| COOPÉRATION, subst. fém. A.− Action de participer (avec une ou plusieurs personnes) à une œuvre ou à une action commune. Coopération avec nos alliés; coopération entre nos alliés et nous. Nous étions excédés de la manière dont nos alliés pratiquaient la coopération (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 174): 1. ... ce n'était pas de cette manière que j'envisageais la défense de la ville; c'était par une coopération active de la défense mobile aux opérations générales, en direction de Meaux, comme je l'avais prescrit, c'est-à-dire par une action d'ensemble contre l'aile extérieure de l'ennemi.
Joffre, Mémoires,t. 1, 1931, p. 368. − Expr. En coopération, en pleine coopération avec. Chacun participant (à l'œuvre commune). Avec la coopération de. ♦ Loc. adj. De coopération. L'aviation anglaise de coopération (De Gaulle, Mém. guerre,1954p. 48). − Spéc., THÉOL. Coopération à la grâce. Effort personnel qui s'ajoute à l'action de la grâce. Coopération de la grâce. Action de la grâce qui se joint à l'effort personnel : 2. ... il y a encore [dans la conception et le sentiment du christianisme de Pascal] l'idée réelle et vécue de la coopération personnelle et de l'amissibilité, possible malgré tout, de la vocation et de la grâce...
Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 4, 1920, p. 411. B.− SOCIOL. Aide, entente entre les membres d'un groupe en vue d'un but commun : 3. ... chacun des citoyens, chacun des producteurs sera investi d'un droit sur l'ensemble de la propriété sociale. Mais en quelque point du domaine coopératif qu'il exerce pratiquement ce droit, il ne l'exercera que sous la loi même de la coopération et de la démocratie...
Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 271. − Spéc., ÉCON. POL. Méthode d'action par laquelle des personnes, ayant des intérêts communs, s'associent en vue d'un profit réparti au prorata de leur activité : 4. ... on a soutenu que le prolétariat devait se préparer à son rôle futur par d'autres voies que par celles du syndicalisme révolutionnaire. C'est ainsi que les docteurs de la coopération soutiennent qu'il faut accorder à leur recette une place notable dans l'œuvre d'affranchissement...
Sorel, Réflexions sur la violence,1908, p. 196. C.− Domaine de la pol. 1. Coopération intellectuelle (entre divers pays) : 5. ... nous voulons une politique de l'intelligence. Que nos efforts soient coordonnés avec les efforts des autres pays, ce sera bien, et cette coopération intellectuelle est entrevue, poursuivie par la Société des Nations qui veut « faire appel à tous ceux qui savent et qui pensent sur tous les points du monde civilisé...
Barrès, Mes cahiers,t. 14, 1922-23, p. 147. − P. méton. La Coopération Intellectuelle (Du Bos, Journal, 1925, p. 324) ou Institut [international] de Coopération Intellectuelle (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 96). Organisme issu de la Société des Nations, créé à Paris en 1925 qui devait contribuer à l'organisation du travail intellectuel dans le monde. 2. Coopération (internationale) : 6. L'épreuve subie en commun avec tout ce qu'elle comporte de leçons et d'expériences ne doit pas se terminer sans l'établissement d'un système général de coopération et de sécurité, tout au moins au point de vue stratégique et au point de vue économique.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 387. − Spéc. Aide apportée par un pays à un autre, pour contribuer à son développement économique et culturel, notamment en mettant à sa disposition des ingénieurs, des médecins, des techniciens. Accords, service de coopération : 7. Un courant d'information technique, passant par des points-relais, relie avant même l'investissement, le pays aîné aux pays africains; il était alimenté financièrement par le Fonds commun de la Recherche scientifique et technique, il l'est maintenant par le Fonds d'Aide et de Coopération (FAC).
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 271. Prononc. et Orth. : [kɔ
ɔpeʀasjɔ
̃]. Ds Ac. depuis 1694. Pour coo-, cf. coobligé. Étymol. et Hist. A. 1. Av. 1435 théol. cooperation [à la grâce] (Alain Chartier,
Œuvres, 371, édit. 1617 ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, p. 494); 2. 1488 (La Mer des Histoires, II, 58d, édit. 1491 cité par Vaganay ds Rom. Forsch., t. 32, p. 38 : Dieu au commencement avoit fait l'omme, c'est assavoir Adam sans cooperation de homme et de femme). B. 1828 écon. pol. (Rey, cooperation mutuelle et communauté de tous les biens d'après M. Owen, Paris, Sautelet d'apr. Lar. Lang. fr.). A empr. au lat. chrét. cooperatio « part prise à une œuvre faite en commun » (notamment en parlant de Dieu). B empr. à l'angl. cooperation, terme employé par le réformateur et économiste R. Owen (1771-1858) pour désigner sa méthode de gestion des entreprises fondée sur la répartition du profit d'apr. la participation de chacun (1817, Owen ds NED). Fréq. abs. littér. : 362. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 184, b) 190; xxes. : a) 459, b) 1 004. |