| CONVULSER, verbe trans. A.− Emploi trans. 1. [Le compl. désigne une pers., (parfois un animal), une partie du corps] Agiter par un mouvement violent, involontaire, parfois spasmodique; déformer par de tels mouvements (cf. convulsion). Synon. (plus faible) contracter, crisper. a) [Le suj. désigne une cause physiol. ou psychol.] Convulser l'estomac, les muscles; convulser le corps, un membre à/de qqn; la peur lui convulsait les traits; un tic nerveux convulsait son visage. Ses lèvres qu'un frisson convulsait (Zola, Assommoir,1877, p. 757).Un rire aigu qui convulse leurs genoux et leurs mains (Proust, Sodome,1922, p. 620): 1. Tant pis si un vice, une passion, une laideur caractérielle, une difformité idiosyncratique convulsent, empâtent ou ravinent les traits d'une physionomie. Hogarth ne vous fera grâce ni d'une ride, ni d'un pli...
Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 317. b) Rare. [Le suj. désigne la pers., le compl. une partie de son corps] Les jocrisses convulsaient les traits de leurs visages (Baudel., Poém. prose,1867, p. 72). 2. P. anal. ou p. métaph. a) Donner à une chose, une image l'apparence d'un corps agité ou contracté par des convulsions. Synon. convulsionner (v. ce mot B).Les feuillages qu'une brise inattendue convulse pendant quelques instants (Proust, Prisonn.,1922, p. 71). b) Provoquer une agitation psychologique violente (chez une personne, dans un pays ou un groupe, etc). [Les termes qui] à la fin d'octobre 1892, les convulsèrent [les parlementaires] (Barrès, Leurs fig.,1901, p. 24).Tandis que les agitations sociales convulsaient l'Europe de 1848 (Morand, Londres,1933, p. 45): 2. Mais je retrouvais, intacte, la révolte qui autrefois me convulsait.
Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 128. B.− Emploi pronom. 1. [Le suj. désigne une pers. (parfois un animal), une partie du corps] Être agité ou contracté par des convulsions. Pour que Philippe tue le chat, qui se convulse dans les épines (Renard, Journal,1905, p. 995).Sa face, ses traits, son visage se convulsaient. Je pleurai et je me convulsai (Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958p. 267): 3. Si parfois je la bousculais par un geste un peu trop amoureux, elle se convulsait comme une sensitive violée...
Baudelaire, Petits poèmes en prose,Portraits de maîtresse, 1867, p. 191. Rem. On rencontre le verbe intrans., avec la même valeur que le verbe pronom. Elle mordait à même ses menottes, elle convulsait, hantée, par terre (Céline, Mort à créd., 1936, p. 644; cf. également Céline, Mort à créd., 1936, p. 390). − [Avec un compl. prép. exprimant la cause] Se convulser de fureur, de rage. Le visage [de le Couais] se convulsa de dégoût (Chardonne, Épithal.,1921, p. 219).Se convulser de rire, absol. se convulser (cf. Céline, Mort à créd.,1936, p. 279 et 329).Synon. se tordre. 2. P. anal. ou p. métaph. a) [Le suj. désigne une chose] Avoir, prendre l'aspect d'un corps agité ou contracté par des convulsions : 4. ... des chênes rugueux, énormes, qui se convulsaient, s'étiraient du sol, s'étreignaient les uns les autres, ...
Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 2, 1869, p. 158. b) [Le suj. désigne une pers. ou un groupe] Être en proie à une agitation psychologique violente. Se convulser de colère, de plaisir. De cette résurrection, la Chambre se convulse (Barrès, Leurs fig.,1910, p. 270). Prononc. : [kɔ
̃vylse], (je) convulse [kɔ
̃vyls]. Étymol. et Hist. 1. 1578 part. passé adj. « contracté par les convulsions » (Joubert, Grande Chirurgie, p. 230 ds Gdf. Compl.); 2. 1801 « s'agiter convulsivement » (S. Mercier, Néol., t. 1, p. 129 : Du temps du diacre Pâris, l'on vit des hypocrites, soudoyés ou non soudoyés, se convulser sur son tombeau, et imiter les soubresauts des plus fameux saltimbanques). Dér. de convulsus « arracher d'un bloc, ébranler », part. passé de convellere « qui a des convulsions »; suff. -é, dés. -er. Fréq. abs. littér. : 45. Bbg. Darm. 1877, p. 216. |