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CROC, subst. masc.
A.− Instrument recourbé.
1. Tige de métal ou de bois, à une ou plusieurs extrémités recourbées et souvent pointues, et qui sert à suspendre quelque chose. Croc de boucher. Il remit l'appareil [le téléphone] au croc (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 242).Des chaînes de saucisses rouges suspendues à tous les crocs de la boutique (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 251):
1. Quand l'un des malheureux enfants était amené dans sa chambre, Bricqueville, Prélati, Sillé, le pendaient à un croc fiché au mur; et, au moment où l'enfant suffoquait, Gilles ordonnait de le descendre et de dénouer la corde. Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 16.
P. métaph. On l'avait vue [Véronique] se détailler à la main sur tous les comptoirs de stupre, pendre à tous les crocs de la grande triperie du libertinage (Bloy, Désesp.,1886, p. 68).
Loc. fig., vieilli. Mettre, pendre au croc (qqc.). Renoncer à quelque chose. Si Dieu ne change mes résolutions, je mettrai bientôt mon armure au croc (Courier, Lettres Fr. et It.,1808, p. 782).Être au croc. Être en suspens. Le conseil de famille pour Louise est encore au croc (Amiel, Journal,1866, p. 406).
Spécialement
a) MAR. Tige métallique recourbée, de forme variée, servant à fixer, accrocher. Croc de candelette, du palan d'étai; croc à chaîne, à ciseaux, à échappement, à émerillon, à cosse; croc moucheté, croc double; croc à ourdir (utilisé dans les corderies). Ils coupèrent les amarres d'un radeau, l'attachèrent au croc du mât de charge, et cinq ou six hommes pesant sur le palan, le soulevèrent à un mètre du sol (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 247).
b) Vieux
Tige recourbée, utilisée par les voleurs pour ouvrir une serrure. Jouer du croc. Crocheter les serrures. Maître François Villon, Parisien, célèbre dans l'art poétique autant que dans l'art de la pince et du croc (Nerval, Nouv. et fantais.1855, p. 186).
Instrument de torture. Crocs rougis au feu; crocs à traîner. La guillotine, affreuse et de meurtres rougie, Est un pas sur le croc, le pal et le bûcher (Hugo, Année terr.,1872, p. 190).
2. P. ext. Instrument composé d'un manche auquel est fixée une pièce métallique faite d'une pointe recourbée ou de deux pointes, l'une droite et l'autre courbe, ou de deux ou plusieurs pointes courbes, et qui sert généralement à décrocher, à tirer à soi. Croc de chiffonnier. Croc de batelier. Perche servant à conduire et arrêter les bateaux. Comme un corps d'astre (...) que quelque marinier céleste ramène d'un coup de croc (Zola, Nouv. Contes Ninon,1874, p. 129).Cf. agonie ex. 30.
[Désignant des armes de la guerre du siège] Intentions dont témoignent honnêtement ces crocs et ces grappins et ces échelles et ces pieux (Claudel, Visages radieux,1947, p. 767).
Spécialement
AGRIC. Croc à fumier; croc à foin; croc à pommes de terre (destiné à l'arrachage des pommes de terre). L'ouvrier [arracheur de tubercules] armé d'un croc à deux branches analogue à une houe à bras enfonce celui-ci à proximité de la touffe, de façon que le fer arrive en dessous des tubercules (Passelègue, Mach. agric.,1930, p. 247).
ARM. Arquebuse à croc. Cf. arquebuse A.
B.− [P. anal. de forme (cf. A 1)]
1. Dent de l'animal ou de l'homme.
a) Canine des carnassiers, principalement. Crocs féroces, pointus, puissants; crocs de chien, de sanglier, de cheval; donner un coup de croc; planter ses crocs dans un mollet :
2. Le guépard assistait à mon réveil (...); sa gueule carmin sombre, où luisaient les beaux crocs blancs, s'ouvrait et se fermait paresseusement. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 235.
