| COULEUVRE, subst. fém. A.− ZOOLOGIE 1. Vx, surtout au plur. Reptile de l'ordre des Ophidiens (cf. Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 77). Synon. colubridé : 1. En mars, la couleuvre sort de son trou, et, épuisée par l'effort, s'endort au soleil, luisante, toute neuve.
Renard, Journal,1902, p. 741. 2. Serpent non venimeux dont il existe plusieurs espèces. Couleuvre d'eau. La couleuvre, immobile sur la mare, déglutissait laborieusement sa proie, les mâchoires horriblement dilatées (Pergaud, De Goupil,1910, p. 163). − [P. compar. avec l'allure souple ou avec les mœurs de ce reptile] Être habile, souple, paresseux comme une couleuvre. Louise se glissa comme une couleuvre par la porte entrebâillée (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 523).Mais tu verras, tout à l'heure, si je suis une couleuvre. Quand il faut travailler, on travaille (Zola, Germinal,1885, p. 1402): 2. La duchesse de Maufrigneuse et madame d'Espard regardèrent d'abord ma mère, puis le baron, d'un air pétillant, narquois, rusé, plein d'interrogations contenues. Ces fines couleuvres ont fini par entrevoir quelque chose.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées,1842, p. 264. − P. métaph. La « jeune fille», aussi verte que sa robe (...) sa couleuvre de cheveux perdue dans les plis de sa traîne (Colette, Apprent.,1936, p. 62). B.− Au fig., vx. Insinuation malicieuse ou perfide. Madame Madeleine Lemaire, experte aussi en l'art de cacher des couleuvres sous des roses et des violettes (Blanche, Modèles,1928, p. 112). − Loc. fam. Avaler des couleuvres. Subir des affronts ou éprouver des difficultés sans se plaindre. Quand on a commencé à avaler quelques couleuvres, fût-ce par politique, on finit par les avaler toutes (Montherl., Reine morte,1942, p. 172). ♦ Emploi factitif. Faire avaler des couleuvres à qqn. Lui infliger des humiliations, des désagréments. On me fait avaler des couleuvres toute la journée, répétait le baron (Stendhal, L. Leuwen,t. 1, 1836, p. 45). C.− Emplois techn. 1. ARTILL. Couleuvrine*. La couleuvre de bronze dégorge ses entrailles (Chateaubr., Natchez,1826, p. 276). 2. HÉRALD. Meuble qui représente une couleuvre. La couleuvre milanaise (Quinet, Allem. et Ital.,1836, p. 173). Prononc. et Orth. : [kulœ:vʀ
̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1121-35 culovre (Ph. de Thaon, Bestiaire, 2641 ds T.-L.); 1174-1200 « insulte à l'adresse d'une personne déloyale » (Renart, éd. M. Roques, br. 5, 6071); 2. 1667, 23 mai fig. faire avaler des couleuvres à quelqu'un (Bussy Rabutin, Lettre ds Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 1, p. 491). Du lat. vulg. colobra (TLL, s.v. colubra, 1727, 15) altération du lat. class. colubra « couleuvre femelle », masc. coluber « couleuvre, serpent (en général) ». Fréq. abs. littér. : 315. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 468, b) 730; xxes. : a) 424, b) 293. DÉR. 1. Couleuvreau, subst. masc.Petit de la couleuvre. Les œufs de la couleuvre à collier ont une coquille malléable. (...) Trois jours après la ponte le couleuvreau fend l'œuf grâce à une dent qui tombera tout de suite après (La Vie des bêtes,mai 1975, no202, p. 22).− [kulœvʀo]. Ds Ac. 1798-1932. − 1reattest. 1572 (R. Belleau, La Bergerie, 1rejournée [I, 267] ds Hug.); du rad. de couleuvre, suff. -eau*. 2. Couleuvrée, subst. fém.,bot. Plante à tige grimpante, comparable à la forme d'une couleuvre, de la famille des Cucurbitacées. Synon. bryone.Attesté ds les dict. gén. du xixes. dont Ac. 1798-1878, ainsi que ds Lar. 20eet Quillet 1965; sous la forme colubrine ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Quillet 1965.− [kulœvʀe]. Ds Ac. 1694-1740, s.v. coulevrée; ds Ac. 1762-1878 sous la forme mod. (-eu), ds Ac. 1932, s.v. colubrine. − 1resattest. 1539 coulevree (Est.); 1611 couleuvree (Cotgr.); de couleuvre (p. allus. au caractère rampant de cette plante), suff. -ée*. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 112. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 202. − Rog. 1965, p. 42. |