| CONTEMPLATION, subst. fém. Regard ou considération assidue qui met en œuvre les sens (visuel, auditif) ou l'intelligence et concerne un objet souvent digne d'admiration. Être absorbé dans/par la contemplation d'un être, d'une chose. A.− [Portant sur une pers., un objet matériel, un phénomène physique] Bouddhas laqués en contemplation devant une vierge préraphaélite (De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 56): 1. ... la contemplation des accidents du badigeon de la muraille, quelle occasion de rêverie!
Valéry, Variété IV,1938, p. 195. B.− [Portant sur des sujets intellectuels ou religieux] 1. [Sujets intellectuels] Contemplation abstraite, esthétique, poétique : 2. Il relut Byron et rêva à la solitude des grandes âmes de ses héros; mais son admiration se ressentait trop de cette sympathie personnelle, qui n'a rien de commun avec la contemplation désintéressée du véritable artiste...
Flaubert, La 1reÉducation sentimentale,1845, p. 140. 3. La nature qui cesse d'être objet de contemplation et d'admiration ne peut plus être ensuite que la matière d'une action qui vise à la transformer.
Camus, L'Homme révolté,1951, p. 370. − P. méton. Les Contemplations, titre d'une œuvre de V. Hugo. − Contemplation de soi-même. Quelle bonne tête de brute [Chambouvard], transfigurée dans la contemplation de son nombril! (Zola, L'Œuvre,1886, p. 143): 4. De toutes manières, l'acte de réflexion, au lieu de se constituer en méditation athlétique où il ramasse ses forces pour les engager plus rudement, se dégrade alors en contemplation narcissique de ses propres formes.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 669. − PHILOS. (sens platonicien). Contemplation théorétique des Idées : 5. Bonaparte, qui ne perdait son temps ni dans la contemplation des idées abstraites, ni dans le découragement de l'humeur, aperçut très vite en quoi le système de Sieyès pouvait lui être utile...
Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 2, 1817, p. 20. 2. [Sujets religieux] Considération portant sur Dieu ou les choses divines, qui requiert l'amour et achève la méditation discursive, état de l'âme absorbée en Dieu : 6. ... il n'y a que les vertus théologales et les dons surnaturels, et la contemplation infuse, qui soient au-dessus de la raison.
Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 152. − THÉOL. Oraison de contemplation. ,,Oraison caractérisée par la prédominance du simple regard, de la vue simple et affectueuse`` (Foi t. 1 1968). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃tɑ
̃plasjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. : Ca 1174 « action de contempler » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 3910); ca 1223 sainte contemplacïon [de Dieu] (G. de Coincy, éd. F. Koenig, 2 Chast., 10, 665); 1275-80 « profonde application de l'esprit » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 18328). Empr. au lat. class. contemplatio « action de considérer attentivement, par les yeux et par la pensée », spéc. Dieu, les choses divines en lat. chrétien. Fréq. abs. littér. : 1 507. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 794, b) 2 619; xxes. : a) 1 597, b) 2 514. Bbg. Tracc. 1907, p. 129. |