Rare. Crochet d'un serpent. Quand on ne peut enlever ses crocs à un serpent venimeux (Amiel, Journal,1866, p. 239).
P. métaph. Dehors il faisait un froid vif, une belle gelée, qui, tout de suite, lui planta ses crocs aux oreilles (Courteline, Boubouroche,1893, p. 28).
Expr. Montrer les (des, ses) crocs (en signe de menace). Miraut déjà montrait des crocs aigus et, pour répondre à cette provocation, Goupil (...) découvrait lui aussi (...) des gencives décolorées d'où jaillissaient des canines pointues (Pertaud, De Goupil,1910, p. 30).P. métaph. En 1886, l'opportunisme courtois n'était plus qu'un mot vide de sens, la république montrait ses crocs (Bernanos, Gde peur,1931, p. 188).
b) Pop. ou fam. Dent de l'homme. J'ai les crocs qui m'asticotent : mal d'amour (Genevoix, Nuits de guerre,1917, p. 236).L'édredon a glissé par-dessous et elle y a enfoncé ses crocs, en sorte que sa bouche est pleine de duvet (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 210).Ils avaient plus de crocs pour bouffer, tellement qu'ils étaient vermoulus (Céline, Mort à crédit1936, p. 358).
Loc. Avoir les crocs. Avoir faim. Synon. avoir la dent (cf. dent C 1) :
3. − Ça fait rien, dit-il, en attaquant la choucroute. − Tu as l'air d'avoir les crocs, remarqua Paradis. − Pas tellement. C'est seulement pour le plaisir. Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 124.
2. [En parlant des moustaches recourbées] D'abord, je n'ai pas, tant s'en faut, La moustache aussi provocante; Avec ces crocs à la prévôt, J'ai l'air d'en défier cinquante (Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 214).Ses moustaches en crocs (Genevoix, Raboliot,1925, p. 221).
3. P. compar. ou p. métaph. [En parlant de rochers] Les crocs noirs et pointus des rochers de la côte (Richepin, Caresses,1877, p. 264).Des festons, des stalagmites, des crocs d'obsidienne pendaient au-dessus de nos têtes, nos chevaux butaient sur des arêtes (Cendrars, Moravagine,1926, p. 245).Des blocs de pierre en crocs (Malraux, Espoir,1937, p. 634).
Prononc. et Orth. : [kro]; c final est muet (cf. lettre C supra t. 4, A 2) sauf quand le mot entre dans l'expr. croc-en-jambe [kʀ ɔkɑ ̃ ʒ ɑ ̃:b]. Noter que ds certains dict. anc. c final se prononce : cf. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841 (qui ajoute néanmoins : ,,plus communément le c final ne se prononce point``) et Nod. 1844. Le mot est attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 « fer recourbé pourvu d'un long manche » (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1474); 2. ca 1150 « grappin servant à accrocher quelque chose » (Charroi de Nîmes, éd. J.-L. Perrier, 777); 3. av. 1673 « dent de certains animaux » (Molière, Princesse d'Élide, I, 2). De l'a. b. frq. *krok (correspondant à l'a. nord. krókr, De Vries Anord.) passé en fr. à une époque relativement tardive, ce qui explique le maintien du -c, cf. lat. médiév. croccus « crochet », xies., CGL t. 5, p. 624, 42. V. aussi encrouer. Fréq. abs. littér. : 273. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 189, b) 539; xxes. : a) 523, b) 395. Bbg. Brüch 1913, p. 9. − De Gorog 1958, p. 214. − Giraud (J.). Vie Lang. 1973, p. 4. − Gottsch. Redens. 1930, p. 255. − Rog. 1965, p. 89. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 89. − Sain. Lang. par. 1920, p. 516. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 192, 196; t. 3 1972 [1930], p. 175. − Thurneysen 1884, pp. 96-97.