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COQUILLAGE, subst. masc.
A.− Mollusque (généralement marin et comestible) qui habite une coquille. Coquillages comestibles, manger des coquillages crus :
1. N'est-elle que le sentiment de désirer ou de trouver, dans une œuvre humaine, cette certitude dans l'exécution, cette nécessité d'origine intérieure, et cette liaison indissoluble et réciproque de la figure avec la matière que le moindre coquillage me fait voir? Mais notre mollusque ne se borne pas à distiller en mesure sa merveilleuse couverte. Valéry, Variété V,1944, p. 35.
P. compar. Intérieurement l'homme est un assemblage de coquilles. (...) la vie partielle construit sa demeure comme le coquillage construit sa coquille (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 111).
B.− P. ext. La coquille même. Collier de coquillages. Comme un pèlerin de Palestine emporte sur son habit les coquillages de la rive, ainsi vous nous aviez attachés au bord du manteau du matin (Quinet, Ahasverus,1833, 4ejournée, p. 350):
2. Cette petite fille à la peau presque noire, ... Qui cueille sa parure aux buissons des chemins, Et qui n'a pour orner ses bras et ses oreilles Qu'un rang de coquillage ou de graines vermeilles; ... Lamartine, Toussaint Louverture,1850, I, 2, p. 1273.
[Avec une valeur symbolique] :
3. ... Charbonneaux-Lassay écrit (Le bestiaire du Christ, p. 922) : « pris dans son ensemble, test et organisme sensible, le coquillage fut, pour les Anciens, un emblème de l'être humain complet, corps et âme. La symbolique des Anciens fit de la coquille l'emblème de notre corps qui renferme dans une enveloppe extérieure l'âme qui anime l'être entier, représenté par l'organisme du mollusque. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 114.
P. compar. La peau, la chair des femmes [ressemble] à la chair des fruits, au duvet des fleurs. Telle corolle ou coquillage est comme un sexe (Faure, Esprit formes,1927, p. 196).
Expr. fig., péj. Raisonner comme un coquillage. Faire un raisonnement creux, déraisonner. Vous raisonnez comme un coquillage, (...) voilà Danglars, qui est un finot, un malin, un grec, qui va vous prouver que vous avez tort (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 39).
C.− [P. anal.]
1. [De forme] Ce qui rappelle la forme arrondie ou la couleur d'un coquillage.
a) [À propos du corps, d'une partie du corps] Une bouche quelquefois entr'ouverte avec la netteté rose et le nacré d'un coquillage (Goncourt, Journal,1865, p. 135).
b) [À propos d'une chose] :
4. ... la chaleur du plein jour interdit tout contact entre les êtres, dresse entre eux des herses de flammes invisibles et de cristaux bouillants, où sans transition le froid de la nuit les fige un à un dans leurs coquillages de gemme, habitants nocturnes d'une banquise sèche, ... Camus, L'Exil et le royaume,1957, p. 1581.
2. [De fonction; p. réf. au murex, mollusque dont les Anciens tiraient la pourpre] Une belle journée humaine est un coquillage de soleil, de nacre et de sel, − d'intelligence, de plaisir et de larmes. Elle sent que la destinée du coquillage est de donner une goutte de pourpre, et elle la donne (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 178).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Coquillagé, ée, adj. Couvert de coquillages. Petit temple Renaissance, tout en coquillages (...) les armoiries du maître de la maison sont soutenues par deux nègres tout coquillagés (Goncourt, Journal, 1860, p. 812). b) Coquillageux, euse, adj. Même sens. Elle [la Tarasque] roulait au gré de tous les courants marins, luisante, algueuse, coquillageuse, mais sans avarie (A. Daudet, Port-Tarascon, 1890, p. 248).
Prononc. et Orth. : [kɔkija:ʒ]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1573 (Jacques de Billy, Œuvres spirituelles, 151 vods Delb. Notes). Dér. de coquille*, suff. -age*. Fréq. abs. littér. : 509. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 702, b) 960; xxes. : a) 523, b) 735. Bbg. Dub. Dér. 1962, p. 82 (s.v. coquillageux).Goug. Mots t. 1 1962, p. 85. − Quem. Fichier.