| CORSAGE, subst. masc. A.− Vx ou archaïsme littér. Partie du corps. 1. Partie du corps humain comprise entre les hanches et les épaules. Avoir du corsage; un corsage engageant; le corsage maigre, plat. Synon. mod. buste, torse.Un fier homme, noueux, camus, de corsage mal gracieux (Arnoux, Rhône,1944, p. 300): 1. Auprès de ces débris humains, une jeune fille dont le cou, les bras et le corsage étaient nus et blancs... ah, c'était bien la mort et la vie... une chimère hideuse à moitié, divinement femelle par le corsage.
Balzac, Sarrasine,1831, p. 104. Rem. Employé surtout en parlant des femmes; cette acception est abondamment attestée au xixes. ds la docum., notamment chez Balzac, Hugo, P. Bourget. − Loc. fam. Ni cul ni corsage. Sans aucune forme, donc sans intérêt. Ne me parle pas de tes asperges d'aujourd'hui, ça n'a ni cul ni corsage (Aymé, Brûlebois,1926, p. 26). − P. anal., TEXT. Consistance, qualité (d'une étoffe). Cette étoffe a du corsage; ce drap est d'un beau corsage. Rem. Cet emploi est attesté par Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., Quillet 1965, qui le note comme ,,rare``. 2. P. anal. [En parlant d'animaux] Poitrail. Le corsage d'une abeille, d'un cerf, d'un cheval, d'un oiseau. J'élevais deux fauvettes (...) l'une à poitrine jaune, l'autre à corsage gris (Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 17): 2. Le chevreuil avait essayé de l'estoquer sous le corsage. L'esquive du cerf déroba heureusement son ventre.
Genevoix, La Dernière harde,1938, p. 45. B.− P. méton. [Vêtement] .
1. Vx. Partie du vêtement féminin qui recouvre le buste. Le corsage d'une robe; le corsage d'un corset. Un tablier de taffetas noir à corsage lui prend fort bien la taille (Kock, Cocu,1831, p. 9): 3. Marie (...) le corsage de ma robe bleue est beaucoup trop long. J'ai vu aujourd'hui Madame de Bégy (...) Son corsage était certainement de deux bons doigts plus court.
Mérimée, La Double méprise,1833, p. 14. 2. Usuel. Vêtement féminin qui recouvre le buste. Un corsage décolleté, de soie; l'échancrure du corsage; dégrafer son corsage. Synon. blouse, chemisier.Mmede Bonmont (...), sa riche poitrine haletant sous le corsage clair, ramenait en avant sa jupe (A. France, Anneau améth.,1899, p. 89): 4. Elle avait troqué son sarrau noir, sa courte robe de petite fille contre une jupe longue, contre un corsage de satinette rose à plis plats.
Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 139. SYNT. Un corsage ajusté, brodé, étroit, orné; un corsage de crêpe de chine, de dentelle, de laine, de velours; corsage à carreaux, à fleurs, imprimé de couleurs vives; corsage à basques, à dentelles, à épaulettes, à lacets, à manches, sans manches; corsage et robe, et jupe. − Rare. Vêtement de bébé qui couvre le buste. Synon. cache-cœur, brassière : 5. [L'enfant] portait une de ces délicieuses toilettes dont les Parisiennes seules savent attifer leurs bébés (...) un corsage décolleté garni de dentelles.
Zola, Nouveaux contes à Ninon,1874, p. 90. − P. métaph., littér. [En parlant des fleurs] Les églantines qui (...) monteraient (...) le même chemin rustique, en la soie unie de leur corsage rougissant qu'un souffle défait (Proust, Swann,1913, p. 137).Une rose, et tous ses corsages (Renard, Journal,1909, p. 1260). Rem. Guérin 1892 atteste corsagère, subst. fém. Ouvrière qui s'occupe de la confection des corsages. Prononc. et Orth. : [kɔ
ʀsa:ʒ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1130-60 « ensemble du corps, spécialement le buste (d'un homme) » (Couronnement Louis, 1336 ds T.-L.), qualifié de ,,vieux`` et de ,,burlesque`` dep. Rich. 1680; Ac. 1835 précise ,,on ne le dit guère qu'en parlant des femmes``; 2. av. 1778 « vêtement féminin qui recouvre le buste » (J.-J. Rousseau ds Lar. 19e). Dér. de l'a. fr. cors (cf. a. fr. cors « buste, tronc »), corps*; suff. -age*. Fréq. abs. littér. : 957. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 338, b) 1 865; xxes. : a) 2 311, b) 1 391. Bbg. Guiraud (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. Lexicol. 1967, t. 11, p. 50. |