| COQUECIGRUE, subst. fém. Vieilli A.− Oiseau imaginaire, fabuleux. [Une imagination évocatrice] de monstres ou de coquecigrues (Coppée, Franc-parler II,1896, p. 196). − Loc. proverbiales. À la venue des coquecigrues. Jamais. Synon. à la Saint Glin-glin.Regarder voler des coquecigrues (cf. B 1).Parler, raisonner comme une coquecigrue (cf. B 2 p. méton.). Rem. On trouve parfois l'intensif coquecigrue de mer. B.− Au fig. : 1. Fantasme, illusion. S'arracher aux coquecigrues d'un demi-sommeil (Lorrain, Heures Corse,1905, p. 12). ♦ Regarder voler des coquecigrues. Se faire des illusions, s'occuper de choses chimériques. 2. Spéc. Conte en l'air, baliverne, sornette, sottise. Conter, débiter des coquecigrues; se payer de coquecigrues. Les coquecigrues d'un prêtre naïf (Mauriac, Pascal et sa sœur,1931, p. 64).Un inventeur de coquecigrues entouré de gobe-mouches (Arnoux, Rêverie policier,1945, p. 167). − P. méton. Personne qui raconte des sottises, imbécile, ridicule. Parler, raisonner comme une coquecigrue. [Roi des contes de fées] ayant des fous et des coquecigrues pour ministres (J. Richepin, Paradis,1894, p. 207). Rem. Except., le mot est attesté comme masc. Que lui fallait-il (...) à ce coquecigrue? (L. Daudet, Médée, 1935, p. 210). − Rare. [En constr. appos. avec valeur d'adj.] Idiot, bizarre, extravagant. Une histoire coquecigrue. [Faire] une réponse très coquecigrue (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 3, 1851-62, p. 6). Prononc. et Orth. : [kɔksigʀy]. Ds Ac. 1694-1762, s.v. coquesigrue; ds Ac. 1798-1932, s.v. coquecigrue avec c. Étymol. et Hist. 1532 coques cigrues (Rabelais, Pantagruel, é 1. V. L. Saulnier, chap. IX bis, 1. 259); 1534 a la venue des coquecigrues c'est-à-dire « jamais » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, chap. XLVII). Terme d'orig. obsc. (FEW t. 23, p. 150 b), à rapprocher des formes coquesagüe (E. Deschamps,
Œuvres, éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 32) et coque-grues (Farce d'un pardonneur, éd. Viollet le Duc, Ancien Théâtre fr., t. 2, p. 59), et prob. formé sur coq1*. L'hyp. d'une composition à partir de ce dernier mot et de grue*, et peut-être encore de ci-de cigogne* (Sain. Sources t. 1, p. 254; Riegler ds Arch. St. n. Spr., t. 145, p. 263 et ds Die neueren Sprachen, t. 33, p. 225), regroupe des formes qui peuvent être dues à des étymol. pop. ayant donné lieu à des transformations du mot. L'hyp. d'une adaptation du lat. médiév. coccygna représentant le terme de bot. du lat. class. coccygia désignant le fustet ou arbre à perruque (EWFS2) n'est étayée par aucun fait précis. Fréq. abs. littér. : 14. Bbg. Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 80-81; p. 254; t. 3 1972 [1930], p. 534. |