, Lang. et style rust. de G. S. ds« romans champêtres », 1916, p. 203). − P. anal. La souffrance et la captivité avaient tari le croît de sa ramure (Genevoix, Dern. harde,1938, p. 153). Prononc. et Orth. : [kʀwa] ou [kʀwɑ]. [ɑ] post. ds Gattel 1841, Fél. 1851, Littré, DG, Passy 1914 et comme 1revar. à côté de [a] ant. ds Warn. 1968. Cf. croître. Ds Ac. 1798-1932. Homon. croix; formes du verbe croire. Étymol. et Hist. 1160-74 croiz « accroissement (de fortune, biens, argent) » (Wace, Rou, éd. Holden, t. 1, 1418); 1385 en partic. « accroissement d'un troupeau par les naissances annuelles » (texte cité ds Du Cange, s.v. crescentia) subsiste seulement dans cette acception dep. le xvies. Déverbal de croître*. |