| CORRÉLATION, subst. fém. Rapport existant entre deux choses, deux notions, deux faits dont l'un implique l'autre et réciproquement. Être, mettre en corrélation; établir une corrélation; corrélation étroite, forte, intime. A.− Rapport de dépendance dû à un lien de cause à effet ou un lien créé par une cause commune, déterminée ou non. (L'idée de réciprocité est quelquefois absente). Le comte ne parut pas soupçonner la moindre corrélation entre la visite de Lucien et la curiosité de la baronne (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 787).La contiguité des phénomènes, au point de vue des sens, n'est pas un sûr indice de leur corrélation effective (Boutroux, Conting.,1874, p. 2). 1. Spécialement a) Corrélation organique. ,,Ensemble des influences qu'exercent les uns sur les autres les éléments d'un même organisme ou les organismes vivant dans un même milieu`` (Husson 1970) : 1. Ce principe des corrélations organiques reprend l'idée aristotélicienne de l'harmonie des fonctions et de la coordination de toutes les parties de l'organisme en vue des fonctions à remplir.
Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 486. − P. ext. L'œil droit est irrévocablement condamné. (...) l'autre, menacé par cette corrélation organique qui fait de la vue un seul outil à branche double (A. Daudet, Les Rois en exil,1879, p. 444). b) GRAMM. Fonction des termes corrélatifs*. 2. P. ext. Accord entre des personnes ou des inanimés abstraits. J'avais, à la faveur d'une grande sensibilité, compris la corrélation intime de la poésie avec l'univers (Mallarmé, Corresp.,1867, p. 259): 2. ... il y a entre la beauté du visage et celle de l'âme une sorte de corrélation sympathique, et (...) un homme d'esprit ou un homme de cœur n'est jamais bien laid, et a une beauté à lui particulière.
Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 261. B.− Relation nécessaire qui s'établit entre une notion et son opposé. Platon découvrit la corrélation des idées opposées (Alain, Propos,1934, p. 1230).Le mot « bien » n'a pas le même sens comme terme de la corrélation bien-mal ou comme désignant l'être même de Dieu (Weil, Pesanteur,1943, p. 104). − Spéc., PHONOL. ,,Ensemble de paires de phonèmes (dites paires corrélatives) dont les termes s'opposent par l'absence ou la présence d'une même particularité phonique (nasalité, voisement, sonorité) appelée marque de corrélation`` (Ling. 1972). C.− Rapport de simultanéité, variations concomitantes de deux phénomènes (sans qu'on puisse toujours en induire qu'un lien de cause à effet unit ces phénomènes). Cf. covariation : 3. ... la membrane de l'iris forme un diaphragme. Suivant l'intensité de la lumière ce diaphragme se dilate ou se rétrécit. (...) La forme du cristallin se modifie automatiquement pour la vision proche ou éloignée. Nous constatons ces corrélations. Mais nous ne pouvons pas les expliquer.
Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 238. − Spéc., STAT. ,,Mesure du degré de liaison entre des phénomènes décrits par des séries statistiques`` (Tézenas 1972) : 4. ... la corrélation entre natalité et teneur en protéines de l'alimentation (...) est facilement explicable : la limitation des naissances est moins fréquente dans les pays sous-développés qui sont aussi ceux qui consomment le moins de protéines.
Le Tiers monde,1956, p. 159. SYNT. Corrélation linéaire. S'exprime graphiquement par une ligne droite. Corrélation multiple. Le nombre de variables étudiées est supérieur à deux. Corrélation positive. Les variations vont dans le même sens. Corrélation négative. En sens contraire. Coefficient de corrélation. Indice qui exprime le degré de liaison de variables déterminées; il varie entre -1 et + 1. Rem. Rob. Suppl. 1970 enregistre l'adj. corrélationnel, elle. Qui concerne une corrélation. Prononc. et Orth. : [kɔ
(r)relasjɔ
̃]. Ds Ac. depuis 1718. Pour [ʀ] ou [rr] et pour orth. cf. corrélatif. Étymol. et Hist. [1412-32 (Règles de la Seconde Rhétorique, 50 [Langlois] ds Quem. : Correlacion est chose coppiée, ou chose en codicile par cahyers, ou chose arguée entre clers); attest. isolée]; 1718 « rapport qui unit deux choses, deux notions, deux termes dont l'un appelle logiquement l'autre » (Ac.); 1890 gramm. (DG). Empr. au b. lat. correlatio « relation mutuelle », viiies. (Bède ds Blaise). Fréq. abs. littér. : 177. Bbg. Barthes (R.). Éléments de sémiologie. Communications. 1964, t. 4, p. 115. |