| COUR1, subst. fém. A.− Espace découvert entouré de murs, de haies ou de bâtiments, attenant à une maison d'habitation et à ses commodités ou à un édifice. Cour intérieure. Cette cour était environnée de haies et de murs assez hauts, et les portes en étaient soigneusement fermées (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 226).D'anciens « atria » se voient à Rome, devant les églises monastiques primitives (...) : ce sont des cours enceintes de murailles peu élevées (Lenoir, Archit. monast.,1852, p. 97): 1. Arrivé dans la grande cour carrée de la ferme, garantie des vents par les bâtiments qui l'entourent, on y trouve tous les animaux domestiques réfugiés pêle-mêle avec les enfants de la maison; c'est l'arche de Noé placée sur la terre.
Bonstetten, L'Homme du Midi et l'homme du Nord,1824, p. 26. SYNT., EXPR., a) Cour + subst. [Le compl. désigne des inanimés concr.] Cour d'auberge, de caserne, du château, du collège, du couvent, des diligences, d'école, d'église, d'entrée, de la gare. Cour d'honneur. Principale cour d'un château ou d'un palais. Cour de l'hôpital, de l'hôtel, du lycée, de la maison, du palais, de la prison, de la récréation; cour des Archives, de la Conciergerie, des Hypothèques, des Invalides, des Messageries, du Ministère, du Palais Royal. b) Subst. + de cour [A propos de pers. qui y accomplissent une tâche] Homme de cour. Valet de ferme. Deux vachers ou hommes de cour, un berger et un petit porcher, en tout douze serviteurs (Zola, Terre, 1887, p. 99). c) Verbe + prép. + cour. Donner sur cour. − Loc. Côté cour, côté jardin (cf. côté I A 2).P. métaph. Il [Machiavel] est fort amateur de farces et ses principes les plus secs ont toujours un côté cour et un côté jardin (Giono, Voy. Italie,1953, p. 257).Entre cour et jardin. Les maisons comme elles sont dans les campagnes (...) entre cour et jardin (A. France, Bergeret,1901, p. 87). − Fam. et pop. Être sur la cour. Être au chômage quand on se trouve en prison (d'apr. Esnault, [Commentaire (I.G.L.F. 1950) de Chautard, Vie étrange arg. (1931)]). Va pleurer dans la cour. Laisse-nous tranquille (cf. Carabelli, [Lang. pop.]). Rem. 1. On rencontre également ds la docum. a) l'expr. fille de basse-cour. Fille de ferme. Les postillons, les palefreniers et les filles de basse-cour (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 321). b) Les mots composés avant-cour*, arrière-cour*, cour-jardin. C'était une petite cour-jardin, tout en broussailles et ordures, entourée d'une palissade branlante, derrière laquelle on voyait des cages à lapins (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 114). 2. Pierreh. 1926 atteste le subst. fém. courtine, région. (Suisse romande) au sens de ,,place ou fosse à fumier``. − P. méton. Groupe de personnes qui se trouvent dans la cour. Tout à coup le bruit courut que les groupes deux à deux étaient interdits. Ce fut une révolution [au collège]. La cour s'émut (Estaunié, Empreinte,1896, p. 67). B.− P. anal. Impasse dans les villes, entourée de murs ou de maisons d'habitation. Cour du Commerce. Le club des Cordeliers, à la cour du Commerce (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 342).Cour des Fermes, cour des Miracles. Endroit où se retrouvaient mendiants et truands et où disparaissaient comme par miracle les infirmités qu'ils affectaient au-dehors. Une partie de la cour des Miracles en était close par l'ancien mur d'enceinte de la ville (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 455).Le Borghetto, espèce de cour des Miracles où se rassemblait la canaille (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 206). − P. méton. Groupe de mendiants, de truands et de faux infirmes. Le lépreux avait disparu, ainsi que son conseil de mendiants. La place était nette comme si la cour des Miracles n'y eût jamais siégé (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 230). ♦ P. iron. : 2. Ce fut l'abbé Judaine qui donna le signal du départ pour la Grotte (...) Et l'effrayant défilé, cette cour des miracles de la souffrance humaine roulait sur le pavé en pente.
