| CONTRE-NATURE, loc. adj. et subst. fém. I.− Loc. adj. inv. Qui est contre la nature, qui n'est pas naturel. Des sentiments contre nature : 1. En France, disait M., il faut purger l'humeur mélancolique et l'esprit patriotique. Ce sont deux maladies contre nature dans le pays qui se trouve entre le Rhin et les Pyrénées, ...
Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 107. 2. Michelet, hier. Causé avec lui, à propos de nos maîtresses, du siècle de Louis XV et de la Régence : « la Régence, mais c'est un temps moral auprès de la moralité de la cour de Louis XIV et de ses débauches contre-nature! » La Régence retournant à la nature, « comme les chiens dans la rue... »
E. et J. de Goncourt, Journal,1861, p. 904. Rem. Subst. masc. (conformément à la règle de substantivation des adj.). Ce qui est contre nature. Et voyant ces êtres de plein air, qu'on appelle des paysans, je pensais au contre-nature de notre vie à nous, citadins (E. et J. de Goncourt, Journal, 1890, p. 1218). La vertu, c'est de l'artificiel, du contre nature, une fantaisie de la civilisation (Péladan, Vice supr., 1884, p. 176). II.− Subst. fém. État qui est le contraire de l'état de nature. ,,On appelle contre-nature ce qui est contre la coutume. (Montaigne). La contre-nature est la nature même, comme le contre-torpilleur est bel et bien un torpilleur`` (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1197). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃tʀ
ənaty:ʀ]. L'adj. s'écrit en 2 mots, avec ou sans trait d'union (cf. ex. 1 et 2). Le subst. peut s'écrire comme l'adj., mais on rencontre également la graph. en un seul mot (cf. ex. 3). Cf. contre-. Étymol. et Hist. [1535 « contraire à l'ordre naturel » (P. R. Olivetan, Trad. Bible, Rom. 1 d d'apr. FEW t. 7, p. 46 a)]; 1580-95 (Montaigne, Essais, I, 57, éd. A. Thibaudet, p. 364, et II, 30, p. 799). Composé de contre-* et de nature*. Fréq. abs. littér. : 18. |