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COUTIL, subst. masc.
Toile de chanvre, de lin ou de coton, d'un tissage croisé, fortement serré, propre à faire des tentes, des enveloppes de matelas, d'oreillers, etc., ou à confectionner certains vêtements. (Fait) avec du/de/en coutil. Son domestique en veste de travail de coutil rayé (Proust, Swann,1913, p. 72).Quelques travailleurs du quartier habillés de gros coutil (G. Roy, Bonheur occas.,1945, p. 17):
Il me faudra, au meilleur marché possible, de la futaine blanche à matelats [sic], pour 4 matelats de 3 p(ieds) et demi de largeur, du coutil blanc pour un lit de plume que j'ai à refaire; puis du coutil blanc pour deux traversins et id pour deux sommiers de crin, ... Balzac, Correspondance,1838, p. 485.
Coutil de brin (ou grains grossiers). ,,Ceux dont on se sert pour garnir les chaises et autres meubles`` (Gay t. 1 1887). Coutil de satin, de soie. Tissu très solide présentant un côté brillant et satiné (cf. Lar. 20e-Lar. Lang. fr. et Quillet 1965).
P. méton., vx
Objet fait en coutil.
Enveloppe de traversin, taie d'oreiller faite en coutil. (Attesté ds Havard t. 1 1887).
Vêtement fait en coutil. En partic. vêtement de travail, de chasse, solide, manquant d'élégance. Des hommes en redingote, d'autres en coutil (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 301).Le coutil bleu, taché de cambouis, moule la cuisse (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1091).
Rare. Personne qui porte un vêtement de coutil. Le petit coutil (...) avait l'air de ne pas entendre (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Trou, 1886, p. 578).
Rem. Non attesté ds les dictionnaires.
Rare. Couleur qui rappelle la teinte du coutil. L'appendice, où est la cage de l'escalier, est peint en coutil rouge (Balzac, Lettres Étr.,t. 1, 1850, p. 484).Souliers noirs ou verts; ou de prunelle ou de coutil (Balzac, Œuvres div.,t. 2, 1850, p. 155).
Rem. 1. Cette accept. semble ignorée de la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. 2. À l'origine, le coutil était bis ou écru (cf. Lar. 20e), mais par la suite, on fabriqua du coutil teint en couleurs voyantes (cf. Havard t. 1 1887). 3. On rencontre ds les dict. (Lar. 19e-20e, Guérin 1892, Quillet 1965) l'adj. coutissé, ée. [En parlant d'une chose] Garni de coutil.
Prononc. et Orth. : [kuti]. L'ensemble des dict. (cf. de Fér. 1768 à Lar. Lang. fr.) et des ouvrages (cf. Rouss.-Lacl. 1927, pp. 166-167, Fouché Prononc. 1959, p. 379, Kamm. 1964, pp. 216-217) sont d'accord sur la non-prononc. de l final, sauf Grammont Prononc. 1958, pp. 93-94, pour lequel on prononce [kutil]; l final s'est normalement maintenu en fr. (ex. filu > fil) mais c'est sous l'infl. de l's du plur. qu'il a disparu de la prononc. de mots en -il tels que chartil, chenil, courtil, coutil, douzil, fournil, fraisil, fusil, gentil, nombril, outil, persil, sourcil (pour cette liste cf. Fouché, loc. cit. et Bourc.-Bourc. 1967, § 191). Ds Ac. depuis 1694. Var. coutis (s du plur. avec disparition de l) ds Land. 1834. Étymol. et Hist. [1202 keutil (Tailliar, Recueil d'actes en langue romane wallonne, Douai, 1849, p. 25; éd. douteuse)]; 1338 coutil (Delisle, Actes normands, p. 195 ds IGLF). Dér. du rad. de l'a. fr. coute « matelas de plumes », v. couette1*; suff. -il*. Fréq. abs. littér. : 88.