Zola, Lourdes,1894, p. 149. Prononc. : [ku:ʀ]. Enq. : /kuʀ/. Ds Ac. 1694-1932. Homon. courre, cours, court, formes du verbe courir. Avant-cour est admis ds Ac. 1694, s.v. avantcour; ds Ac. 1718-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. A. 2emoitié xes. cort « espace découvert entouré de murs, d'habitations » (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 244); 1616 Cour des Miracles « repaire de gueux » (Drachier d'Amorny, Le Carabinage ou Matoiserie soldatesque, p. 31 ds Sain. Sources Arg. t. 1, p. 55). B. 1. 2emoitié xes. curt « résidence d'un souverain et de son entourage » (Saint-Léger, éd. J. Linskill, 44); 2. ca 1100 curt « entourage d'un souverain » (Roland, éd. J. Bédier, 231); ca 1352 cour de Romme (G. Le Muisit, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 324); 3. ca 1130 cort « souverain et son conseil » ici « assemblée de vassaux réunie par le souverain pour régler une question importante ou pour une solennité » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 161); début xives. estre bien de court « jouir de la faveur du roi » (G. Guiart, Royaux Lignages, éd. J.-A. Buchon, t. 8, 11456); 4. a) 1539 Faire la court a quelqu'ung « être empressé auprès de lui pour gagner ses faveurs » (Est.); 1651 spéc. id. à une femme « la courtiser » (Corn., Nicom. I, 1 ds Littré); b) 1690 cour « ensemble de personnes cherchant à obtenir les faveurs de quelqu'un » (Fur.). C. 1. début xiies. curt « siège de justice » (Lois Guillaume, éd. J. E. Matzke, § 24); 2. xiiies. Haute Court (Assises de Jérusalem, éd. Beugnot, t. 1, p. 23); 1549 désigne les tribunaux d'ordre supérieur (Est. : cours souveraines); spéc. 1804 cour de cassation, v. cassation; 3. xiiies. « magistrats composant ces tribunaux » (Assises de Jérusalem, t. 1, p. 54); 1690 (Fur.); 4. fin xiiie-début xives. Court d'Amours (Mathieu Le Poirier, Le Court d'Amours [titre] d'apr. Romania, t. 10, 1881, p. 519); 1830 Cour des comptes (Balzac, 21, 475 ds Quem.). Du b. lat. curtis « cour de ferme » (vies. ds TLL, s.v. cohors, 1550, 6) puis « enclos comprenant maison et jardin, tenure » (d'où l'a. fr. cort « ferme, exploitation agricole » xiiies. ds Gdf.) et « centre d'exploitation d'un fisc, résidence royale » (Capit. de villis ds Nierm.), « entourage du roi, personnel de la cour royale » (Capit., ibid.), « curia d'un prince territorial, surtout dans sa fonction de tribunal » (1000, ibid.). Curtis est issu du lat. class. cohors « coin de ferme » et dans la lang. milit. « division du camp » d'où « troupes (cantonnées dans cette division) » accessoirement « gardes du corps d'un grand personnage ». L'orth. mod. cour est prob. due à l'infl. du lat. médiév. curia attesté dans des sens analogues (Nierm.). DÉR. Courette, subst. fém.Petite cour intérieure. À droite et à gauche de cette cour, qu'il me faudrait plus justement nommer courette, s'ouvraient les fameux « communs » (Duhamel, Terre promise,1934, p. 82).Des courettes d'une tristesse maladive avec leur petit carré d'herbe verte entouré de murs noirs, espèce de fonds de puits tragiques (Green, Journal,1936, p. 66).Semble s'employer plus spéc. dans le Nord pour désigner une petite cour sombre encastrée dans des maisons d'habitation (attesté ds Littré et Quillet 1965). − [kuʀ
εt]. Ds Ac. 1932. − 1resattest. a) 1797 (Princesse Louise de Condé dans l'Introduction à sa Correspondance, 1889, p. XV ds R. Philol. fr. t. 27, p. 95 : On dit qu'il est question de donner au roi une petite possession en Russie, de lui laisser porter ce titre et de lui former une apparence de courette); b) [av. 1854 d'apr. Pt Rob.] av. 1866 « petite cour » (Blanqui ds Lar. 19e); de cour, suff. -ette*. − Fréq. abs. littér. : 49. BBG. − Archit. 1972, p. 32. − Bruppacher (V.). Zur Geschichte der Siedlungsbezeichnungen im Galloromanischen. Vox rom. 1961, t. 20, p. 133. − Gottsch. Redens. 1930, p. 218. − Pris ds l'actualité. Amis Lex. fr. Lex. dern. 1975, no3, p. 3 (s.v. courette). |