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CRISPATION, subst. fém.
A.− [Correspond à crisper I] Resserrement qui diminue la surface d'un objet en le ridant.
Spéc., MÉGISSERIE. Apparition d'un ensemble de plis et de rides entrecroisés sur la fleur d'une peau soumise à une influence extérieure (chaleur, contact d'un produit chimique, etc.). Synon. grain :
1. ... les non-tanins [contenus dans la solution tannante] permettent l'utilisation de jus forts sans risque de crispation de la peau... Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux,1947, p. 55.
B.− [Correspond à crisper II] Action de (se) crisper; son résultat.
1. Resserrement des muscles sur eux-mêmes. Crispation d'un membre; avoir des crispations dans les jambes. Synon. partiels contraction, crampe.Dans les premiers exercices, l'élève pourra éprouver quelques crispations pour maintenir l'instrument [violoncelle], même un engourdissement des jambes (Lallement, Dyna. instrum. archet,1925, p. 15).Les crispations de son visage montraient seules les souffrances qu'il endurait (Léautaud, Passe-temps,1929, p. 140):
2. Les yeux, sous la visière des casques, se portèrent vers la grande aiguille et chacun éprouva une petite crispation nerveuse. Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 159.
[Le compl. prép. en de désigne la cause de la réaction musculaire] . Crispation de haine, de peur. La glace de l'armoire lui renvoya son image qu'elle saisit avec une crispation de détresse (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 323).
P. métaph. L'apparente crispation de la mousse à même le roc avec ses licteurs (Ponge, Parti pris,1942, p. 35).
2. Au fig. ou p. métaph. [En parlant de faits psychiques]
a) Tension psychique. H. R. Lenormant présenterait au contraire une crispation, une anxiété assez proche de celle des expressionnistes allemands (Arts et litt.,1936, p. 3007).
b) Immobilisation dans une certaine attitude d'esprit. Crispation sur le passé (en politique), crispation sociale (Dict. 5 1973).Les fausses généralisations suivent toujours des crispations de pensée dont un égocentrisme boudeur est l'origine (Mounier, Traité caract.,1946, p. 657).La grâce du jeu consiste dans la possibilité de mettre fin aux crispations, aux scléroses de la vie professionnelle (Jeux et sp.,1968, p. 1163).
c) Vif agacement. [Tout dans son mari] lui donnait des crispations nerveuses (Mérimée, Double mépr.,1833, p. 4).Toutefois rien ne se fait, car c'est l'homme qui est pièce dans cette machine, où le moindre changement produit une émeute des imaginations, et une crispation redoutable (Alain, Propos,1921, p. 245).
Prononc. et Orth. : [kʀispasjɔ ̃]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. 1743 chir. « resserrement de chair à l'approche du feu » (Trév.) d'où 1762 méd. « contraction » (Ac.); 2. 1835 fig. (Ac. : Sa lenteur me donne des crispations). Dér. de crisper*; suff. -(a)tion*. Fréq. abs. littér. : 110.