| COUDOYER, verbe trans. A.− Vx. Toucher, heurter (quelqu'un) du coude. Un passant le coudoya, qui ne se retourna même pas pour s'excuser (Zola, Argent,1891, p. 46). − Emploi pronom. réciproque. « Nous étions si serrés à table, qu'il était impossible de ne pas se coudoyer » (Ac.1878-1932). B.− Usuel 1. Passer très près de quelqu'un en le touchant presque. Synon. frôler : 1. Les négociants et les fonctionnaires marchaient côte à côte; ils se laissaient coudoyer, heurter même et déplacer par de petits employés à la mine pauvre.
Sartre, La Nausée,1938, p. 73. − Emploi pronom. réciproque. Être très proches voisins. On vivait côte à côte, on se coudoyait, et les gardiens vous confondaient (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 280). 2. P. ext. a) [En parlant de pers.] Rencontrer souvent quelqu'un ou être en contact habituel avec quelqu'un. Synon. croiser, rencontrer, côtoyer, fréquenter.Il pensait aux braves gens, riches d'intelligence et de cœur, qu'il coudoyait dans les couloirs de la Chambre (Vogué, Morts,1899, p. 263).Au moins, me donnerez-vous votre souvenir, passants qui m'avez coudoyé si souvent dans vos rues? (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 81): 2. Dans les amphithéâtres de la Sorbonne, je coudoyai des garçons et des filles qui avaient fait leurs études dans des cours et des collèges inconnus, dans des lycées...
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 156. − Emploi pronom. réciproque dans le même sens. Se coudoyer dans la rue. Aux dîners de la rédaction, des vétérans, Mallarmé, Huysmans, Villiers de l'Isle-Adam, se coudoyaient autour d'une langouste et d'un bol de crème fouettée (Blanche, Modèles,1928, p. 12). b) [En parlant du comportement de pers., de choses abstr. les concernant] Exister côte à côte avec. Synon. côtoyer, aller de pair avec.Elle imposait à Christophe des programmes baroques, où de plates rapsodies coudoyaient les chefs-d'œuvre (Rolland, J.-Chr.,Matin, 1904, p. 141). − Emploi pronom. réciproque. ,,L'adultère, le crime et la faiblesse se coudoient`` (Nerval ds Lar. encyclop.). Prononc. et Orth. : [kudwaje], (je) coudoie [kudwa]. Ds Ac. 1694-1932. Pour la conjug. cf. aboyer. Étymol. et Hist. 1. 1595 « pousser du coude » (Montaigne, Essais, III, éd. A. Thibaudet, chap. XIII, p. 1233); 1663 « toucher quelqu'un du coude, être tout près de lui » (Molière, Etourdi, II, 4); 2. fig. 1786, 8 sept., « côtoyer, fréquenter » (J. de Maistre, Corresp., t. 1, p. 6 : Mon cœur est toujours à la même place, et nul sentiment n'a droit d'y coudoyer l'amitié). Dér. de coude*; suff. -oyer*. Fréq. abs. littér. : 246. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 292, b) 570; xxes. : a) 416, b) 237. Bbg. Goug. Mots t. 2, 1966, p. 15. |