| CORDILL(I)ÈRE,(CORDILLÈRE, CORDILLIÈRE) subst. fém. A.− Cour. [Gén. avec un déterm. qui localise la cordillère] 1. [Au sing. ou au plur., gén. avec majuscule] Chaîne de montagnes à crête continue et élevée des pays d'ancienne domination et de langue espagnoles. La Cordillère des Andes ou les Cordillères des Andes; la Cordillère Bétique. − P. ell. du déterm. La Cordillère ou les Cordillères. La chaîne des Andes. Le condor, géant des monts géants, des Cordillères (Michelet, Oiseau,1856, p. 112).Par delà l'escalier des roides Cordillères, Par delà les brouillards hantés des aigles noirs (Leconte de Lisle, Poèmes barb., Le Sommeil du condor, 1878, p. 192). SYNT. Les cimes, les crêtes, les (hauts) sommets des Cordillères; les gorges, les gouffres de la Cordillère; les flancs, les pentes, les versants de la Cordillère; au(x) pied(s) de la Cordillère; les quadrupèdes, les animaux des Cordillères; les passages, passes de la Cordillère. Rem. 1. Appliqué p. compar. à un massif montagneux d'une autre région. Les Alléghénis (les Cordillières de cet hémisphère) (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 30). 2. Comme symbole de richesse. Un trio d'écus pour ces simples dons de Flore, quelle folie! Vous êtes donc parent des Cordillères? (Murger, Scènes vie Boh., 1851, p. 137). − P. métaph. : ... la grande barrière historique appelée Révolution. (...) Il en est de même de cette grande Cordillière placée entre deux siècles; elle sépare des hommes si différents d'eux-mêmes, que ceux qui comme moi ont vécu dans les deux époques, sont étonnés d'être les mêmes hommes.
Bonstetten, L'Homme du Midi et l'homme du Nord,1824, p. 203. 2. [Au sing. ou au plur., gén. avec minuscule] Chaîne de montagnes ou, par opposition à la dépression, sommet montagneux d'une région quelconque. Cordillère alpine, cordillère américaine. Le géologue se demanda si le précieux métal ne se rencontrerait pas dans la cordillère australienne (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 145).Chaque lucarne découvrant les montagnes nues d'en face (...) l'on guettait, en saison, sur le sentier en lacets qui descendait de la cordillère la longue file de la caravane des Andes qui venait des lointaines plantations (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 373). − P. métaph. D'abord ils [les nuages] s'étaient massés comme une chaîne de montagnes d'or; puis, la cordillère s'était rompue (Coppée, Contes en prose,1882, p. 154). B.− GÉOMORPHOLOGIE. [Gén. avec minuscule] Type de montagnes, élément du relief, caractérisé par une structure plissée complexe, issue de géosynclinaux. Les éléments de cordillères à tracé curviligne sont appelés arcs montagneux (ex. Alpes occidentales, Carpates, etc.) (George1970, p. 70). Prononc. : [kɔ
ʀdijε:ʀ]. Étymol. et Hist. 1611 cordeliere de montaignes (Cotgr.); 1801 cordillière (Crèvecœur, Voyage, t. 2, p. 30); 1838 cordillère (Ac. Compl. 1842). Empr. à l'esp. cordillera « chaîne de montagnes », attesté dep. 1601 (Mariana d'apr. Cor.), dér. de cuerda « cime des montagnes », proprement « corde » (v. ce mot). La forme cordeliere, 1611, supra, représente une adaptation du mot esp. due prob. à l'infl. de cordelière* « ceinture, cordon tressé » (cf. 1616, Oudin, Esp.-fr. ds Gili : cordillera, c'est proprement une [...] cordeliere de plusieurs montagnes). Fréq. abs. littér. Cordillère : 39. Cordillière : 3. |