| CROISILLON, subst. masc. A.− Élément qui en croise un autre dans le sens de la longueur. 1. Traverse (ou bras) d'une croix. Une croix de bois (...) et sur les croisillons était gravée sa devise (Barrès, Colline insp.,1913, p. 336). 2. ARCHIT. Transept (ou bras du transept) d'une église. Le croisillon et le bas-côté de droite (A. France, Île ping.,1908, p. 306). 3. CONSTR. Traverse de bois ou de pierre (perpendiculaire au meneau), qui partage une fenêtre dans le sens de la hauteur. La raie grise de son croisillon de pierre (Flaubert, Champs et grèves,1848, p. 217). Rem. On rencontre ds la docum. 2 usages de ce sens, que ne signalent pas les dict. gén. a) Cette chaîne [de collines] est traversée par un croisillon (Stendhal, Mém. d'un touriste, t. 1, 1838, pp. 115-116). b) Mme Méridier mettait régulièrement en croisillon [dans une lettre] (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 305). Cf. croiser I A remarque. B.− P. méton. 1. Ensemble d'éléments qui se croisent, croix formée par deux éléments. Au bout d'un long cordon (...), un petit croisillon de fils d'or, en manière de gland (Flaub., Mme Bovary,t. 1, 1857, p. 2).Papier à croisillons blancs et bleu cru (R. Bazin, 1907, p. 279).Les croisillons de fer du passage à niveau (Hamp, Champagne,1909, p. 78). 2. Emplois techn. a) CONSTRUCTION − Fenêtre. ♦ Croix formée par une traverse horizontale et un meneau. L'autre fenêtre (...) son croisillon de barreaux tors (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 19). ♦ Petit châssis qui supporte le vitrage. Vitres étroites serties dans les croisillons de plomb (Du Camp, Hollande,1859, p. 100). − Élément de charpente ou d'étayage, en forme d'X. Une ossature (...) sous forme de portiques et de croisillons (Gds ensembles habit.,1963, p. 8).En partic., au plur. Colombages. Les maisons à croisillons (Pourrat, Gaspard,1930, p. 262). b) MAR. ,,Petite bitte en forme de croix`` (Gruss 1952). c) MÉCAN. Articulation d'un joint de cardan. Cardan (...) ou joint à croisillon (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 183). d) MENUIS. Pièces de bois assemblées en croix. Le dossier d'une chaise Restauration formé par un croisillon (Viaux, Meuble Fr.,1962, p. 149). Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé et adj. croisillonné, ée. a) Part. passé de croisillonner. L'emploi de ce verbe, pratiquement limité au vocab. de la constr. métall., est très peu attesté ds la docum., où l'on rencontre p. ex. : Les poutres peuvent être croisillonnées et renforcées sans limite (Champly, Nouv. Encyclop. prat., t. 4, 1927, p. 125). b) Adj. [En parlant d'inanimés concr.]
α) Qui est étayé de croisillons ou comporte des croisillons. Les hautes grues noires et squelettiques, les ponts roulants, les flèches d'acier croisillonnées, les câbles, les poutrelles en X, dressaient un enchevêtrement cyclopéen de machines monstrueuses et rouillées, lamentablement inutiles (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 312).
β) Qui est orné de croisillons. Des turbans croisillonés de vert (Tharaud, Rabat, 1918, p. 124). Prononc. et Orth. : [kʀwazijɔ
̃]. [ɑ] post. ds Passy 1914, et comme 1revar. à côté de [a] ant. ds Warn. 1968. Cf. croix. Admis ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1375 croisellon « traverse d'une croix » (Inv. du Trés. de Fécamp ds Gdf. Compl.); 1567 croesillons [des fenêtres] (Delorme, Archit., VIII, 14). Dér. de croix*; suff. -illon (-ille* et -on*). Fréq. abs. littér. : 35. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 32. |