| COUCHEUR, EUSE, adj. et subst. A.− (Personne) qui est couchée, qui se couche. 1. Subst., rare. Personne qui se couche ou est couchée pour dormir : 1. Voulez-vous venir passer la soirée avec ma femme jusqu'à mon retour? Je n'aime pas la laisser seule dès que vient l'été. Les halliers sont pleins de coucheurs à la belle étoile et ici on laisse toujours les portes ouvertes...
Giono, Angelo,1958, p. 240. a) Spéc., vx. Personne qui partage sa couche avec une autre. C'est une mauvaise, une désagréable coucheuse (Ac.) : 2. Ce terme de « mauvais coucheur » reprenait alors pour nous toute l'énergie de son sens originel, puisque nous nous étendions par rangées de douze pour dormir, côte à côte sur le même vaste bat-flanc.
Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 57. − Loc. fig. Mauvais coucheur. Personne peu sociable, querelleuse, qui a un caractère désagréablement agressif. Ce sacré père Crainquebille était un vrai porc-épic... : il devenait incongru, mauvais coucheur mal embouché, fort en gueule (A. France, Crainquebille,1904, p. 54): 3. Le comte de La Bourdonnaye, jadis mon ami, est bien le plus mauvais coucheur qui fut oncques : il vous lâche des ruades, sitôt que vous approchez de lui; il attaque les orateurs à la Chambre, comme ses voisins à la campagne; ...
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 575. Rem. Le fém. est rare. Je suis une mauvaise coucheuse (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1165). b) Arg. Coucheur de raccroc, coucheur. Client d'une prostituée pour un coucher (cf. coucher2A 2 b). L'hôtel avait logé surtout des filles, plus ou moins en carte, et leurs messieurs. En outre, des coucheurs de raccroc! (Richepin, Aimé,1893, p. 204). 2. Adj. Qui s'adonne aux plaisirs amoureux. Quant aux femmes, elles étaient en majorité bien coquines, coucheuses en diable semblait-il, et probablement partouzardes (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 153). Rem. La docum. ne fournit aucune attest. du masc. dans cet emploi. B.− TECHNOL. Personne ou mécanisme qui couche quelque chose. 1. Subst. masc., PAPET. [Dans la fabrication du papier à la main] Ouvrier qui étend la feuille de papier encore humide sur le feutre. Rem. Mét. 1955 et Rob. Suppl. 1970 enregistrent un emploi plus récent du mot dans le même domaine (dans la fabrication du papier couché à la machine). ,,Ouvrier conduisant la machine qui dépose sur le papier une couche de matières minérales.`` 2. Subst. fém. Ouvrière qui fixe et rabat la bride dans la broderie d'Alençon. 3. Subst. ou adj., PAPET. Feutre coucheur, p. ell. coucheur. Feutre qui reçoit la feuille de papier après sa sortie de la presse humide et l'achemine vers les cylindres de la presse coucheuse (cf. Civilisation écr., 1939, p. 607). Presse coucheuse, p. ell. coucheuse. Presse constituée de cylindres qui compriment la feuille de papier encore humide afin d'en extraire l'eau (cf. Civilisation écr., 1939, p. 607). Prononc. et Orth. : [kuʃ
œ:ʀ], fém. [-ø:z]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1534 coucheur (Des Pér., Contes, XLIII ds Littré); 1823 fig. mauvais coucheur (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, p. 283 : M. de Suffren, tres dur, tres bizarre, extrêmement égoïste, mauvais coucheur, mauvais camarade, n'était aimé de personne); 2. 1723 coucheur (Savary des Bruslons, Dict. de com. d'apr. FEW t. 2, p. 905 b); 1752 « ouvrier de papeterie » (Trév.); 3. 1863 subst. fém. « ouvrière de broderie » (Littré). Dér. de coucher1* « passer la nuit avec quelqu'un », « étendre une couche » et « mettre en position horizontale »; suff. -eur2*, -euse*. Fréq. abs. littér. : 27. |