| COUPURE, subst. fém. Action de séparer, de rompre par une intervention délibérée; résultat de cette opération. A.− [Avec l'intervention d'un instrument tranchant] 1. Action de pratiquer une division dans un corps solide par un instrument tranchant; résultat de cette action. Le tapis ne montrait aucune trace de coupure (Verne, 500 millions,1879, p. 233). a) Spéc. Incision accidentelle faite dans la chair par quelque chose de coupant. Une petite coupure, une coupure profonde; se faire une coupure. Un homme lourd, aux joues molles, sur lesquelles les coupures du rasoir saignaient longtemps (Nizan, Conspir.,1938, p. 110). − P. anal. Sensation comparable à celle d'une coupure. Les malades à peine abrités contre les coupures de la bise (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 86). b) P. ext. Brèche ou excavation (naturelle ou artificielle), rompant l'uniformité d'une surface, d'un terrain. La coupure de la grande barricade (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 362): 1. Les bois descendaient dans la vallée encaissée d'un torrent. Dans cette coupure étroite, bien abritée et orientée en plein sud, le printemps était plus avancé qu'ailleurs.
Giono, Bonheur fou,1957, p. 138. 2. P. méton. Morceau qui a été coupé ou découpé dans un tout. Seigneur, prêtez-moi une coupure de votre manteau pour y abriter tous les hommes (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 565). − Spéc. Coupure de journal. Article ou fragment d'article découpé dans un journal. Il avait mis de côté pour moi des notes, des coupures de revues et de journaux (Martin du G., In memor.,1921, p. 573). B.− [Sans l'intervention d'un instrument tranchant] 1. [L'idée dominante est celle de séparation] a) Élément qui établit une séparation dans ce qui a une continuité dans l'espace ou dans le temps, ou bien dans ce qui constitue concrètement ou idéalement un ensemble cohérent. Pour diviser l'espace, il faut des coupures que l'on appelle surfaces (Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 74): 2. La chute de l'empire romain et le haut moyen âge introduisirent non seulement une coupure ou un hiatus, mais, en plus, une rupture totale avec le passé.
P. Rousseau, Hist. des transports,1961, p. 65. − Arg. Réplique interrompant le fil d'un discours et destinée à faire diversion, à donner le change à un importun, à un adversaire. Faire une coupure. ♦ P. ext. Expédient rompant avec la situation. Il n'y a rien à faire dans un pareil patelin (...) j'y ai atterri par la force des choses, mais je cherche une coupure (Vialar, La Chasse aux hommes,Les Faux-fuyants, 1953, p. 117). b) Partie séparée d'un tout. − ,,Partie d'une action ou d'une obligation portant le même numéro et pouvant s'acquérir séparément`` (Lar. comm. 1930). − Fraction du billet de banque type considéré comme unité. Le portefeuille où la coupure de cinquante francs, si chèrement achetée, dormait, en attendant la suite de sa destinée errante de billet de banque (Miomandre, Écrit eau,1908, p. 223). c) Partie retranchée d'un ensemble. Passage supprimé d'un ouvrage littéraire, musical, dramatique, etc. : 3. Il faut (...) choisir (...) parmi les effets, les situations, abréger beaucoup, ne prendre que les reliefs (...) A ces coupures, l'action doit gagner en clarté, en rapidité; mais elle perd toujours un peu de sa logique.
A. Daudet, Pages inédites de crit. dramatique,1897, p. 201. 2. [L'idée dominante est celle de cessation] Arrêt brutal dans le cours d'une chose. La suite de cet entretien manque à ma mémoire. La coupure est aussi brutale que si je fusse, à ce moment, devenue sourde (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 101).Cette coupure de toutes les habitudes, et, plus encore, de l'habitude de penser à Maurice (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 342). − Spéc. Coupure du courant électrique, de l'eau, du gaz. Interruption momentanée de leur distribution. Boîte de coupure : 4. Cette électricité doit se prêter en chemin à toute manipulation. On installe donc, sur des points déterminés du réseau, des postes dits de transformation, de coupure ou de raccordement. De transformation quand il s'agit de distribuer le courant, de coupure quand on l'interrompt, de raccordement quand on veut brancher deux lignes l'une sur l'autre.
Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 192. Prononc. et Orth. : [kupy:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. 1279 copeure [des arbres] (doc. ds Gdf.); 1393 « incision faite par un instrument tranchant » (Ménagier, II, 43 : endroit de la coupeure); 2. fin xviies. « solution de continuité dans un terrain » (Saint-Simon, III, 318 ds DG). B. 1. 1580 littér. coupure (des chapitres) (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, III, IX, 1117); 2. 1792 fin. coupure d'assignat (Coll. Lois, t. X, p. 591 ds Brunot t. 9, p. 1079). C. 1834 « suppression dans une œuvre littéraire » (Land.). Dér. de couper*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér. : 404. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 114, b) 547; xxes. : a) 692, b) 910. Bbg. Quem. Fichier. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 39. − Uren (O.). Le Vocab. du cin. fr. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 207. |