| CONTENANT, ANTE, part. prés., adj. et subst. masc. I.− Part. prés. de contenir*. II.− Emploi adj. Qui renferme dans sa capacité ou son volume. Aucun corps ne peut posséder la vie s'il n'est formé de deux sortes de parties essentiellement coexistantes, les unes solides, mais souples et contenantes, et les autres liquides et contenues (Lamarck, Philos. zool.,t. 1, 1809, p. 379). SYNT. Conscience contenante; ... la théorie de la conscience close, repliée sur elle-même, dont une des conséquences patentes serait l'élimination des actes mentaux collectifs : expériences, intuitions et surtout jugements collectifs. Mais les conceptions de la conscience contenante ne sont nullement obligatoires ni pour la sociologie, ni pour l'épistémologie (Traité de sociol., 1968, p. 133). III.− Subst. masc. A.− Ce qui renferme dans sa masse plusieurs substances. La pierre elle-même se montre parfois agitée. C'est dans ses derniers états, alors que galets, graviers, sable, poussière, elle n'est plus capable de jouer son rôle de contenant ou de support des choses animées (Ponge, Le Parti pris des choses,1942, p. 80). B.− Ce qui renferme quelque chose dans son volume ou sa capacité. Un soldat (...) portant sur le dos un sac dont le contenant et le contenu coûtent quarante francs à sa patrie (Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 69).On entend parler du corps et de l'âme, comme si le corps était le contenant et l'âme le contenu, comme si les deux pouvaient à plaisir se séparer, se distinguer (Green, Journal,1948, p. 186): 1. Je m'amusais à regarder les carafes que les gamins mettaient dans la Vivonne pour prendre les petits poissons, et qui, remplies par la rivière où elles sont à leur tour encloses, à la fois « contenant » aux flancs transparents comme une eau durcie et « contenu » plongé dans un plus grand contenant de cristal liquide et courant, évoquaient l'image de la fraîcheur d'une façon plus délicieuse et plus irritante qu'elles n'eussent fait sur une table servie, ...
Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 168. 2. L'économie évidemment apparaît comme un fait de localisation si l'on choisit de l'interpréter par référence à l'espace banal. Il est alors aisé de dire ce qui est « dedans » et ce qui est « dehors », ce qui est « domestique » et ce qui est « extérieur ». Le « contenant » est un espace banal cerné par une frontière, le « contenu » est formé d'hommes et de biens situés à l'intérieur des frontières.
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 137. − P. ext. Enveloppe apparente, extérieure, visible d'une chose. (Quasi-)anton. contenu.Nous ne voyons en quelque sorte que les contenants des choses, non les choses elles-mêmes (E. Boutroux, De la Contingence des lois de la nature,1874, p. 24).L'artiste (...) pense et sent directement avec les formes, comme d'autres avec les mots. Contenu et contenant ne font qu'un et vivent l'un par l'autre (Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 428).Le milieu, c'est l'environnement, l'entourage local, le contenant opposé au contenu, l'« extérieur » vis-à-vis de l'« intérieur » (Mounier, Traité du caractère,1946, p. 73): 3. ... Bousquet exprime ainsi l'espace intime de l'arbre : « L'espace n'est nulle part. L'espace est en lui comme le miel dans la ruche. » Dans le règne des images, le miel dans la ruche n'obéit pas à l'élémentaire dialectique du contenu et du contenant. Le miel métaphorique ne se laisse pas enfermer. Ici, dans l'espace intime de l'arbre, le miel est tout autre chose qu'une moelle. C'est le « miel de l'arbre » qui va parfumer la fleur. Il est le soleil intérieur de l'arbre. Qui rêve de miel sait bien que le miel est une puissance qui tour à tour concentre et irradie. Si l'espace intérieur de l'arbre est un miel, il donne à l'arbre « l'expansion des choses infinies ».
Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 183. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃tnɑ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Fréq. abs. littér. : 699. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 031, b) 1 500; xxes. : a) 1 003, b) 684. |