| COURBURE, subst. fém. A.− Forme d'une chose, d'un corps courbé (cf. courbement ex.). Le nez offrait une courbure bourbonnienne (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 56).On avait conscience alors de la « courbure » de la terre, qui seule empêchait de voir au delà (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 72): 1. D'après l'apparence fracturée des deux extrémités, il paroît que la longueur totale de cette corne devoit être considérable. Sa courbure est celle d'un grand cercle.
Crèvecœur, Voyage dans la Haute-Pensylvanie,t. 3, 1801, p. 218. 2. Ne connaissons-nous pas déjà des forces écoulées, abolies, qui se maintiennent présentes par le bouleversement de leur passage? Le torrent d'hiver dans son lit de rocs arrachés et de terre éventrée, le vent de l'océan dans la courbure servile des pins qui restent pliés par la mémoire de son souffle.
Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 90. ♦ P. métaph. : 3. Sans doute nous ne pensons qu'avec une petite partie de notre passé; mais c'est avec notre passé tout entier, y compris notre courbure d'âme originelle, que nous désirons, voulons, agissons.
Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 5. − Spécialement 1. ANAT. Courbure cervicale. 2. ARCHÉOL. Courbure d'une feuille de chapiteau; courbure d'une voûte; courbure d'un arc rampant. 3. BOT. Courbure de croissance. Cf. auxine. 4. GÉOM. Ligne de courbure d'une surface; rayon de courbure. 5. PHYS. Courbure de l'espace [Dans la théorie de la relativité d'Einstein] Forme courbe créée, dans un espace-temps à quatre dimensions, par la matière et d'autant plus accentuée que la densité de la matière y est plus grande : 4. Le P. Teilhard de Chardin a très heureusement mis en valeur, par-dessus les diverses « courbures » des physiciens, une « courbure de la personne » qui travaille le monde dès l'origine pour frayer les voies à une autonomie de plus en plus affirmée de l'action personnelle en même temps qu'à une solidarité de plus en plus étendue de l'univers.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 76. B.− P. méton. Partie courbe d'un objet, d'un corps. Courbure de l'hameçon, de l'estomac. Les éclairs de son collier se dardent comme des yeux vivants au-dessus des courbures de ses épaules vivantes (Taine, Notes Paris,1867, p. 231). C.− Action de rendre courbe un objet. Les cithares-en-terre (...) ayant de commun avec la scie musicale de n'être pas, à vrai dire, susceptibles de tension, et d'être cependant soumises à des effets de courbure (Schaeffner, Orig. instruments mus.,1936, p. 150). − Spéc., HORTIC. Cf. arcure. Prononc. et Orth. : [kuʀby:ʀ]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. xves. [ms.] corveures (Brun de Longborc, Cyrurgie, ms. de Salis, fo73 d ds Gdf. Compl.). Dér. de courber*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér. : 257. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 742, b) 222; xxes. : a) 106, b) 276. Bbg. Gohin 1903, p. 377. |