| COURRIER, subst. masc. I.− [Courrier désigne une pers.] A.− Vieux 1. Homme à cheval qui précédait les voitures de poste pour préparer les relais : 1. Le courrier avertissait secrètement les postillons de l'approche d'une seconde calèche pour le service de laquelle il commandait deux chevaux.
Lamartine, Raphaël,1849, p. 229. 2. Homme qui portait rapidement les dépêches à grandes distances. Courrier de cabinet. Porteur de dépêches diplomatiques. Courrier apostolique. Messager du pape auprès des évêques : 2. Un courrier qui arrive de Paris demande à parler à M. le duc d'Aumont... de la part de Sa Majesté.
A. Dumas père, Mllede Belle-Isle,1839, IV, 2, p. 74. − En partic. ♦ Porteur de dépêches en malle-poste : 3. Le courrier de la malle m'apporte une très belle lettre de M. de Béranger en réponse à celle que je lui avais écrite en partant de Paris : ...
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 120. ♦ Messager, homme de confiance chargé de transmettre les ordres d'une personnalité. Je ne veux cependant pas laisser partir le courrier de M. l'Ambassadeur d'Autriche sans le charger d'un mot pour vous (Chateaubriand, Corresp., t. 4, 1789-1824, p. 134). 3. P. ext. Valet de pied : 4. ... un vieux monsieur qui avait sa voiture, une belle voiture à quatre chevaux, un courrier en avant et un domestique.
Balzac, Albert Savarus,1842, p. 119. ♦ Salle des courriers et p. ell. du subst. déterminé courriers. Salle où se tenaient les valets des voyageurs : 5. Mais si encore Françoise ne s'était liée qu'avec des femmes de chambre amenées par des clients, lesquelles dînaient avec elle aux « courriers » (...) si en un mot Françoise n'eût connu que des gens qui n'étaient pas de l'hôtel, le mal n'eût pas été grand, ...
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 693. B.− Usuel 1. Employé des P.T.T. convoyant ou triant les lettres, les dépêches. Courrier convoyeur, ambulant*. 2. Messager, agent de liaison. Nous étions quatre avec Clemenceau. Un courrier arriva en automobile avec un rapport de Foch et le tendit à Clemenceau (Barrès, Cahiers, t. 12, 1919-20, p. 3). 3. Au fig. Personne (ou parfois chose) porteuse d'une nouvelle. Rem. Dans ce dernier emploi, on rencontre ds la docum. de nombreux ex. du fém. courrière, parfois en fonction adjective : La barque courrière (J.-J. Ampère, Corresp., 1824, p. 291). Combien l'œil, fatigué des pompes du soleil, Aime à voir de la nuit la modeste courrière (Delille, Homme des champs, 1800, p. 40). II.− [Courrier désigne une chose] A.− [Courrier désigne un moyen de transport] 1. Vx. La malle-poste qui transportait les dépêches. Voyager par le courrier. Je suis parti à midi dans le courrier, arrivé le 4 à six heures du matin à Valence (Stendhal, Journal,t. 2, 1801-18, p. 160). 2. Usuel a) Véhicule affecté au service de la poste. Répondre par retour du courrier; courrier par courrier. La vie de la compagnie s'était arrêtée, puisque ce courrier, prévu pour deux heures, serait décommandé, et ne partirait plus qu'au jour (Saint-Exup., Vol nuit,1931, p. 132): 6. J'ai répondu tout de suite et courrier par courrier que j'étais prêt à lire sur place tout ce qu'on voudrait, mais que je ne confierais le manuscrit à personne, ...
Hugo, Correspondance,1852, p. 99. − MAR., vx. Petit bâtiment armé pour la course. b) P. ext., TRANSP. AÉRIENS ♦ Long-courrier. Avion, bateau assurant un service commercial régulier sur de longues distances : 7. ... les seize grands cargos long-courriers en construction en 1948 pour la compagnie générale transatlantique avaient tous une vitesse prévue comprise entre 15,5 nœuds et 17 nœuds, ...
H. Le Masson, La Mar.,1951, p. 105. ♦ Moyen-courrier. Avion de transport conçu pour voler sur de moyennes distances. B.− [Courrier désigne une chose transportée] 1. Ensemble des lettres, imprimés, paquets qui sont acheminés et distribués par les services de la poste. Dépouiller son courrier. Enfin, lorsque sonnaient cinq heures, il devait signer le courrier (Zola, Bonh. dames,1883, p. 707): 8. Je puis, quand le facteur apportera le courrier, le charger de cette commission; mais, voyons, vous avez donc bien hâte de nous quitter?
Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 237. 2. Rubrique régulière spéciale d'un journal alimentée par les lettres des lecteurs. Courrier des lecteurs. − En partic. Courrier du cœur. Rubrique dans laquelle les lecteurs d'un journal font part de leurs problèmes sentimentaux et demandent des conseils; réponse du journal à ces demandes. − P. ext., vieilli. Chronique régulière d'un journal. Courrier de la bourse, courrier littéraire. Jenny Fagette ... qui, la nuit, brûlait ses yeux de pervenche à rédiger des courriers mondains et des articles de modes (A. France, Hist. comique,1903, p. 62).Péj. : 9. Il reste ... à mes contradicteurs une ressource, celle d'affirmer qu'Alexandre Dumas n'est pas l'auteur de son Salon. Mais cette insulte est si vieille ... qu'il faut l'abandonner ... aux faiseurs de courriers et de chroniques.
Baudelaire, Curiosités esthétiques,1867, p. 229. − P. méton. [Dans le titre de plusieurs quotidiens] Journal. Le Courrier de l'Ouest, du Centre (cf. La Civilisation écrite,1939, p. 3801). Prononc. et Orth. : [kuʀje]. Ds Ac. 1694-1932. Cf. courir. Étymol. et Hist. 1. Début xives. corier « porteur de messages » (L'entree d'Espagne, éd. A. Thomas, 13764); id. courier (Gestes des Chyprois, éd. G. Raynaud, p. 285); 1464 courrier (arrêt du 19 juin ds Anc. lois générales, t. X, 489); 2. 1631-32 nom donné à certains journaux (Le Courrier universel, titre cité ds G. Lanson, Manuel bibliograph., t. 1, p. 255); 3. 1770 « ensemble des lettres que l'on envoie ou que l'on reçoit » (J.-J. Rousseau, Confessions, éd. Pléiade, livre 7, p. 307); 4. 1816 « véhicule chargé du service de la poste » (Maine de Biran, Journal, t. 2, p. 871). Empr. à l'ital. corriere « porteur de messages », attesté dep. le xiiies. (Ristoro d'Arezzo ds Batt.; cf. lat. médiév. currerius « messager » dès 1162 à Gênes ds Nierm., et ital. corriere désignant au xiiies. des porteurs de messages entre l'Italie et les foires de Champagne d'apr. FEW t. 2, p. 1573 b), dér. de correre (courir*) avec suff. -iere d'orig. fr. (v. Rohlfs, no1113). Fréq. abs. littér. : 1 747. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 169, b) 2 969; xxes. : a) 1 180, b) 2 424. Bbg. Hope 1971, p. 35, p. 149. − Kemna 1901, pp. 191-192. − Vidos 1939, p. 22. − Wind 1928, p. 74, 155. |