| COUVERT1, subst. masc. A.− Voûte protectrice constituée par un arceau de feuillage; plafond constitué par les ramures et le feuillage des arbres d'une forêt. Le couvert épais, le couvert végétal. Un couvert de tilleuls (Balzac, E. Grandet,1834, p. 80).Sortir du couvert des grands arbres (cf. Moselly, Terres lorr.,1907, p. 122): 1. Nous nous acheminons tous trois par des sentiers creux, très profonds, qui fuient devant nous sous le couvert des hêtres et qui sont tout pleins de fougères.
Loti, Mon frère Yves,1883, p. 183. − En partic., ART MILIT. Terrain feuillu servant à dissimuler des troupes ou des engins : 2. Elle [la guerre] a tout perverti (...) même les paysages innocents. Une plaine c'est la rase campagne; une forêt un couvert...
A. Arnoux, Contacts allemands,1950, p. 72. − Spéc., fam., arg. Cabane misérable : 3. L'humble couvert de tôle qu'on a construit près de la rue Grégoire-de-Tours, sur l'emplacement d'une ancienne maison, n'existait pas [en 1911].
F. Carco, Nostalgie de Paris,1941, p. 206. B.− [En parlant de pers.] Celui, celle qui endosse la responsabilité des actes accomplis par quelqu'un à qui il sert de garant. Être le couvert de qqn, servir de couvert à qqn : 4. Usez successivement des trois couverts suivants (...). Monsieur Guasco, avocat à Turin. Monsieur Giovani Plana, astronome à Turin. Monsieur Dominique Vismara, ingénieur à Novare.
Stendhal, Corresp.,t. 2, 1800-42, p. 54. − P. ext. [En parlant d'une chose] Ce qui sert à masquer ou à atténuer un désagrément ou une impression pénible : 5. Le goût sucré [de la mélasse] plaît beaucoup aux animaux et, sous ce couvert, on peut leur faire manger plus de paille et même des aliments quelque peu altérés.
É. Saillard, Betterave et sucrerie de betterave,1923, p. 544. C.− Loc. adv. et prép. 1. Loc. adv. À couvert. Sous la protection matérielle de quelque chose qui couvre. Arriver à couvert, s'exercer à couvert, tirer à couvert. L'orangerie, que l'on trouvait au bout [de la serre], menait à couvert jusqu'aux communs du château (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 61).Mettez-vous vite à couvert, car ce sera bientôt une fusillade (Morand, New York,1930, p. 91). − Au fig. Sous la garantie, sous la protection de. Agir à couvert, être à couvert, se mettre à couvert, mettre qqc. à couvert. De cette façon, dit Ninon, nous ne cesserons d'avoir la chère enfant sous les yeux, et nous aurons mis notre responsabilité à couvert (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 58): 6. ... il [Arnauld] se déroba aussi par la retraite, non sans avoir écrit une belle lettre d'excuses à la reine, et il trouva successivement refuge chez plusieurs amis, à couvert, disait-il, sous l'ombre des ailes de Dieu.
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 188. 2. Loc. prép. a) À couvert de. À l'abri de. À couvert de la pluie, du vent, de l'orage. Se mettre à couvert du mauvais temps du dehors (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 191). − Au fig. Sous la garantie de, à l'abri de : 7. ... il s'écoulera encore quatre mois avant la fin de votre deuil. Allons l'attendre dans une autre ville. Vous y passerez pour ma femme, et mon nom vous mettra à couvert de toute fâcheuse interprétation.
Karr, Sous les Tilleuls,1832, p. 218. b) Sous le couvert de (fig.). − [Le compl. de la loc. désigne une pers. servant de garantie, qui assume officiellement une responsabilité à la place d'une autre] Sous la caution de. Sous le couvert du Directeur, du Ministre, d'un prête-nom. Sous le couvert de MM. Bontems et Mallet négociants (Staël, Lettres jeun.,1790, p. 391): 8. Tu sais bien que ce n'est pas volontairement que je me sépare de toi. Écris sous le couvert de ma femme de chambre, que l'adresse soit d'une main étrangère, moi je t'écrirai des volumes. Adieu! Fuis.
Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 437. − [Le compl. de la loc. désigne ce qui sert à dissimuler une réalité, l'apparence trompeuse qui la masque] Sous la protection, l'égide de. Sous le couvert de phrases vagues, sous le couvert de propos vides : 9. Les directeurs de la maison pour laquelle je travaille, mes chefs, M. Mayer lui-même, que j'ai toujours jugé si loyal et si fin, poursuivent, sous le couvert du mensonge, un commerce déshonnête.
Duhamel, Journal de Salavin,1927, p. 121. Prononc. : [kuvε:ʀ]. Étymol. et Hist. Cf. couvrir1. |