| CONSTATER, verbe trans. A.− DR. Attester par un acte officiel. 1. [Le suj. désigne une pers.] Constater par procès-verbal. Elle ne fait même pas constater ses blessures par un certificat de médecin (Renard, Journal,1905, p. 1023): 1. L'un des partants, un phtisique d'une extrême faiblesse, (...) succomba à son mal. En l'absence du major allemand, c'est un des médecins français qu'on alerta pour constater le décès.
Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 241. − P. iron. : 2. ... l'administration française écrit tout, verbalise sur tout, consomme des rames de papier pour constater l'entrée et la sortie de quelques centimes...
Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 308. 2. [Le suj. désigne une chose] Servir de preuve à. Il y a mariage civil en France, et pour se marier civilement, il faut des pièces qui constatent l'identité (A. Dumas père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 808). − P. ext. Nos monumens constatent une durée de plusieurs milliers de siècles (Volney, Les Ruines,1791, p. 188). B.− P. ext., usuel 1. [Aspect imperf.] Établir après examen l'existence ou l'authenticité d'un fait. a) [Le suj. désigne une pers.] Nous avons (...) pu employer avec sûreté les résultats de ces opérations, (...) pour constater la régularité de l'horloge marine (Voyage de La Pérouse,t. 2, 1797, p. 287): 3. ... il vous a invités, comme c'était son droit, à constater le flagrant délit, à le constater « de visu », autrement dit : de vos propres yeux, par vous-mêmes!
Courteline, Le Gendarme est sans pitié,1899, 1, p. 151. b) [Le suj. désigne une notion abstr.] L'histoire constatera des revirements (...) lorsqu'elle s'occupera, avec « le recul nécessaire », des hommes d'État italiens d'à présent (Larbaud, Journal,1932, p. 271). − Spéc., SC. S'assurer, au moyen d'observations scientifiques, de la réalité d'un fait. « Je ne dis pas que la science explique tout, mais elle constate; et, moi, ça me suffit » (R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier. 1922, p. 796): 4. ... un véritable empirique dans le sens scientifique ne doit pas raisonner; il doit se borner avant tout à bien constater l'existence des faits...
Bernard, Principes de méd. exp.,1875, p. 57. 2. [Aspect perf.] Prendre connaissance de quelque chose, se rendre compte de l'existence d'un fait. Les bourgeois de Plassans restèrent stupéfaits en constatant qu'on installait un café sous l'église (Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 1032): 5. À l'hôtel où je suis descendu, où j'entends parler quantité d'étrangers, je constate à nouveau que la langue française est de débit plus égal qu'aucune autre.
Gide, Journal,1934, p. 1202. Rem. Le part. passé constaté se rencontre parfois employé comme adj., au sens de « dont la réalité a été observée et établie ». J'ai dû être le jouet de mon imagination énervée, à moins que (...) j'aie subi une de ces influences constatées, mais inexplicables jusqu'ici, qu'on appelle suggestions (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 2, Le Horla, 1886, p. 1105). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃state], (je) constate [kɔ
̃stat]. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1726 constater un fait (Mém. de Trév. ds Trév. 1752). Formé sur le lat. constat (v. constat); dés. -er. Fréq. abs. littér. : 2 776 (constatant : 151). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 410, b) 2 945; xxes. : a) 5 237, b) 5 875. DÉR. 1. Constatable, adj.Qui peut être constaté. Cet amour, c'était quelque chose qui ne correspondait à rien d'extérieur, de constatable par d'autres que lui (Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 236).− [kɔ
̃statabl̥]. − 1reattest. 1845 (J.-B. Richard de Radonvilliers, Dict. mots nouveaux, Suppl. ds Quem.); de constater, suff. -able*. − Fréq. abs. littér. : 9. 2. Constateur, subst. masc.Celui qui est chargé de constater. Elle court le guilledou avec le délégué cantonal, constateur de fissures (Colette, Claudine à l'école,1900, p. 110).− 1reattest. 1900 id.; du rad. de constater, suff. -eur2*. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. Gohin 1903, p. 321. |