| CROQUE(-)MITAINE,(CROQUE MITAINE, CROQUE-MITAINE) subst. masc. A.− Monstre imaginaire, fantastique et effrayant, de certains contes de fées, qu'on évoque pour faire peur aux enfants et dont on les menace pour s'en faire obéir. Une voix de croque-mitaine (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 183).Prends l'arme de ce héros; Puis, en vrai croquemitaine, Tu feras peur aux marmots (Béranger, Chans.,t. 2, 1829, p. 184).Les mythes du loup, du coucou, du croquemitaine (Arts et litt.,t. 1, 1935, p. 8013). B.− P. anal., p. ext. et fam. Personne très sévère et terrifiante. Jean Bart est devenu le croquemitaine de la mer du Nord (La Varende, J. Bart,1957, p. 159). − [En parlant de choses abstr.] :
... jamais un gouvernement, quel qu'il soit, ne peut protéger sincèrement que la littérature plate, id est, élégante et vide d'idées. Les idées sont le croquemitaine des gens au pouvoir.
Stendhal, Correspondance,t. 3, 1800-42, p. 6. Prononc. et Orth. : [kʀ
ɔkmitεn]. Avec un trait d'union ds la majorité des dict. dont Ac. 1878 et 1932; cf. aussi Besch. 1845, Littré, DG, Guérin 1892, Rob., Nouv. Lar. ill., Lar. 20eet Lar. Lang. fr. En 1 seul mot ds Quillet 1965. On admet les 2 graph. ds Lar. 19e, Lar. encyclop. et Dub. Au plur. des croque-mitaines. Cf. croquer1. Étymol. et Hist. 1820 (V. Hugo, Littérature et philosophie mêlées, p. 255 ds Fr. mod. t. 22, p. 134). Composé de la forme verbale croque (croquer*) et d'un 2eterme d'orig. incertaine. Il pourrait s'agir d'une composition comparable à grippeminaud, où mitaine* désignerait alors le chat, compagnon du diable à qui l'on enjoindrait de manger les enfants (Guir. Étymol., pp. 30-31); Ph. A. Becker rapproche le second terme de mitaine au sens de « gifle, injure », attesté en m. fr. : (Happe ces mittaines « reçois cette gifle », croque, croque, mon amy ceste mitaine « reçois cette injure »; Sotties des sots triumphans, III, 145 et Farce du pouvre Jouhan, VII, 369, éd. E. Droz, Le recueil Trepperel, 1935), [cf. FEW t. 6, 2, p. 177 b], le syntagme ayant été ensuite lexicalisé et utilisé en raison de son expressivité. Fréq. abs. littér. : 49. Bbg. Cramer (F.). Galloromanische Kinderschrecken. Volkstum und Kultur der Romanen. 1936, t. 9, pp. 118-142. − Descroix (J.). Croque-mitaine, étrouble, étreble. Fr. mod. 1951, t. 19, pp. 204-205. − Sain. Lang. par. 1920, p. 103, 477. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 277. |