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CORSAIRE, subst. masc.
A.− [Désigne une pers.]
1. Armateur, capitaine, ou membre de l'équipage d'un bateau qui pratique la course*. Un brave corsaire, un corsaire redoutable, féroce; un corsaire du roi; une histoire de corsaires et de pirates; le butin des corsaires; être enlevé par les corsaires, prisonnier des corsaires. Après avoir été corsaire, peut-être pirate, mon drôle se moquait de tuer un chrétien (Balzac, Déb. vie,1842, p. 371).
Proverbes. À corsaire, corsaire et demi. Corsaire à corsaire, rien à gagner. Les luttes entre adversaires également malhonnêtes ne leur procurent aucun avantage.
2. P. ext.
a) Personne qui, par ses actions ou ses attitudes, évoque un corsaire, un pirate. Traiter quelqu'un de corsaire. J'ai l'œil et la mine d'un corsaire (Feuillet, Veuve,1884, p. 11).
b) Vx. Homme impitoyable en affaires, avide et malhonnête. Synon. forban, pirate, requin.Le monde dira que je suis un juif, un arabe, un corsaire, que je vous aurai ruiné! Je m'en moque! (Balzac, Gobseck,1830, p. 419):
Les corsaires que nous décorons du nom de banquiers et qui prennent une licence de mille écus comme un forban prend ses lettres de marque. Balzac, Melmoth réconcilié,1835, p. 320.
B.−
1. P. méton. Navire armé par des particuliers, et qui avait l'autorisation du gouvernement pour la course* des vaisseaux marchands ennemis. Un corsaire de trois mâts; un corsaire gorgé de butin; un capitaine de corsaire; armer un corsaire; avoir des actions dans un corsaire. Le navire entre dans le port. C'est un vrai corsaire, armé pour la course (Aymé, Vogue,1944, p. 71).
2. P. ext. Navire ou avion à grand rayon d'action chargé d'attaquer la flotte marchande de l'adversaire.
Rem. Cet emploi date de la guerre 1939-45.
C.− [En constr. d'appos. avec valeur d'adj.]
a) Un navire corsaire, un bâtiment corsaire; capitaine corsaire (Ac. 1835).
b) Pantalon corsaire. Pantalon court comme en portaient les corsaires. [Subst. p. ell. du déterminé] Les tenues de plage substituent de plus en plus au pantalon droit le corsaire étroit à très haut revers et le short (Le Figaro,17 juill. 1957, p. 9, col. 7).Ceinture corsaire. Qui donne l'allure d'un corsaire. Une ceinture haute, « corsaire », creuse la taille sur certains modèles (de tailleurs) (Le Monde,21 févr. 1952, p. 9, col. 5).
Rem. On rencontre chez T. Corbière (Am. jaunes, 1873, p. 268, var.) le dér. corsairien, subst. masc., au sens de membre de l'équipage d'un corsaire : quatre-vingts corsairiens, des corsairiens de proie, Avaient leur chique à bord de la Fille de joie, Une belle goélette, écumeuse d'Anglais.
Prononc. et Orth. : [kɔ ʀsε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1443 cursaire « marin qui pratique la course, c'est-à-dire la capture des vaisseaux ennemis marchands » (Lettres de Ch. VII, B.N. 9178, fo54 ds DG); 1477 corsaire (Comptes du roi René, éd. Arnaud d'Agnel, II, 459 ds IGLF); 2. 1470 adj. (gallée) coursaire « (navire) armé pour cette course » (A.N. JJ 196, pièce 46 ds Gdf. Compl.); début xviies. subst. coursaire (E. Binet, Merv. de nat., p. 95 ds Gdf. Compl.). Empr., prob. par l'intermédiaire de l'a. prov. corsari (au sens 1 dep. début xives., Vie de St Honorat ds Rayn.), à l'ital. corsaro (dep. ca 1315, Dante, Purg. ds Batt.), du b. lat. cursarius (cf. domaine ital., R. de S. Germano, ca 1243 ds Du Cange), dér. de cursus (cours*). Fréq. abs. littér. : 168. Bbg. Hope 1971, p. 35. − Kemna 1901, pp. 42-43. − La Landelle (G. de). − Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 403. − Vidos 1939, p. 25, 34, 46, 73-74, 332-335.