| CROC-EN-JAMBE, subst. masc. A.− Action ou acte de placer le pied dans les jambes de quelqu'un ou d'entourer de sa jambe la jambe d'autrui pour le renverser. Faire un croc-en-jambe à qqn. Synon. croche-pied.[Il] renversa le marquis par un croc-en-jambe donné à l'articulation intérieure des genoux (Balzac, Marana,1833, p. 121): En pleine course il fut atteint d'un croc-en-jambe et culbuta net. Je le vis à terre, agitant les membres en tout sens. (...) le choc extrêmement violent lui avait coupé la respiration. J'accourus et le relevai.
Lacretelle, Silbermann,1922, p. 92. B.− Au fig. 1. Action détournée, sournoise, avec des intentions malveillantes. Parviendra-t-on, ou non, à donner un croc-en-jambe à M. Guizot, à ce ministère qui semblait si assis et si sûr de lui au commencement de la session? (Sainte-Beuve, Corresp.,t. 5, 1818-69, p. 470). 2. Fait de détourner quelque chose de sa vraie nature. Faire un croc-en-jambe à la vérité. Synon. faire une entorse.Imposer aux habitudes un perpétuel croc-en-jambe (Cocteau, Poésie crit.2, 1960, p. 13).Ce croc-en-jambe donné à tous ses sentiments et à toute sa politique à l'égard de la jeune fille (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1146). Prononc. et Orth. : [kʀ
ɔkɑ
̃
ʒ
ɑ
̃:b]. Cf. croc. Au plur. des crocs-en-jambe avec la même prononc. qu'au sing. (cf. Grammont Prononc. 1958, p. 131). Land. 1834 enregistre au sing. croc-en-jambes. Un sénateur donne un croc-en-jambes à la loi civile de l'Empire (Mérimée, Lettres Ctesse de Montijo, t. 2, 1870, p. 49). Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1554 croc de la jambe (Amyot, trad. de Diodore, XVII, 22 ds Hug.); av. 1577 forme hybride croc ingambe (Monluc, Commentaires, t. II, ibid.); 1584 croche en jambe (Lettre de M. Stuart à M. de Gray ds Gdf. Compl.); 1611 croc en jambe (Cotgr.). Composé de croc*, de en* et de jambe*. Fréq. abs. littér. : 32. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 167. |