| CORROSIF, IVE, adj. A.− [En parlant d'un agent physique] Qui corrode, qui a la propriété de corroder. Acide, agent, liquide, poison, produit, émanation, liqueur, substance corrosive; action, propriété corrosive. Synon. caustique, rongeur.La poitrine, l'abdomen, qui s'étaient trouvés exposés à l'action corrosive de la chaux, étaient fortement brûlés (Ponson Du Terr., Rocambole,t. 5, 1859, p. 215). ♦ Sublimé corrosif. Chlorure de mercure : 1. La pustule maligne est au début si bien une affection toute locale, qu'en la combattant (...) par l'application du sublimé corrosif sur la partie préalablement scarifiée on prévient ces accidents (...).
A. Trousseau, Clinique médicale de l'Hôtel-Dieu,1895, p. 107. − Emploi subst. (masc.). Substance qui corrode. Le sel des larmes avait brûlé comme un corrosif les paupières de MmeAgathe (Mauriac, Galigaï,1952, p. 144). B.− Au fig. 1. [En parlant d'une entité morale] Amitié, critique, haine, ironie, passions, pensée, pitié, verve, voix corrosive(s); discours, mépris, regards corrosifs. Synon. caustique, mordant, nuisible, virulent. 2. P. méton. [En parlant de ce ou de celui dont l'action est corrosive] Les écrits corrosifs de Voltaire : 2. Être un homme corrosif, avoir en soi une volonté d'acier, une haine de diamant, une curiosité ardente de la catastrophe, et ne rien brûler, ne rien décapiter, ne rien exterminer!
Hugo, L'Homme qui rit,t. 2, 1869, p. 39. − Emploi subst. (avec valeur de neutre). Le corrosif du bonheur, c'est l'ennui (Amiel, Journal,1866, p. 363). Prononc. et Orth. : [kɔ
(r)r
ɔzif], fém. [-iv]. [ʀ] simple ds Passy 1914, Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr.; cf. aussi ds Fér. 1768 et Nod. 1844. [ʀ] ou [rr] qui est plus suggestif ds Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob. et Warn. 1968 pour lequel [rr] est plus fréquemment entendu. [rr] ds Land. 1834, Fél. 1851, Littré et DG; cf. aussi ds Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841 qui indiquent r forte. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. xiiies. [ms.] « qui ronge » corrosive cose (Remèdes populaires du Moyen Âge ds Ét. romanes dédiées à G. Paris, p. 257); 1314 médecine corrosive (H. de Mondeville, Chirurgie, 1439 ds T.-L.); 2. 1468 fig. « mauvais, nuisible » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, IV, 12, 9); 1756 « qui ronge (en parlant d'un sentiment, d'un vice) » (Mirabeau [Marquis de], L'Ami des hommes, II, 85 ds Gohin, p. 361 : c'est un vice intérieur qui tôt ou tard les forcera à l'action corrosive sur eux-mêmes). B. Subst. 1314 (H. de Mondeville, op. cit., 1007 ds T.-L.). Dér. du rad. du supin corrosum de corrodere (corroder*), suff. -if*; cf. lat. médiév. corrosivus « qui ronge » (ca 1200 ds Latham). Fréq. abs. littér. : 83. Bbg. Gohin 1903, p. 361. |