| CONTRETEMPS, subst. masc. A.− Domaines artistiques 1. CHORÉGR. Pas sauté exécuté sur une jambe, l'autre restant levée. On lève une jambe en l'air et on s'enlève en sautant sur l'autre jambe, ce qui est exactement le contretemps défini par Compan (Brillant, Probl. danse,1953, p. 96).Contretemps sissonne; contretemps soubresaut; contretemps jeté (Bourgat, Techn. danse,1959, p. 95). 2. MUS. Procédé rythmique qui rompt une accentuation régulière lorsqu'un son, commencé sur un temps faible, est interrompu sur le temps fort qui suit. L'émotion de ces accents, dont les battements des violons à contre-temps et les clarinettes soupirantes trahissent le désordre intérieur (Rolland, Beethoven,t. 2, 1928, p. 395). B.− P. ext. Événement soudain, inattendu, qui vient compromettre la réalisation d'un dessein, d'un projet. Contretemps fâcheux, imprévu, inopiné. Je repris de plus belle : Quel contretemps! en jouant la surprise et la déconvenue (Gide, Isabelle,1911, p. 626): 1. Sur la carte : Vicomtesse Alix de Stermaria, mon invitée avait écrit : « Je suis désolée, un contretemps m'empêche de dîner ce soir avec vous à l'île du bois. Je m'en faisais une fête. Je vous écrirai plus longuement de Stermaria. Regrets. Amitiés. »
Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 391. ♦ Tomber dans un contretemps, dans des contretemps. ,,Se trouver inopinément dans des circonstances fâcheuses qui dérangent les mesures qu'on avait prises`` (Ac. 1835); attesté ds Ac. 1798-1878. Rem. Qq. dict. attestent le sens de « moment inopportun » (Besch. 1845, Littré, Lar. Lang. fr.) ou celui d'« action faite mal à propos » (Ac. 1798-1878, Besch. 1845, Littré, Guérin, Rob., Lar. Lang. fr.). C.− À contretemps, loc. adv. 1. [P. réf. à A 1 et 2] (Jouer, chanter, danser) à contretemps. En décalage par rapport au temps, à la mesure. Cela produit toujours (...) le même effet que si le corniste avait mal compté les mesures et était tombé à contre-temps (Prod'homme, Symph. Beethoven, 1921, p. 95). − (...) je danserai en mesure. Aujourd'hui, je n'ai fait que danser à contretemps... − Quand je danse à contretemps, c'est la musique qui a tort, interrompit Elvire (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 203). 2. Au fig. À un moment inopportun, mal à propos. Il est affectueux à contre-temps! (Montherl., Fils personne,1943, I, 4, p. 288): 2. Personne n'aurait pu rétablir l'exacte vérité, car Mistress Key, avec sa façon de réaliser les choses à l'envers et d'intervenir à contretemps dans leur cours, s'était chargée d'achever le désordre.
Peyré, Matterhorn,1939, p. 129. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃tʀ
ətɑ
̃]. Ds Ac. 1694-1835 s.v. contre-temps; ds Ac. 1878 et 1932 en un seul mot. Cf. contre-. Étymol. et Hist. 1. 1559 équit. (L'écuirie du Sr F. Grison, éd. 1598, 29 ds Barb. Misc. 3, no10); 2. a) 1611 plus gén. « mauvais moment, faux temps » (Cotgr.); 1627 à contretemps « au mauvais moment » (Peiresc, Lettres, éd. Tamizey de Larroque, I, 203 ds Barb. Misc., loc. cit.); b) 1704 mus. « note ou mouvement exécuté sur un temps qui n'est pas le bon, faux temps » (Regnard, Folies amoureuses, II, 7 ds Livet Molière); 3. 1654 « incident inopiné qui retarde ou contre-carre un projet » (Quinault, L'Amant indiscret, V, 5, ibid.); 4. a) 1680 danse (Rich.); b) 1655 escr. (Molière, L'Étourdi, III, 4, cf. Lexique, éd. A. Régnier ds
Œuvres, t. 12); c) 1805 mus. « effet obtenu en appuyant sur le temps faible d'une mesure » (Lunier, Dict. sc. et arts, t. 1, p. 391). Prob. calque, à partir de contre-* et de temps*, de l'ital. contrattempo (Barb. Misc., loc. cit) attesté dep. 1553 (comme terme d'escrime, Agrippa ds Tomm.-Bell.; terme d'équit. dep. F. Grisone, ibid., original de la trad. citée supra 1; adv. di contrattempo « à contretemps » dep. début xviies., Buonarrotti le jeune ds Batt.). Fréq. abs. littér. : 206. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 289, b) 325; xxes. : a) 275, b) 289. |