| CORRÉLATIF, IVE, adj. Qui est en corrélation. A.− Qui dépend, qui découle d'autre chose. Corrélatif de, corrélatif à(rare). La question de savoir si les progrès de l'art sont corrélatifs à ceux de la science n'est pas douteuse (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 176).L'idée de date me semble corrélative de celle d'événement (Marcel, Journal,1920, p. 265).L'idée de l'amour et l'idée corrélative de bonheur (Du Bos, Journal,1923, p. 239): 1. ... si le génie du poète méprise les alliances d'une logique ordinaire, s'il passe sans efforts de l'étude du monde à celle de la nature, et de l'étude de la nature à celle de l'humanité, c'est que ces divers ordres d'idées lui paraissent corrélatifs.
Ozanam, Essai sur la philos. de Dante,1838, p. 100. − Emploi subst. L'ennui absolu, l'ennui qui n'est pas le corrélatif d'un manque de camarades de jeux (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 34).Ce qui a grandi trop vite périra vite; bâclé et précaire, précoce et caduc, récent et labile sont des corrélatifs (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 152). − Spéc., GRAMM. (Termes) corrélatifs. ,,Indiquent un rapport de dépendance entre la proposition principale et la proposition subordonnée. Si est le corrélatif de que dans la phrase : il est si habile qu'il est sorti à son avantage de cette situation`` (Ling. 1972). Dans les comparaisons, ils (« plus » et « moins ») appellent comme terme corrélatif la conjonction « que » (Grev.1969, p. 841). B.− Qui s'oppose directement à une notion donnée et est impliqué intellectuellement par celle-ci. Les termes corrélatifs de création et d'anéantissement (Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 74).Les notions corrélatives de châtiment et de récompense (Camus, Homme rév.,1951, p. 92). − Spéc., PHONOL. Paire corrélative. Paire de phonèmes dont l'un possède une particularité phonique et l'autre non (cf. Ling. 1972). C.− Qui est en relation de simultanéité, qui accompagne quelque chose, qui varie en même temps qu'autre chose. Il y aura une expansion de l'économie et un accroissement corrélatif des revenus (Univ. écon. et soc.,1960, p. 1209): 2. J'ai constaté, je constate encore que les violences et les bienfaits de la Révolution sont liés comme les manifestations corrélatives d'un même état d'esprit en action sur l'humanité.
Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 236. − Emploi subst. Avoir pour corrélatif : 3. Je songeais à la Renaissance, aux Ptolémées, au règne de Louis XV, où l'anarchie joyeuse de l'esprit avait pour corrélatif le despotisme du pouvoir; ...
Amiel, Journal intime,1866, p. 541. Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. dér. corrélativité. État de ce qui est en corrélation. Le bonheur n'est pas une chose purement personnelle, va, il y a corrélativité du dedans au dehors et du dehors au dedans (Sand, M. Sylvestre, 1866, p. 42). Prononc. et Orth. : [kɔ
(r)relatif], fém. [-i:v]. Ds Ac. depuis 1694. [ʀ] simple ds Pt Rob. et Lar. Lang. fr.; cf. aussi ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Nod. 1844, Fél. 1851. [rr] double ou [ʀ] simple ds Warn. 1968. [rr] double ds Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930; cf. aussi Land. 1834, Littré, DG et Gattel 1841 qui recommande de prononcer r forte. Fér. Crit. t. 1 1787 souligne la différence entre les mots de base, relation, relatif qui s'écrivent sans accent et les mots composés corrélatif, corrélation qui sont marqués de l'accent aigu. À rapprocher de religion et irréligion. Étymol. et Hist. A. Adj. xives. « qui est caractérisé par un rapport étroit entre deux choses » (Pamphile et Galatée, éd. J. Morawski, 2495); av. 1756 gramm. propositions corrélatives (Dumarsais ds Lar. 19e). B. Subst. 1690 « terme corrélatif » (Fur. : Le pere & le fils sont deux correlatifs). Prob. empr. au lat. médiév. correlativus « corrélatif » adj. 1240, subst. correlativum 1292 ds Latham. Fréq. abs. littér. : 118. DÉR. Corrélativement, adv.De façon corrélative. Lorsqu'elle s'emploie à la découverte d'un monde objectif, l'intelligence exige corrélativement une certaine maîtrise de l'émotivité (Mounier, Traité caract.,1946, p. 635).On le doue [l'individu] d'un instinct de conservation et corrélativement d'un instinct d'autodestruction (Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 91).− [kɔ
(r)relativmɑ
̃]. Pour [ʀ] ou [rr] et pour l'orth., cf. corrélatif. − 1resattest. [1653 (A. Oudin, Recherches italiennes et françoises ds Lar. Lang. fr.)], 1660 (Oudin Esp.-Fr.); du fém. de corrélatif, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 48. |