| CORIACE, adj. A.− [En parlant d'une viande] Dur comme du cuir, difficile à découper, à mâcher. Viande, chair coriace : 1. L'omelette était dure comme une couverture doublée; le poulet, un coq d'assez mauvaise vie, pour avoir trop couru sur la place, coriace comme un vieux corbeau.
Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 163. ♦ P. métaph. Il n'est pas de feuilleton, si fade ou si coriace, qui ne soit avalé (...) par quelque pauvre d'esprit affamé de grosse littérature (A. France, Vie littér.,1892, p. 318). Rem. P. allus. au célèbre combat des Horaces contre les Curiaces, et par fantaisie d'aut., on rencontre chez Jarry (Ubu, 1895, p. 83) l'expr. combat des voraces contre les coriaces. − P. ext. 1. [En parlant d'un aliment autre que la viande] Cette coriace galette de maïs qui nous avait tant déçus (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 124). 2. [En parlant d'un animal, d'une plante] Dont certaines parties ont l'épaisseur et la consistance du cuir. Feuilles coriaces. Peau coriace (Lamarck, Philos. zool.,t. 1, 1809, p. 174).Herbes coriaces (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 402). B.− Au fig. [En parlant d'un homme, d'un trait de caractère] Tenace, inflexible; qui présente une grande obstination. Ils me trouvent trop dur avec mes gens, trop militaire, trop coriace (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1044): 2. Tout ceci, lui valut bien sûr de très terribles jalousies, des haines sans quartier, des rancunes coriaces...
Céline, Mort à crédit,1936, p. 404. − Spéc. Très avare. Rem. Attesté ds Besch. 1845, Guérin 1892, Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Quillet 1965. Prononc. et Orth. : [kɔ
ʀjas]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. 1531 [éd.] corias « souple, flexible » (Perceforest, t. VI, fo94 ds Lacurne) demeure sous la forme couria(s) dans différents dial. (FEW t. 2, p. 1222 b) au sens de « dur, résistant »; 1549 coriace « dur (comme le cuir) » (Est.); fig. (d'une personne) 1694 (Ac.); 2. 1817 coriaces entomol. (Cuvier Règne animal t. 3, p. 651). Prob. emprunté au b. lat. coriaceus « de cuir » (avec pour les formes en -as adaptation du suff.); l'évolution sém. en référence soit à la souplesse du cuir en lanière, soit à la résistance et à la dureté du cuir; 2 en raison de la dureté du cocon de cet insecte; lat. sc. coriaceae 1796, Latreille ds Neave Index. Fréq. abs. littér. : 65. DÉR. Coriacité, subst. fém.Caractère de ce qui est coriace. La coriacité de la racine de fougère comestible (d'apr. Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 165). Au fig. Il ne se passait pas de jour que MmeAlexandre ne se plaignît (...) de la coriacité de son destin (Bloy, Hist. désobl.,1894, p. 21).− [kɔ
ʀjasite]. − 1resattest. xvies. coriaceté (Trium ling. dict. ds Gdf. Compl.), attest. isolée; à nouveau en 1844 (Gautier, Grotesques, 251 ds Quem.); de coriace, suff. -eté, -ité*. |