| CORRIDA, subst. fém. A.− Jeu, originaire d'Espagne, se déroulant dans des arènes et opposant, successivement, plusieurs taureaux à un matador qui doit, grâce à un travail de cape, de piques et de banderilles, amener le taureau dans les conditions permettant sa mise à mort (par l'épée), terme attendu du combat. Corrida populaire; phases d'une corrida; aller, assister à une corrida. Synon. course de taureaux, tauromachie (vx).L'infamie des corridas (Courteline, Boubouroche,1893, p. 119).La violence et le danger de ce jeu admirable qu'on appelle une corrida (T'Serstevens, Itinér. espagnol,1933, p. 156). Rem. 1. Attesté par les principaux dict. gén. dep. Nouv. Lar. ill. 2. La docum. atteste l'expr. une corrida de taureaux (Mourthé (C.), Belzunce (A.), La Vie quotidienne de la corrida, Paris, Hachette, 1972, p. 287). − P. métaph. Fait de traquer un adversaire, avant de l'éliminer. Durant le ministère Mendès France, j'ai suivi de près la corrida. Ce harcèlement féroce, inhumain, les victimes y consentaient (Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1961, p. 67): 1. Nous avons recommencé les affaires ensemble [Dupont et Liebert] (...) nous attendions l'heure de la mise à mort et ça a été une fameuse corrida dans laquelle, chacun notre tour nous jouions le matador et le taureau.
Vialar, Le Bon Dieu sans confession,1953, p. 111. B.− P. ext., fam., parfois pop. 1. SP. Lutte acharnée dans une compétition sportive. Aucune corrida pendant 40 bornes (Esn.1966).Ça y est, a dit mon voisin, ça va être la corrida. En effet, c'est la corrida (...) les deux boxeurs (...) poussent des épaules et des genoux, échangent leur sang et reniflent de fureur (Camus, Été,1954, p. 42). Rem. Corrida de la Saint-Sylvestre. Épreuve sportive consistant en une course à travers les rues de Sao Paulo et qui a lieu pendant la nuit de la Saint-Sylvestre. − Course à pieds, poursuite. Une corrida à panards (Esn.1966).Il recommence à me courser [le père de Zazie] enfin bref, une vraie corrida (Queneau, Zazie,1959, p. 72). 2. Au fig. a) Bagarre, querelle, dispute. Fameuse, grande, sérieuse, terrible, vraie corrida. Chercheurs de « corridas » (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 19): 2. Ils [les Gorloge] s'engueulaient à pleins tuyaux (...) le petit Robert aussitôt que ça tournait au tragique, il se planquait vite sous l'établi (...) perdant rien de la corrida.
Céline, Mort à crédit,1936, p. 198. b) Bousculade, désordre, agitation. À la sortie des bureaux c'est la corrida vers les stations de métro (Davau-Cohen1972).Du moins aurai-je échappé aux premières corridas théâtrales; qu'a donc pu inventer Anouilh pour blesser à la fois tant de gens (...) qu'a-t-il pu écrire (...) qui a fait hurler la meute si fort? (Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 273). Prononc. : [kɔ
(r)rida]. [ʀ] simple ds Dub., Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr.; [rr] double ds Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968. Au plur. des corridas. Étymol. et Hist. 1. 1893 « course de taureaux » (Courteline, supra); 2. 1902 pop. « dispute » (à Alger ds Esn.). Esp. corrida « course » (1492, A. de Nebrija ds Cor.) puis « course de taureaux » (signalé en cat. 1880 ds Alc.-Moll., comme d'orig. castillane) dér. de correre, v. courir. Fréq. abs. littér. : 59. |