| CONTINENTAL, ALE, AUX, adj. A.− Usuel 1. [En parlant d'étendues terrestres] Qui a trait à un continent, qui se passe sur le continent. Espaces continentaux, plaines continentales. Nabuchodonosor ne put prendre la ville insulaire [Tyr], il dut se contenter de ravager la ville continentale [Palmyre] (Renan, Hist. du peuple d'Israël,t. 3, 1891, p. 353). 2. [En parlant de pers. ou de leurs activités] a) Relatif à un continent donné, notamment à l'Europe. L'unité continentale; mœurs continentales; championnats continentaux et championnats du monde. b) Qui vit sur le continent européen (par opposition à un habitant de Grande-Bretagne, à un insulaire). Les Anglais continentaux (Taine, Notes sur l'Angleterre,1872, p. 62).Habituel à ce continent. Un petit déjeuner continental. Dont la composition diffère du breakfast anglais. − Emploi subst. Habitant de l'Europe continentale. [Lord Annandale] habitant la France, devenu un continental (E. de Goncourt, La Faustin,1882, p. 229).Va-t-en, continental pervers et hypocrite! Ton haleine souille la pureté d'Albion (V. Larbaud, Jaune, bleu, blanc,1927, p. 146).Les continentaux [français] ne fréquentent guère ce troquet tenu par des Corsicos (A. Le Breton, Du Rififi chez les hommes,1953, p. 211). − Péj. Limité à un continent. Des problèmes d'ordre terrestre, continentaux en quelque sorte et sans la moindre importance (Cocteau, Lettre aux Américains,1949, p. 87). B.− Emplois spéc. 1. GÉOGR., GÉOMORPHOLOGIE. D'un continent. a) [P. oppos. à littoral] Aire continentale; érosion continentale; facies continental; dépôts d'origine continentale. Plate-forme continentale (ou plateau continental); talus (ou escarpement, ou falaise) continental(e); marge (ou bande) continentale. Un sédiment continental ou littoral, par lequel s'opère la transition à l'époque carboniférienne (A. de Lapparent, Abr. de géol.,1886, p. 177). b) [P. oppos. à maritime] Le bloc continental. L'ensemble des continents. Hémisphère continental. L'hémisphère Nord, qui présente la plus grande superficie du bloc continental. Circulation continentale et maritime; la faune marine et continentale; végétation, hydrographie continentale. Les glaces continentales (...) peuvent augmenter (...) l'attraction locale de ces glaces sur les océans voisins (A. de Lapparent, Abr. de géol.,1886p. 100). 2. CLIMATOL. Climat continental. Climat caractérisé par une grande amplitude thermique et des saisons marquées. La zone climatique continentale; des masses d'air continental; les rudesses du climat continental. Anton. maritime, océanique. − P. ext. Un hiver continental. Synon. rude; anton. tempéré. 3. POL. (et domaines connexes) a) Qui concerne un continent (par opposition à insulaire, maritime). Positions insulaire et continentale; un État continental (sans débouché maritime). − Spéc. De l'Europe (par opposition à l'Angleterre). Les trois grandes puissances continentales. − HIST. Le Blocus continental. Décision de Napoléon Ier(1806) fermant les ports européens aux Anglais et suivie, l'année suivante, du Système continental : 1. Je vous engage, Monsieur le Comte, à vivre en bonne intelligence avec le Ministre anglais, sans toutefois faire naître la pensée que nous voulions jamais nous séparer du système continental.
Chateaubriand, Correspondance gén.,t. 4, 1789-1824, p. 4. b) Qui concerne le continent (européen), les puissances du continent (par opposition à colonial). Politique continentale et coloniale : 2. L'intérêt de toute une poésie depuis 1885, c'est d'avoir ajouté à la poésie continentale française ce qu'à la même époque les conquérants coloniaux ont ajouté au domaine français.
Thibaudet, Hist. de la litt. fr. de 1789 à nos jours,1936, p. 551. Rem. Certains dict. (Lar. encyclop., Rob. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr.) enregistrent le subst. fém. continentalité. Caractère de ce qui est continental. Spéc., climatol. Ensemble des caractères propres au climat continental, dans les zones qui échappent le plus aux influences maritimes. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃tinɑ
̃tal], plur. [-o]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. 1773 « propre au continent européen, p. oppos. à l'Angleterre » (Comte de Broglie, Conjectures raisonnées ds Brunot t. 6, 1, p. 125, n. 5); 2. 1781 « relatif à un continent » (Linguet, Annales politiques, civiles et littéraires ds Gohin, p. 275). Prob. empr. de l'angl. continental, attesté au sens 1 dep. 1760 ds NED. Fréq. abs. littér. : 230. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 423, b) 79; xxes. : a) 162, b) 476. DÉR. Continentaliser, verbe trans.Rendre conforme aux habitudes du continent, notamment du continent européen (pour les îles britanniques). Se continentaliser. Adopter le système, les mœurs du continent européen. Londres s'est un peu continentalisée (V. Larbaud, Jaune, bleu, blanc,1927, p. 271).− 1reattest. av. 1837 pronom. (Fourier ds Lar. 19e); de continental, étymol. 1, suff. -iser*. BBG. − Gohin. 1903, p. 275. |